D’une Tribalité corrosive à un Régionalisme Normal!

La question du Régionalisme est une de ces questions récurrentes, qui reviennent de plus en plus souvent dans le débat, politique et intellectuel, national, sans qu’on puisse réellement la cerner véritablement. Ainsi, lorsque certaines sommités s’y coltinent, le chroniqueur ne saurait que saluer l’initiative, et y apporter son humble contribution de citoyen, puisque nous sommes tous concernés.

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C’est dans ce noble objectif, arriver à cerner les contours du débat sur le Régionalisme au Bénin, à la lumière des idées développées par le très regretté Ambassadeur Guy-Landry Hazoumè, dans son célèbre ouvrage «très actuel», « Idéologies tribalistes et Nation en Afrique : Le cas dahoméen », publié en 1972 à Paris, que le gratin intellectuel et idéologique béninois s’est retrouvé ce samedi 21 septembre 2013, pour un colloque de partage d’idées et d’échanges autour de ce thème qui nous interpelle toutes et tous. Occasion également pour nous, après avoir écouté les uns et les autres, de nous interroger sur la question régionale dans ce pays, tout en faisant ressortir la nécessité de différencier une «Tribalité corrosive» d’un «Régionalisme somme toute Normal», lorsqu’il est «vertueux», avec entre les deux un «Ethnicisme nocif» ! Voici nos développements autour de la question…

Des Précisions utiles !

Sans vouloir reprendre ici les définitions terminologiques des différents dictionnaires et lexiques, et auxquels chacun pourra se référer pour se faire sa propre idée sur la question, il est important de mettre en lumière un constat important.

Et c’est l’hypothèse de base du politiste : En voulant réfuter la réalité du «Fait Tribal», et en se réfugiant dans un certain «Ethnocentrisme nocif», nous nous sommes retrouvés (nous inclusif du citoyen) avec un «Problème Régional» qui a pris beaucoup d’envergure depuis ses débuts banalisés, avant, lors des indépendances et pendant les premières années du jeune Etat dahoméen, jusqu’à son apogée préoccupante à l’ère du Renouveau Démocratique.

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L’Historien nous a déjà éclairés, de long en large, sur le commencement du phénomène régional au Bénin, notamment avec le «Groupement Ethnique du Nord», de triste mémoire, et les oppositions irrationnelles entre trois leaders politiques, réunis dans un bien-nommé «Monstre à 3 Têtes», qui ont pris en otage le destin de tout un pays, exacerbant les oppositions ethniques et enclenchant la marche vers une «Régionalisation» (remarquez la nouvelle terminologie) de cette Nation en construction, alors même que l’Etat n’est pas encore une réalité tangible et incontestable.

La mauvaise foi pour justifier l’injustifiable !

C’est alors que chacun voulut chercher des boucs-émissaires, avec des hypothèses d’injustification qui ne convainquent personne.

Même si la colonisation est quelque peu responsable, car les Etats africains ont été créés par une négation des aires régionales et des «nationalités» (au sens européen du terme) existantes dans les différents territoires, le phénomène régionaliste ne peut être entièrement imputé au colonisateur.

La faute ne revient donc pas au «Blanc» qui aurait voulu «nous diviser pour mieux régner», mais c’est plutôt nos propres «mentalités ethnocentrées», et nos «réflexes de régionalistes primitifs» : Chacun reconnaît un frère dans le ressortissant de sa contrée, alors qu’il ne devrait voir en lui qu’un citoyen, au même titre que tous les Béninois.

Nous appartenons tous à une Région !

Ces prolégomènes étant évacués, il est impérieux, dans la poursuite de nos développements, de reconnaître que le «Fait Régional» n’est pas en soi un problème.

En effet, l’Homme a toujours besoin de s’identifier à un Espace culturel et cultuel, ainsi qu’à une aire géographique donnée, avec ses habitants, son histoire, ses particularismes et ses spécificités, très régionales !

Ce besoin d’appartenance étant inhérent à l’homme, cet animal social, il ne saurait donc lui être refusé le droit de se rassembler avec ses «semblables» («les siens», pour ne pas paraphraser), comme certains animaux qui se promènent en bande.

Ainsi, lorsqu’on fait référence, en France et en Espagne, aux particularismes basques, corses et bretons, cela n’est pas anxiogène. Pas autant qu’au Bénin, en l’occurrence avec une opposition virtuelle entre un Nord et un Sud qui n’existent même, ni géographiquement, ni historiquement, ni sociologiquement (hypothèse d’homogénéité).

Alors voyons par le Politique!

Nos dirigeants politiques, dans leur appétit vorace de Pouvoir, et dans leurs stratégies mesquines pour accéder à ce Pouvoir, parfois indûment, ont tôt fait «d’instrumentaliser le Fait sociologique d’appartenance régionale» pour le transformer en dissension insurmontable.

Ainsi, des populations, pourtant pacifiques, que rien ne devraient opposer, sont désormais mises en confrontation, «pour s’affronter», au nom du Politique, alors même que nos frontières n’arrivent même pas encore à séparer les Baatonous  du Nigéria et du Bénin (au Nord), les Yoroubas du Bénin et du Nigéria (Sud-Est), ni les Minas du Bénin et du Togo (Sud-Ouest) !

Alors, où sont ces régions qu’on voudrait opposer, ici au Bénin ?

Quand l’objet n’existe pas, le fait sociopolitique ne saurait exister ! C’est par cette note d’espoir, que nous allons passer à la dernière partie de nos propos, en plaidant «pour un Régionalisme Normal».

Et un Régionalisme Normal…

En ce sens qu’il est évident qu’une certaine fracture existe entre le Septentrion et le Sud du pays, en termes d’infrastructures et de ressources humaines. Cela ne devrait pas être un prétexte pour générer des «sentiments victimaires» de la part d’un «Nord frustré», ni de  celle d’un «Sud apeuré» par la question-tabou.

Il est donc temps de revenir à de meilleurs sentiments vis-à-vis du Régionalisme, pour que sa version «vertueuse» soit plutôt encouragée, afin de sortir le phénomène de l’ombre, au lieu d’en faire un tabou.

Pourquoi ne pas s’inspirer de l’Affirmative Action ou de la Discrimination Positive (leurs tares respectives élaguées) qui ont été mises en œuvre sous d’autres cieux, en réponse à la question raciale ?!

Régionalisme, Racisme, Nationalisme… Finalement un même combat pour le citoyen, qui se veut «Patriote», au-delà de tous ces ostracismes. Et merci à l’Ambassadeur d’avoir lancé ce débat très actuel, depuis plus de quarante ans…

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