Révision de la Constitution : Réckya Madougou bat en brèche l’idée d’une réforme opportuniste

Il vaut mieux tard que jamais. De retour de son congé de maternité, qu’elle aurait écourté, Le Garde des Sceaux, ministre de la Justice et Porte-parole du Gouvernement, s’est enfin prononcé sur le projet de révision de la Constitution qui alimente, depuis deux mois, l’opinion politique nationale.

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C’était hier sur le plateau de l’émission «Zone Franche» de Canal 3 Bénin.  A en croire Réckya Madougou Yèdo, ce nouveau projet de révision, introduit au parlement le 06 juin dernier, n’a rien d’opportuniste, contrairement à la révision qu’on avait voulu proposer entre 2004 et 2006.

« Il n’y a pas de moment opportun pour une révision constitutionnelle», a déclaré le ministre de la Justice, pour faire comprendre que le fait d’introduire un projet de révision de la Constitution à moins de deux ans de la fin d’un mandat ne saurait être interprété comme une méthode subversive visant à s’éterniser au pouvoir. Mieux Réckya Madougou, faisant un bref historique, a essayé de rappeler que l’idée de révision de la Constitution, sous le régime Yayi, remontait à la période de son premier quinquennat, avec la mise en place de la Commission Ahanhanzo-Glèlè, en 2009. Une commission qui n’a d’ailleurs jamais jugé, en son temps, de l’inopportunité d’une réforme constitutionnelle. 

Au cours de son intervention, qu’elle a voulu essentiellement cadrée sur les aspects juridiques et techniques de la révision de la Constitution, loin de toutes autres considérations politiques, le Garde des Sceaux a essayé de faire comprendre que les nouvelles dispositions proposées par le nouveau projet de révision, n’ont pas la vocation de marquer une rupture, ni d’abroger la Constitution du 11 Décembre 1990. Ce qui lui permet de conclure qu’une telle réforme constitutionnelle ne saurait faire appel à une nouvelle République. Citant le cas sénégalais en exemple, elle a clairement démontré que ce n’est pas la même chose que la révision qui est actuellement introduite au Bénin. A la croire, si le Sénégal en est arrivé à une nouvelle République, c’est parce que la nouvelle Constitution proposée est venue abroger celle de 1963 dans ce pays.

Pour Réckya Madougou, son combat en 2004-2005, contre une révision de la Constitution, et celle d’aujourd’hui, pour soutenir un tel projet, se rejoignent. Dans le passé, il était question d’une lutte contre une révision opportuniste, alors qu’aujourd’hui on ne saurait  relever, dans le projet de révision, des points qui justifient une volonté de s’éterniser au pouvoir, a-t-elle voulu faire savoir.

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Abordant la question de l’initiative populaire, qui est un nouveau principe proposé par le projet de révision de la Constitution, Réckya Madougou s’est dite indignée par les opinions qui jugent qu’il s’agit d’une initiative qui déstabilise le régime présidentiel prévu par l’actuelle Constitution. Elle a aussi essayé de démontrer que ce n’est pas une initiative qui supprime ou rétrécit des prérogatives du Parlement, mais plutôt qui associe à la voie parlementaire, une voie populaire.

Le ministre de la Justice n’a pas manqué d’affirmer que le gouvernement continuera à déployer tous les moyens de persuasion nécessaires, afin de convaincre sur les fondements et les bonnes intentions de ce projet de révision.

Sur la question de l’assignation à domicile ou de l’interpellation de certains antirévisionnistes et initiateurs du mouvement du «mercredi rouge», le ministre n’a pas voulu se prononcer, arguant que c’est un dossier dont-elle ne maîtrise pas le contenu, à ce jour.

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