Remaniement ministériel : la montagne a accouché d’une souris (photos des ministres + vidéo)

Politiquement, c’est le gouvernement de l’échec. Aucun des grands partis politiques annoncés ne fait parti de l’écurie. A défaut du Prd qui a décliné l’offre, de l’Un non-consultée, Yayi s’est contenté des gens «disponibles» et a concocté dans la précipitation un ramassis d’illustres inconnus, politiquement fragiles, et de quelques pacotilles de technocrates.

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Il est difficile de cerner les raisons qui fondent les choix de Boni Yayi. Après avoir dissout son gouvernement, trois jours plus tôt, bon nombre de Béninois s’apprêtaient à voir autre chose que du «déjà vu» ou d’illustres inconnus en politique, dont les noms ne disent rien à personne.  La liste publiée n’a rien d’extraordinaire. Au pire des cas, s’offusque un homme politique, il pouvait garder ceux qu’il a remerciés, et dispenser les Béninois de ce nouveau gouvernement. Mais, avec Yayi, on n’est jamais sûr de rien, et les critères de choix d’un ministre peuvent être des plus saugrenus. Aussi ne devrait-on pas s’étonner de voir Aké Natondé revenir dans ce gouvernement, et à un poste plus prestigieux que celui qu’il a occupé auparavant. Les sirènes lancées par le député de Covè, ont été assez captivantes pour le locataire de la Marina, qui rêve d’hommes forts et courageux pour défendre son projet de révision de la Constitution. A plusieurs reprises, Aké Natondé, sorti du gouvernement en Mai 2011, après sa brillante élection comme député de la 24è circonscription électorale, a affiché un soutien franc à la révision de la Constitution, allant même jusqu’à dire sur un plateau de télévision que «Yayi a-t-il dit qu’il est fatigué de gérer le pays». Sinon, en matière des travaux publics, il n’est pas évident qu’il fasse mieux que son prédécesseur qui a une solide expérience dans le domaine des travaux publics.

Yayi a simplement choisi d’envenimer le différend entre ces deux «frères ennemis»  d’Agonlin, en choisissant l’un à la place de l’autre.  Il a d’ailleurs joué à fond sur ce fait, en nommant Antonin Dossou, le collaborateur direct du Premier ministre, dans ce nouveau gouvernement. L’arrivée de François Houéssou, Préfet des départements de l’Ouémé et du Plateau, au poste prestigieux et envié de ministre de l’Intérieur ne répond pas forcement à une logique de méritocratie, ce n’est pas un spécialiste de sécurité, par rapport au maire  d’Abomey-Calavi dont le nom a été agité depuis des jours pour remplacer le tonitruant Benoît Dègla.  Membre effacé des Fcbe, il a été un docile préfet qui a fait appliquer à la lettre toutes les décisions prises par le Chef de l’Etat, dans les départements de son ressort. C’est lors de la dernière présidentielle qu’il a montré ses grands talents de lige du pouvoir, en faisant réprimer très sévèrement toutes les actions de contestation du pouvoir, initiées par les militants de l’Un.

Il est tombé de son piédestal

La récompense de ses décisions brutales vient de tomber, avec son poste de ministre de l’Intérieur. Il a forcement bénéficié du refus du Prd d’entrer dans ce  gouvernement, et Yayi n’a plus voulu chercher trop loin pour trouver un homme de l’Ouémé, en dépit du fait qu’il est cité dans l’affaire Icc-services comme un des mentors d’Emile Tégbénou. Quid du nouveau ministre de la Défense, lui aussi Préfet dans le Borgou. A ce poste, il a montré des dispositions en faveur de Yayi. Naomie Azaria Hounhoui est Directrice des ressources humaines au Port de Cotonou. Depuis le premier quinquennat de Yayi, cette militante chevronnée des Fcbe était dans les tablettes politiques de Yayi. Mais, à chaque fois que le gouvernement était publié, elle ne s’y retrouvait plus, parce que, souffle-t-on dans l’entourage de Yayi, on  a du mal à lui trouver un portefeuille convenable. 

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Françoise Assogba, élue députée dans la 5è circonscription électorale sur la liste Cauris2, après avoir bravé l’opposition de Yayi à sa candidature, l’ex-Dg du Trésor Public a battu une campagne rude pour se faire élire dans cette circonscription où il y avait des candidats de taille. Elle a peut-être des aptitudes pour être ministre de la Microfinance, mais sa promotion au poste de ministre répond à des raisons autres que politiques et techniques.

Au total, Yayi sort de ce remaniement très affaibli.  Ce gouvernement est assez fragile et n’est ni basé sur la technocratie, ni sur le poids politique des nouveaux promus. Il a pioché ça et là des menus fretins qui lui sont tombés sur le bras. Avec ce gouvernement, c’est une évidence que Yayi est tombé de son piédestal.

DER1 by La Nouvelle Tribune

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