Révision de la Constitution : Boni Yayi change de ton sans renoncer au projet

Boni Yayi a fait, en fin de semaine écoulée, un grand exposé sur son projet de révision de la Constitution. C’était face à une délégation de sages et chefs traditionnels venus d’Abomey. Au rendez-vous : explications, illustrations et humour.

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Boni Yayi en professeur de la «révision de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990». C’est l’impression qu’a donné le Président Boni Yayi, face aux «sages et hauts dignitaires» d’Abomey. Une grande partie du compte-rendu de cette rencontre, entre le Président Boni Yayi et la délégation aboméenne, est diffusée par la télévision nationale depuis la soirée de ce vendredi. Sur ces images, on voit le Chef de l’Etat expliquer avec une certaine pédagogie, les raisons qui sous-tendent son projet de révision de la Constitution. C’est bien évidemment le même disque que celui joué par tous les «révisionnistes», depuis le 06 juin dernier : date à laquelle le projet de Loi portant révision de la Constitution a été réintroduit, à l’Assemblée Nationale. Mais la nouveauté, c’est le style dans lequel le Chef de l’Etat a véhiculé son message. La nouveauté, c’est aussi la tonalité de son discours. Dans un français relâché, un ton moins revanchard qu’à bien d’autres occasions, et une petite dose d’humour, l’actuel locataire du Palais de la Marina a entretenu les compatriotes du ministre Sounton, sur la nécessité de réviser la Constitution. 

Disque rayé ? Ce grand oral sur un projet qui fait polémique, Boni Yayi l’a bâti autour des trois innovations majeures à inclure dans la Loi fondamentale, après avoir fait l’historique des différentes actions menées par son gouvernement depuis 2008, dans le cadre de cette réforme constitutionnelle. La création et la constitutionnalisation de la Cour des Comptes, la Constitutionnalisation de la Cena, et l’inscription dans la Loi fondamentale de l’imprescriptibilité des crimes économiques. Exemples et chiffres à l’appui, Boni Yayi a montré pourquoi chacun de ces trois éléments doit être gravé dans le marbre. «A cause de l’absence de la Cour des Comptes, nous avons déjà perdu cent vingt milliards de F Cfa. Et pour que cette institution soit solide et respectable, il faut qu’on la mette dans notre Constitution.» Des partenaires financiers ayant refusé de débloquer certains fonds, à cause de l’absence de cette institution de contrôle de la gestion des Finances publiques. Quant à la Cena, son inscription dans la Loi fondamentale entre dans la vision du régime Yayi, de contribuer à la «stabilisation et l’amélioration de notre système électoral». Concernant l’imprescriptibilité des crimes économiques, c’est simple : la lutte contre «la corruption est déterminante dans notre combat contre la pauvreté», a affirmé le Président Boni Yayi. Il a ainsi ajouté : «ça va rehausser notre image auprès de nos partenaires. Notre pays ira au ciel (Rire dans la salle, Ndlr).» Comme pour répondre à ceux qui avancent que la Cena et l’imprescriptibilité des crimes économiques sont déjà prévus par d’autres lois,  Boni Yayi a martelé : «Quand les gens vous disent qu’une loi ça suffit, c’est faut. La Cena est prévue par le Code électoral, je félicite les députés pour ça. Mais, une simple loi peut être balayée par une majorité au Parlement. Le langage est le même pour la Cour des Comptes. «Certains parlent de prendre juste une loi pour instaurer la Cour des Comptes. Mais, une majorité à l’assemblée peut balayer une loi».

Jusqu’auboutisme. Cette sortie médiatique du Chef de l’Etat a permis de découvrir la nouvelle terminologie que vont sans doute utiliser les révisionnistes, désormais. Pendant tout le temps qu’il a parlé de son projet de révision de la Constitution, Boni Yayi a utilisé le terme «amendement» au lieu de «révision». Il est donc convaincu que l’amendement de la Constitution vise le bien-être des Béninois, et s’inscrit dans le cadre de la lutte contre la pauvreté. Mieux, tout cela concourt au renforcement de la démocratie et de la bonne gouvernance. Il souhaite aussi que les débats contradictoire se tiennent autour du sujet, mais comment ? «Mon grand souhait est que ce soit des débats paisibles. Pas d’injures. Nous sommes tous propriétaires du Bénin. Il faut mettre la balle à terre. Les dispositions sont en train d’être prise par le Gouvernement et le Parlement, pour qu’il y ait consensus.»

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Boni Yayi a, une fois encore, juré que son «nom ne va plus figurer sur aucun bulletin de vote». Il s’en ira donc en 2016. Mais, il pense que l’alternance ne se prépare pas par la violence, les injures. Il est déterminé à foncer dans sa réforme. Et seul le Parlement pourrait l’arrêter. Si elle rejette le projet et le déclare inopportun.

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