Monsieur le ministre Abiola, vous avez dit quoi?

On sait qu’il était devenu, comme ses pairs du gouvernement, un ardent défenseur de la révision de la Constitution. Surtout maintenant qu’il est flanqué du titre de ministre d’Etat. Mais, je ne savais pas qu’il était aussi fou du football, pour aller supporter son équipe nationale dans un match sans grand enjeu.

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Donc, c’est avec beaucoup de surprise que j’ai vu le ministre François Abiola aux côtés de la ministre des Sports, Naomi Azaria, lors du match entre deux équipes de bas niveau que sont les Ecureuils du Bénin et les Guêpes du Rwanda. Un match bien sûr que le Bénin a remporté, dimanche dernier (2-0).

Et dans l’euphorie de cette victoire entre deux équipes éclopées, confinées à jouer pour l’honneur, pendant que d’autres jouent pour un ticket pour les barrages de la Coupe du monde Brésil 2014, le ministre Abiola s’est extasié. Emballé par une nouvelle embellie de l’équipe nationale, François Abiola a lâché: «Le football béninois n’est pas malade, ce sont les responsables de la Fédération Béninoise de Football qui sont malades». Le chroniqueur concède, avec raison et objectivité, que le ministre a raison sur un point. Les dirigeants de notre football «sont malades» et tout le monde a déjà compris et pris la mesure de leur maladie.

Mais, j’ose dire au ministre d’Etat qu’il a tort de dire que «le football béninois n’est pas malade». Soit il l’a dit sciemment pour mettre au pied du mur des individus trop imbus d’eux-mêmes, au point de ne penser qu’à leurs intérêts égoïstes et pervers, plutôt qu’au bien-être du sport-roi, afin qu’ils se rebiffent. Soit il fait mine de ne pas voir que, dans notre pays, le football est véritablement malade. Dans l’un ou l’autre des cas, cela ne fait pas du bien d’entendre un ministre d’Etat venir renier ce qui est de notoriété publique.

Le ministre a-t-il connaissance que, dans un pays sérieux, où le football se porte bien, on soit sans une Direction technique fonctionnelle et un Directeur technique au poste? Sans ces deux éléments, on ne peut avoir une politique de développement du football, clair, précis, et ambitieux à court et à long terme. Il revient aussi à la Direction technique de doter notre pays d’une politique de détection. Ceci, pour aller dans les points les plus reculés du pays, pour déceler des talents à l’état brut, qu’il faudra encadrer et suivre. Ainsi, on cessera d’aller chercher des joueurs qui n’ont pas trouvé une sélection nationale, et les naturaliser. Où naturaliser de petits joueurs qui peuvent se foutre allègrement du maillot national.

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Monsieur le ministre, dans les pays sérieux, où le football se porte bien, l’Etat crée les conditions pour que les Fédérations de football soient autonomes. Au Bénin, qu’avons-nous fait pour encourager la promotion du sponsoring du sport en général, et du football en particulier? On en est toujours là, à parler de moyens, et à envoyer tard les billets d’avion aux joueurs convoqués pour un match officiel. Depuis un moment, le Bénin n’a plus honoré les journées Fifa, pour faute de moyens, et notre football n’a pas de problème ?!

Monsieur le ministre, combien l’Etat béninois a-t-il mis à la disposition des clubs, pour animer le dernier championnat national? Si, dans les pays Européens, les choses sont bien faites, et l’Etat n’a rien à voir dans le financement des championnats nationaux, en Afrique où nous faisons presque tout à l’envers, on voit ce que les autres font. Au Gabon, l’Etat a mis plusieurs millions à la disposition des clubs. De sorte que les clubs ont les moyens nécessaires pour bien payer les joueurs, afin qu’ils se donnent réellement et produisent un spectacle de qualité. Et les différentes équipes nationales peuvent puiser dans le championnat et avoir de bons joueurs. Le Gabon n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.

Non monsieur le ministre. Cette façon de voir et de dire les choses est improductive, et venant de vous, est suffisamment grave. D’ailleurs, cela ne permet pas de poser les vraies questions pour trouver les réponses appropriées. Et je persiste et signe que le football béninois est malade. Reconnaître qu’on est malade est déjà un début de solution, et François Abiola doit le reconnaitre. C’est le fond de ma pensée.

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