Bénin : Benafrique, fin précoce pour une entreprise qui a fait rêver

Manque de subventions, coût de transport élevé et raréfaction des clients, la société de transport urbain Benafrique, arrivée en grande pompe pour «révolutionner» le transport urbain à Cotonou, est au bord de la faillite. Et ses bus ont disparu de la dense circulation de la capitale économique.

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Benafrique? «C’est parti». Ses bus, ne sont plus là. En tout cas pas dans la circulation. Et cela, apparemment pour longtemps. Alors qu’on la croyait partie pour «révolutionner» le transport urbain un peu trop «jaune» – les taxi-motos et leurs uniformes de couleur jaune – de Cotonou, et faire du déplacement des populations à travers la ville, «un jeu d’enfant», la société Benafrique est plutôt partie. Le séjour de ses bus blancs, bleus et verts dans la circulation cotonoise, n’aura duré que le temps d’un clignement d’œil. Et les populations de la capitale économique qui commençaient à prendre goût à ce nouveau moyen de transport, y compris les nombreuses autorités politico-administratives qui, lors du lancement, avaient même fait un tour en bus, sont retournées à leurs vieilles habitudes. Qui à leurs moyens de transport commun – le zémidjan, les minibus et les taxis – souvent pollueurs, et qui à leurs véhicules de luxe.

Mais, qu’est ce qui explique ce départ brusque des bus de la circulation ? «Le tarif est la raison fondamentale», renseigne une source interne de la société. Selon cette source, le passage du tarif de transport de 200 F Cfa, auparavant, à 300 F Cfa, et cela pour n’importe quelle destination dans la ville de Cotonou, a eu pour conséquence la raréfaction des clients. Ces derniers trouvent le coût du transport trop élevé, notamment pour les petites distances. «Je ne peux quand même pas payer 300 F Cfa pour le trajet Stade de l’Amitié-Vèdoko, alors que je peux y aller à Zém moyennant au plus 200 F», fait constater Ulrich, un Cotonois, qui reconnaît cependant que les bus sont plus sécurisés que les taxi-motos «impliqués dans la plupart des accidents de la route».

Si le tarif de 300 F Cfa est jugé trop cher par les populations, pour la société de transport urbain, rouler en deçà de ce prix et cela sans que l’Etat ne compense la différence, «c’était une perte».

La subvention de l’Etat faisant défaut, et la société privée de transport ne pouvant rouler à perte, les bus de Benafrique, arrivés à grand renfort médiatique, sont partis de la circulation sur la pointe des pieds, dans la matinée du 17 août dernier. Et ainsi, de la une, la société de transport Benafrique passe à la ruine.

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Stands commerciaux et reposoirs

«Le malheur des uns fait le bonheur» des autres. Ce vieux dicton trouve dans la situation de crise que traverse actuellement la société de transport Benafrique, une raison d’être. En effet la disparition des bus blancs, bleus et verts de la dense circulation de Cotonou, faite majoritairement d’engins à deux roues, semble profiter à une frange de la population cotonoise. Laquelle population a trouvé une autre utilité aux arrêts-bus installés un peu partout dans la ville. Ces derniers ne servent désormais plus que de stands commerciaux pour de nombreux marchands ambulants et des vendeuses de divers, comme c’est le cas aux arrêts-bus de Godomey, Stade de l’Amitié, Vèdoko et carrefour ‘’la Vie’’. Aussi, ces arrêts, servent-ils de lieu de repos pour les populations. Et s’ils continuent de toujours servir de lieu d’attente, ce n’est plus de bus, mais plutôt d’hommes, et quelques fois d’autres moyens de transport. Comme l’on a pu le constater hier, à l’arrêt-bus du Stade de l’Amitié, où une dame en partance pour la frontière bénino-togolaise, Hilacondji, attendait impatiemment un taxi.

1.800 emplois menacés

La cessation de travail des 52 bus multicolores de transport urbain de Cotonou, n’est pas que préjudiciable à la société Benafrique et les populations. Elle l’est aussi pour les  employés de la société qui, après leur recrutement, pensaient avoir vaincu le signe indien, dans ce pays où le chômage est la chose la mieux partagée entre jeunes. Depuis le 17 août dernier, date à laquelle les bus ont arrêté de circuler, les 1.800 employés de la compagnie de transport urbain sont mis au chômage technique. Une très difficile situation pour ces pères et mères de famille qui, à la veille de la reprise des activités académiques, soufflent le chaud et le froid, comme l’a affirmé récemment sur une émission, Fidèle Ahouassou, assistant-planning, représentant des travailleurs de la société. Ce dernier a lancé un cri de cœur au Chef de l’Etat qui aurait promis, lors d’une rencontre avec les responsables de la société, de leur venir en aide. Mais, cette promesse d’aide traine à se réaliser, depuis. Et les 1.800 employés de Benafrique sont de plus en plus menacés de chômage.

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