L’indice béninois du bonheur (IBB)

Pour une fois, sortons des sentiers battus. Il y a, pour les Béninois, une manière bien béninoise d’être heureux au Bénin. Et il y a gros à parier que cela n’a rien à voir avec les moyens standards dont on se sert, jusqu’ici, pour apprécier le niveau de développement des pays du monde, pour les catégoriser et les classer en pays riches et en pays pauvres.

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Le produit intérieur brut (PIB), le taux de croissance annuelle, le revenu/jour en dollar par habitant, plus récemment l’Indice du développement humain (IDH), sont au nombre de ces moyens standards.

Le Bénin, pensons-nous, peut valablement défendre l’idée d’une exception béninoise. Il peut se donner, par conséquent, d’autres instruments d’appréciation, d’autres normes d’évaluation. C’est réducteur de soumettre plus de 200 pays dans le monde à une évaluation unidirectionnelle, à partir d’un instrument unique d’observation et d’estimation.  Chaque pays est une histoire singulière et particulière à lire et à comprendre de manière singulière et particulière. La conception, la formulation et la mise en place d’un outil d’appréciation forgé par nous-mêmes et pour nous-mêmes est une toute première réponse à cette préoccupation. Un tel outil nous aidera à établir une échelle plus précise des besoins pour mieux combler les attentes. Nous proposons, à cet égard l’Indice béninois du bonheur (IBB)

En attendant que les spécialistes proposent une formulation précise d’un tel indice et lui assurent une assise scientifique, notons ces quelques points qui traduisent assez bien l’idée que les Béninois se font du bonheur.

  • La paix en tout, partout et pour tout. Le Béninois est un pacifiste indécrottable. Il a un ordre à lui qu’il aimerait   protéger contre tout séisme. Il a un rythme à lui qui ne s’accommode pas de trop de soubresauts. Le Béninois, au nom de la paix, est prêt à souscrire à des compromis aussi surprenants qu’étonnants. Plutôt Alafia que Wahala.
  • Le pain quotidien. Le ventre tient une place de choix dans la vie du Béninois. Vivre d’abord, philosopher après. C’est en répondant favorablement, ne serait-ce que frugalement, aux exigences du ventre que le Béninois se dispose à faire face aux multiples équations de la vie. Le pain quotidien s’impose ainsi comme un préalable. C’est la condition nécessaire et suffisante de son bonheur.
  • La liberté d’expression, de culte, d’aller et de venir. Parce qu’il est croyant, le Béninois ne tolère pas des interférences tapageuses dans la sphère de ses croyances. Parce qu’il se nourrit de rumeurs qui vont à la vitesse des « Zémidjan », il lui en coûte d’être bâillonné, d’être réduit au silence. Et si, en plus, on doit le restreindre dans ses mouvements, le Béninois se sent « néantisé », c’est-à-dire réduit à rien.   
  • Les loisirs ritualisés des week-ends. Les fins de semaines du Béninois sont des temps forts de sa vie. Il y concentre la plupart d’événements marquants, tels baptêmes, communion, mariages, obsèques, cérémonies diverses. Tous ces événements reconstituent les communautés, en rassemblant les membres épars de la famille élargie. Tous ces événements redynamisent les collectivités à la base, en rapprochant les familles alliées et amies. Tous ces événements donnent lieu à de grandes et somptueuses fêtes. C’est le fameux « ago » toujours bien arrosé et relevé d’uniformes divers. Ajoutons, au compte des loisirs de week-ends, dans la partie méridionale de notre pays notamment, l’engouement, de fraîche date, des jeunes pour la plage, les sorties et promenades en bord de mer.
  • Les faits et gestes symboliques d’une jeunesse en mal d’identité.  Les jeunes, qui forment la frange la plus importante de notre société, en leur versant urbain,   s’identifient à quelques lieux symboliques : le cybercafé, la boîte de nuit, le bar climatisé, la buvette, le stade…Ils y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux.

Voilà quelques uns des facteurs qui, en s’agglomérant, aideront à mieux préciser, à mieux formuler ce qui doit tenir lieu de bonheur pour le Béninois. Qu’un seul ingrédient vienne à manquer et la mayonnaise risque de ne pas prendre. Bonjour les dégâts !

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