Gare a la république des roquets, des foutriquets et des paltoquets!

Ces trois sortes de gonzes ont en commun la médiocrité dans l’action, la stupidité dans la réflexion dont les outputs sont  incompréhensibles parce que ne constituant que des brouhahas inintelligibles, des roquets indigestes. Que Dieu nous garde que notre pays ne se transforme dans son entièreté en une République de médiocres béotiens et de stupides philistins.

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L’hebdomadaire Jeune Afrique de la semaine du 2 au 8 septembre 2013 a peint notre pays comme un véritable mât de cocagne ! Dans le langage courant, on dit que «ça ne va», mais c’est plus grave : nous nous enfonçons dans la fange de la «fatigue démocratique», mal qui frappe très souvent les jeunes démocraties et qui finit par sonner le glas de la greffe libérale occidentale, facilitant le retour à des régimes autoritaires. Beaucoup d’intellectuels s’interrogent. Le Clergé catholique assis sur sa foi, son espérance et sa charité, s’est adressé, non seulement à ses fidèles, mais aussi et surtout à tous ceux qui croient en Dieu et de là à tous les hommes de bonne volonté, en vue d’un sursaut patriotique et d’une mobilisation nationale.

Si le Chef de l’Etat s’est cru indexé par le «doute» de la Conférence Episcopale du Bénin, c’est qu’il est habitué à ce qu’on l’attaque de préférence, lui et son régime, le vouant  aux gémonies, alors qu’il ne s’agit pas (seulement) d’un problème de régime, mais de malaise systémique sociétal. Les veilles citoyennes n’existent plus, toutes les organisations de la Société Civile sommeillent. La classe politique étant inexistante, des initiatives éminemment politiques comme celle de la Convention Patriotique des Forces de Gauche paraissent douteuses à certains apparatchiks. D’où des dérives dangereuses perpétrées par certains nervis du PRPB, reclassés dans le renouveau démocratique. Sachons-le une fois pour toutes : on n’a pas besoin d’être enregistré au Ministère de l’Intérieur avant d’avoir une existence constitutionnellement et légalement garantie ; l’enregistrement ne donne à une organisation créée selon la loi de 1901, reprise dans notre Constitution, que la personnalité morale pouvant lui permettre d’ester en justice ! De plus, on n’a pas besoin d’autorisation avant de jouir d’un droit constitutionnel, celui de manifester : on informe seulement les autorités compétentes et c’est à elles de prendre toutes les mesures idoines pour assurer l’ordre et la tranquillité des manifestants.

Prenons garde de retomber dans des situations où l’intelligence déserte à nouveau le forum et où s’installe la médiocrité à tous les niveaux, prenons garde à la régression au despotisme stupide du PRPB, qui n’a retenu du marxisme-léninisme que sa logique autoritaire et préventive. La démocratie libérale et l’Etat de droit sont au contraire régis par une logique répressive : on laisse le citoyen jouir librement  de ses droits constitutionnels et légaux ; c’est quand il commet des manquements graves, ce faisant, qu’on lui applique la loi ! On ne peut donc pas préjuger de prétendus troubles qu’il y aurait lors d’une manifestation, pour interdire à l’amont cette manifestation ! Tous les observateurs impartiaux notent qu’il y a désormais au Bénin une inquiétante descente aux  enfers ;  nos jeunes désespérés par le chômage n’ont de cesse de se défouler sur les réseaux sociaux en insultant, qui le Chef de l’Etat et ses supposés défenseurs, qui son  régime. Le mal est donc profond : tout notre système sociétal est en train d’être gangrené. Partout, nous assistons à des violations graves de la Constitution et des  lois ; nous enregistrons de plus en plus des voies de fait, des arnaques, des abus inquiétants de pouvoir. Dans cette proximité des ténèbres, les disciples du Christ, fils de la Lumière comme les désigne leur Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, doivent se distinguer de la foire d’empoigne générale, oublier leurs intérêts partisans et égoïstes et ne penser qu’au salut de la Nation.

Sursum Corda! Comment en sortir?

Les solutions proposées par de dignes fils de cette Nation surabondent, pour que les Béninois ne persistent pas dans une situation où ils ne se parlent plus, ne se comprennent plus, se rangeant inutilement dans deux camps opposés, aux initiatives stériles pour l’intérêt supérieur de la Nation. La révision de notre Constitution est l’un de ces débats nationaux ineptes : si vous n’êtes pas hunc et nunc pour la révision de la Constitution, telle que pensée dans le projet de loi de révision (ou d’amendement, terme nouveau), c’est que vous êtes contre le Docteur Boni YAYI, un opposant notoire et à traiter comme tel ! Heureusement que des citoyens courageux, comme ces quatre anciens ou nouveaux députés, le FONAC, l’UNAMAB, ne se laissent pas intimider et disent haut et fort qu’en l’état, le projet du Chef de l’Etat ne mérite qu’un seul traitement : être retiré du circuit parlementaire.  

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Dialogue National inclusif ? Non ! Plutôt un Forum National de Concertations

N’embouchons pas la trompette de certains opposants de régimes africains dynastiques et dictatoriaux, où l’opposition muselée n’a d’autre perspective politique que de proposer un «dialogue national inclusif», sorte de Conférence Nationale Souveraine bis, où toutes les aiguilles de la pendule institutionnelle pourraient être remises à zéro. Non ! Dieu merci, nous ne sommes ni au Gabon, ni au Togo, ni au Tchad, ni dans les deux Congo. Nonobstant un malaise systémique sociétal, une déchéance morale et culturelle manifeste, nos instituions fonctionnent bien. Le Chef de l’Etat a précisé qu’il ne veut pas faire une révision de la Constitution, mais un amendement comme cela se fait continuellement dans les grandes démocraties occidentales, comme la France où les amendements consensuels (parce que toute la classe politique en est convaincue de la nécessité) ne donnent même pas lieu à référendum, mais sont directement votés par les deux chambres réunies en congrès à Versailles. Trop tard !

Si le Chef de l’Etat avait dit dès le départ, sans mettre en branle toutes ces commissions de relecture ou de propositions pour un projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990, plutôt coûteuses pour le contribuable, mais avait introduit un projet d’amendement ponctuel pour proposer par exemple une Cour des Comptes qui urge, nous n’aurions pas eu le ramdam actuel. Or, le processus enclenché est bel et bien une révision en profondeur de notre Loi Fondamentale. En l’occurrence, la décision DCC 06-074 du 08  juillet 2006 de la Cour Constitutionnelle, instituant désormais un consensus national pour toute révision de la Constitution, est sans ambiguïté. Le Professeur Joël AIVO en qui j’ai une immense admiration, a essayé de montrer dans le document portant rapport des travaux de la Commission GONLONFOUN, pourquoi et dans quelles conditions le juge constitutionnel peut-il être habilité à se prononcer sur les lois constitutionnelles.

Je ne partage pas du tout sa brillante démonstration. En effet, au Bénin les 4/5 exigés (67 députés sur 83) pour une révision ou un amendement parlementaire de la Constitution, nous mettent relativement à l’abri de toute révision opportuniste. Nous ne sommes pas de ceux qui crient urbi et orbi que Boni YAYI veut réviser la Constitution pour se maintenir au pouvoir : il ne le peut pas seulement, sauf par un coup de baguette magique. D’autres citoyens méfiants, car suspectant la possibilité de référendum que  permettent à terme les propositions de lois par initiative populaire, craignent qu’on ne mobilise 12000 âmes stipendiées, pour proposer qu’on saute les verrous de la limitation des mandats présidentiels et la limitation d’âge ! Qu’à cela ne tienne ! Faisons inscrire dans tout projet de révision, durant ce quinquennat, qu’aucun autre amendement à la Constitution du 11 décembre 1990 ne se produira avant 2016 ! Mais là n’est pas la question ; elle se situe au niveau de la nécessité désormais constitutionnelle d’avoir un consensus national sur tout projet ou proposition d’amendement, ou de révision de la Constitution. Comment obtenir ce consensus ? Certainement pas par la «popularisation» du projet de loi (c’en est un) portant  révision de la Constitution. Cette idée « géniale » du Bureau de l’Assemblée Nationale, confortée le vendredi 23 août 2013 par un conclave non-conforme à la Constitution de nos «Présidents des Instituions», est simplement contre-productive. Et pour cause.

En voyant le flou qui entoure ce concept de consensus national, beaucoup plus politique que juridique, j’ai, semble-t-il, raison de critiquer violemment en son temps la célèbre décision de notre Cour Constitutionnelle. En effet, faire du consensus national un principe à valeur constitutionnelle, c’est compliquer inutilement et rendre flous les vrais débats qui sont moins juridiques que politiques ; ce n’est nullement pouvoir arrêter toute arrière-pensée opportuniste dans les processus de révision constitutionnelle. En effet, comme le montrent les débats actuellement en cours  chez nous, chacun interprète le fameux consensus national à sa manière! Et puis, point n’est besoin de renforcer encore les prérogatives déjà exorbitantes de notre Cour Constitutionnelle.

Si en son temps, je m’étais élevé violemment contre cette décision, c’est que nous confondons souvent les décisions d’opportunité politique avec les décisions d’opportunité juridique.

A suivre…

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