Yayi veut déstabiliser le Clergé

La réponse envoyée par le Chef de l’Etat au Clergé, en réponse à la lettre qu’il lui a envoyée, laisse transparaître de façon ostentatoire, l’ire du Président Yayi, au sujet du doute émis par cette institution sur les affaires d’empoisonnement et de coup d’Etat. Il en profite ainsi pour attaquer cette institution à qui il reproche curieusement de vouloir politiser la Foi.

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Au cours de son émission «Zone Franche» de dimanche dernier, le ministre des Affaires Etrangères n’a pas porté de gants pour s’en prendre au  Clergé, qu’il qualifie de ne pas être représentatif du peuple béninois. Venant d’un musulman bon teint comme lui, cette déclaration pourrait, dans d’autres pays, susciter un grand tollé et même conduire à des heurts et des affrontements. Mais, en vérité, faut-il s’en prendre à Bako ? Il n’est qu’un agent en mission pour Boni Yayi, dont la lettre rendue publique plus tard, permet de savoir d’où le ministre des Affaires Etrangères tirait ses idées bien discutables et ses déclarations inquiétantes.

 Mais, en vérité, tout ceci ressemble bien à un plan du Président Yayi pour déstabiliser le Clergé. Après avoir réussi à affaiblir toutes les institutions et les corporations de la République, surtout celles qui lui ont tenu tête, il est important pour lui d’en faire autant pour le Clergé, dernier rempart dans notre démocratie, la seule institution qui joue au sapeur-pompier lorsque les hommes politiques et les pyromanes de la République, décident d’afficher leur numéro. A plusieurs reprises, le Clergé a réussi à sortir Yayi de situations difficiles et inextricables.

Malgré l’affaiblissement des institutions républicaines, observé depuis 2006, le Clergé est resté débout, toujours prêt à rebondir lorsque note pays s’approchait du précipice pour demander au conducteur d’arrêter.  S’attaquer  à cette institution pourrait bien être bénéfique pour un Président qui rêve chaque jour de concentrer en ses mains tous les pouvoirs, et d’anéantir toutes les institutions dont la voix et la parole comptent pour les Béninois. C’est pourquoi il fait le curieux reproche à cette institution de politiser la Foi.  Depuis 2006, c’est le gouvernement du Docteur Boni Yayi qui a le plus impliqué les pasteurs et autres dans la politique. Il est donc étonnant de l’entendre dire cela.    

Révision de la Constitution : Encore Bako?

Au cours de son intervention sur Canal3, le ministre Bako a fait l’apologie de la révision constitutionnelle. Selon lui, il ne s’agit pas d’une révision opportuniste, puisque le Chef de l’Etat a dit partout qu’il ne veut pas revenir au pouvoir à la fin de son 2è mandat. Qu’à cela ne tienne, on comprend que l’ambition de réviser la Constitution est encore intacte chez le gouvernement. Et comme les choses semblent tourner en rond, Yayi envoie Bako convaincre les résignés et les sceptiques. Mais, dans toute opération de charme, de ce genre, il y a, en plus de l’éloquence et de la pertinence, le passé de celui qui porte la parole. Comment les Béninois peuvent-ils croire à la sincérité des propos de Bako, alors qu’il y a trois ans, il les avait tout le temps rassurés sur le fait que la Lépi ne servirait pas à organiser les élections. Au finish, c’est le contraire qui s’est passé et  il a subtilement utilisé une décision de  la Cour Constitutionnelle comme parapluie, pour imposer cette liste contre le gré des Béninois. Au regard de ce passé, il sera difficile aux Béninois de croire à la sincérité des propos de Bako.  

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