La saga des rois intellectuels du Bénin

Le vent a soufflé et sous son agitation  on s’aperçoit  déjà des ravages culturels de l’avènement des intellectuels, la plupart retraités, à  cette charge.  Devenu la mode dans presque tous les palais royaux du Bénin, le bal des intellectuels  à la couronne royale, montre ses limites.

Ceux qui ont, à grands cris, applaudi l’accession d’intellectuels à la royauté, peuvent déjà rabattre leur caquet. Les rois de la nouvelle génération, pris dans l’étau de la modernisation et de ses mirages, semblent sacrifier les honneurs et la dignité de la couronne.

Publicité

Dans la course à la visibilité, les têtes couronnées ont perdu leur langue. Rivalisant d’ardeur dans la rhétorique, ils s’illustrent dans la défense et l’illustration du Français. En eux, c’est sûr, Joachim Du Bellay a trouvé des disciples pour continuer son combat pour le Français en mal, même sur son propre territoire. Pendant que nos têtes couronnées font montre de leur érudition pour, peut-être qu’ils ne le savent pas, affirmer la vénusté et la dignité de la langue du colon, les leurs se meurent. On est tenté de croire qu’ils ont de la gêne à s’exprimer en langues locales devant les caméras.

Le hic n’est que simplement annoncé, avec cette préférence linguistique déloyale des rois béninois.  Ceci n’est que la face cachée de l’iceberg. On croyait avoir tout vu, avec les démêlés entre rois, lors des tractations pour la mise en place du Haut commissaire des rois du Bénin. En ces temps qui tanguent, c’était apparemment une situation qui va conduire à la désacralisation de la royauté. Résultat, les valeurs tanguent aussi dans les cours royales. Il a été donné d’observer un roi d’une région du centre Bénin, se mettre en costume au cours d’une rencontre qui a réuni chez lui, ses pairs de l’Afrique. Sacré roi, n’est-ce pas. Il est atteint du virus de l’aliénation culturelle. Un autre confrère s’est offusqué de voir les jeunes ronchonner, à la présence d’une tête couronnée lors d’une manifestation culturelle organisée à la Mairie d’Abomey-Calavi en l’honneur de la révolution.  Dans la vague des actes aberrants  désacralisant la couronne, les Forces de l’Ordre aussi se sont illustrées avec la perquisition du palais du roi Sillon d’Adjohoun. Plus récent, au palais d’un roi, devant les membres de la cour royale, une animatrice d’émission pour enfants, s’est tenue droite devant une tête couronnée pour recueillir ses propos. Un tel acte, sacrilège à l’époque  des anciens rois, ne devrait pas être passé sous silence. Tout au moins celle-ci serait rappelée à l’ordre.

On le sait, les valeurs ancestrales sont déjà mises à mal par l’aliénation culturelle du commun des Béninois.  Que cette aliénation ait atteint les palais, c’est ça la nouveauté. Aux défenseurs des valeurs africaines, il ne reste qu’à demander, comme Marc Aurèle, que la force leur soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé, et le courage de changer ce qui peut l’être, mais aussi la sagesse de distinguer l’une de l’autre.

Publicité

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité