Pour un Bénin de Rois et de Dah patriotes

(Essai de réponse à l’article de Jérôme Carlos «le Bénin des nouveaux rois») Je revenais du pèlerinage Vodun de Glidji au Togo quand j’ai eu votre article intitulé le « Bénin des nouveaux rois » publié dans le journal Nouvelle Tribune du 5 Septembre 2013. C’est avec un plaisir immense que je l’ai lu. Je partage entièrement la plupart de vos remarques même si je juge nécessaire de faire certaines clarifications.

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Pour ceux qui parmi nous ne le savent pas puisque demeurés volontairement ou involontairement, consciemment ou inconsciemment dans l’éloignement  par rapport à  notre culture et à  notre religion, la religion Vodoun, nous rappelons que la première édition connue de ce pèlerinage date de 1663 à l’époque du roi des Guins  Togbé Foly Bébé. Et pourtant le nègre que nous sommes n’a rien inventé ni sur le plan de la religion, ni sur le plan du savoir.

L’honorable Maxime Houédjissin  a été intronisé sous le nom de « Dah Houédjissin  Sètondji Woudji Woudji ».Il n’est pas le 1er et il ne sera pas le dernier. J’en suis très heureux pour lui et pour sa collectivité. Cela signe certainement comme vous l’écrivez le retour de nos cadres intellectuels modernes vers nos masses, nos us et coutumes. Une très bonne attitude que cela car, cadres intellectuels que nous sommes nous vivons dans le schéma de formatage et de reproduction de la culture de l’autre et sommes totalement  déconnectés de nos réalités dans lesquelles vivent en permanence nos populations depuis des siècles voire des millénaires si tant est que les récents travaux d’archéologie et de génétique donnent raison au grand savant nègre le Pr Cheik  Anta Diop.

Et c’est ici que notre identité a du mal à se définir et à se cristalliser dans la mesure où nous autres intellectuels modernes nous essayons de vivre en permanence dans la Pensée occidentale déformée par et pour nous ; nous vivons dans le Logos grec alors que comme disait Hérodote « les égyptiens (les colches c’est-à-dire les nègres, les gens aux cheveux crépus à la peau brûlée par le soleil que nous sommes selon Hérodote ), font tout à l’envers (des grecs) malgré leur antériorité dans le domaine de la religion et du savoir » (Jean Pierre Vernant, Professeur au Collège de France, « Le monde est beau comme un dieu », le Point du 22 juin 2001) . De plus de nos jours avec la fulgurante évolution des sciences et des technologies, certains savants  en arrivent  à l’hypothèse que si la civilisation occidentale maîtrise un tant soit peu la matière, d’autres civilisations dont la nôtre c’est-à-dire la civilisation négro africaine maîtriserait l’antimatière. Le débat est ouvert et il revient à nos savants et  chercheurs de l’approfondir et de  vérifier cela au lieu de se mettre toujours en position de consommateurs et de suivistes.

Ce retour vers nos populations  commencé timidement dans les années 50, se poursuit ; il doit être accéléré et se faire sur les bases pour la connaissance de notre culture, de nos us et coutumes et de leur reconnaissance comme instrument fondamental de notre développement afin que le pouvoir traditionnel ne soit plus à côté du pouvoir républicain mais qu’il soit dans le pouvoir républicain. Leur toilettage et modernisation  à partir de leur fondement propre devraient enclencher  le processus de construction et d’enracinement de l’Identité négro africaine et de changement de mentalité tout le temps évoqué.

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Par ailleurs vous écrivez et je  cite : « Notre Constitution, on le sait, a emprunté beaucoup aux autres. Nous aurions tant voulu y mettre un peu de nous-mêmes, un peu de nos cultures. L’emprunt, disent les Peul, est le premier né de la pauvreté.». Les Peuls ont plus que raison  car des Constitutions empruntées comme les nôtres ne peuvent absolument pas promouvoir notre développement. Des propositions dans le sens de tenir compte de notre culture n’ont pas manqué mais  sont restées sans intérêts pour ceux qui décident. Je suis persuadé que notre Constitution doit être refondue mais dans le contexte actuel de suspicion, de crise de confiance, de crise économique et sociale voulue par le régime du changement-refondation une révision pour se faire plaisir serait maladroite et dangereuse pour la paix sociale au  Bénin.

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