Zéro accident

« Zéro accident ». Belle ambition que celle qu’affiche Aké Natondé, ministre en charge des Travaux publics et des Transports. Ne se développe pas un pays qui accepte comme une fatalité l’hécatombe quotidienne sur ses routes. Était attendue la réaction de l’Etat en vue d’enrayer ce cycle infernal.

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En effet, au-delà des initiatives individuelles et associatives, l’Etat doit s’impliquer. C’est à lui qu’il revient de mettre fin à cette boucherie imbécile sur nos routes.  

Le tronçon Missérété-Dangbo-Adjohoun-Bonou-Ouinhi, servira de test à cette opération « Zéro accident ». C’est ce tronçon qui supplée l’axe routier Cotonou-Bohicon, actuellement fort délabré. Tout le trafic Sud-Nord et vice versa emprunte cet axe routier. Il s’ensuit une circulation dense et de fréquents accidents mortels.

Que compte faire le ministre Aké Natondé pour faire passer le « Zéro accident » de l’idée à la chose, du projet à la réalité ? Il fera construire des dos d’âne sur tout le tronçon. Il fera édifier des chicanes devant les écoles. Il fera poser des portiques pour obliger les camions à emprunter les voies réglementaires. Enfin, il promet de renforcer les capacités d’actions et d’intervention du Centre national de Sécurité routière (CNSR).

Il faut, nous semble-t-il, inscrire toutes ces mesures annoncées dans l’immédiateté d’une action de sauvegarde. Elles ne suffiront pas à siffler la fin de la macabre récréation.  Il reste qu’il faut commencer, qu’il faut se jeter à l’eau. Ne rien faire, se croiser les bras pourrait tenir de la non assistance à personnes en danger. On n’est pas loin de la complicité de meurtre avec préméditation. Et Dieu sait que ce n’est pas avec des morts en série que nous construirons notre pays. Le développement, c’est d’abord l’affaire des vivants.

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Aké Natondé est dans l’urgence. C’est déjà quelque chose. C’est déjà mieux. Mais Aké Natondé peut mieux faire. C’est le seul moyen de se frayer un chemin jusqu’à l’objectif du « Zéro accident ». Comme dans un hôpital, les soins d’urgence pour parer au plus pressé et pour limiter les dégâts. Les soins en règle et en profondeur pour faire triompher la vie. Le « Zéro accident » ne sera garanti qu’au prix d’une réforme de fond au niveau de quelques services. Il n’adviendra qu’au prix d’une   éducation individuelle à quelques bonnes pratiques.

D’abord, les services à réformer. Les autoécoles, de plus en plus nombreuses, sont des centres d’enseignement, d’initiation, de formation. Elles doivent répondre à des normes connues et faire l’objet d’une inspection fréquente. L’autorité de tutelle ne peut laisser faire sans démissionner lamentablement. Nous finirions par la tenir pour responsable de l’hécatombe que nous déplorons si elle continuait de laisser libérer sur la cité des centaines de chauffards, des assassins potentiels.

Il sera nécessaire de revoir l’âge des véhicules d’occasion que nous faisons rentrer dans notre pays. Mettons un point d’honneur à ne pas être la poubelle des autres. Prenons garde surtout de mettre sur nos routes de véritables tombeaux roulants. Ils fauchent et tuent à la pelle. Mettre des véhicules à la portée du plus grand nombre, oui !  Mettre le plus grand nombre à la merci de la mort, non !

Le permis de conduire occupe une place de choix dans la chaîne des mesures susceptibles de nous garantir le « Zéro accident ». Avant qu’une réforme de fond ne s’impose avec toutes les sophistications contemporaines, du permis à points au permis à puce électronique, il y a un préalable. Il faut fermer la boutique des permis de complaisance, des permis achetés, des permis falsifiés, des permis trafiqués. Le permis de conduire est une attestation. Il témoigne de l’aptitude du titulaire à tenir la route. Il n’est donc ni à banaliser ni à « banabanaliser », pour nous autoriser ce néologisme. N’oublions pas ce qui est communément appelé « La visite technique ». A voir l’état physique ou de marche de certains véhicules, on s’interroge comme l’autre :  » On est où là ? »

Enfin, les individus dans le cadre du « Zéro accident », doivent s’astreindre à une discipline rigoureuse : s’obliger de porter la ceinture de sécurité, s’interdire de faire des excès de vitesse dans les agglomérations, ou de conduire en état d’ébriété, éviter l’usage du téléphone portable au volant. « Zéro accident » sur nos routes, c’est la vie qui triomphe au Bénin. Pour que triomphe le développement au profit des Béninois.

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