Révision de la Constitution : les dessous politiques du rejet de la Commission des Lois

C’est un véritable coup de feu au milieu d’un concert de piaillements. Alors que la machine de la propagande pro-révisionniste tournait à plein régime, la décision de la  Commission des Lois de l’Assemblée Nationale – pourtant composée majoritairement de députés de la mouvance – est un coup de massue sur la tête de Yayi et de ses affidés.

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Yayi n’en croit pas ses yeux. Selon des indiscrétions, il aurait perdu la face, et s’est isolé, après avoir appris le «putsch» de la Commission des Lois, une instance de l’Assemblée Nationale, pourtant acquise à sa cause et dirigée de main de fer par l’honorable Hélène Aholou Kèkè, députée Fcbe dont on connaît l’engagement à soutenir les projets du Pouvoir. Depuis quelques semaines déjà, les soutiens venaient de partout, pour amener Boni Yayi à faire cette révision. C’est sûr que lui-même commençait à se dire que l’affaire est dans la poche. Seulement, le Chef de l’Etat a oublié de consolider ses relations avec les députés de sa majorité.  Depuis plusieurs semaines, il ne recevait que des soutiens, un peu partout, mais curieusement, la stratégie présidentielle a feint d’oublier les députés.

Tout se passait comme si on n’avait plus besoin d’eux. Et d’ailleurs, certains proches du Pouvoir ont longtemps affirmé que le gouvernement se prépare pour un referendum, en feignant d’oublier qu’avant tout referendum (selon l’actuelle Constitution), l’Assemblée Nationale doit connaître du dossier. Cette attitude a fini par irriter maints députés. La preuve, la Commission des Lois est composée de 14 députés, dont quatre seulement proviennent de l’opposition. Les dix autres sont des Fcbe ou assimilés. Hier, lors de cette réunion de la Commission, huit députés étaient présents. Parmi eux, il y avait deux de l’Un et un du Prd. Les cinq autres sont de la majorité parlementaire. Selon des sources internes à la Commission des Lois, c’est le député du Prd, Charlemagne Honfo, qui aurait proposé le rejet à la Commission, avant d’être soutenu par Eric Houndété. Passé au vote, cette proposition a reçu paradoxalement le soutien de six autres députés. Ce qui veut dire que des députés Fcbe ont soutenu le rejet.  Ainsi, donc, les députés ne sont restés sourds à la désapprobation populaire autour de ce projet, bien qu’étant de la mouvance présidentielle.

Selon des confidences, la présidente de la Commission, Hélène Aholou Kèkè aurait aussi la dent dure contre le Chef de l’Etat, depuis qu’elle a été évincée de la tête du Comité d’Orientation et de Supervision du Cos-Lépi, au détriment de Sacca Lafia. Connaissant ses méthodes autocrates, il n’était pas évident qu’on en arrive là, si elle n’avait pas laissé libre jeu aux pourfendeurs du projet. On comprend bien que le gouvernement n’a pas préparé l’étape du Parlement, dans le processus de révision.  Ceci est un grand faux pas qui risque de suivre tout le projet. A Yayi de tirer leçon de ce message que vient de lui envoyer la Commission des Lois.

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