Affaire Patrice Talon : voici les arguments fournis par les avocats de Talon et Boko aux juges français

Ce mercredi 23 octobre 2013 s’est tenue à la Cour d’Appel de Paris une audience sur la demande d’extradition vers le Bénin du richissime homme d’affaires Patrice Talon et de son compatriote Olivier Boko. Ces citoyens béninois sont accusés par les Autorités béninoises d’avoir ourdi un plan pour assassiner et renverser le Président Boni Yayi. L’audience d’hier s’est soldée par le renvoi en délibéré du dossier au 04 décembre.

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Nous revenons sur ce procès en vous présentant les arguments fournis par les avocats de Talon et Boko aux Juges de la Chambre d’Instruction. Ils ont eux-mêmes résumé ces arguments dans une interview, à chaud, faite à des journalistes sur place à la Cour d’Appel de Paris ce mercredi. Lisez ci-dessous la transcription de la vidéo.

Vous voudriez revenir sur les grands arguments que vous avez mis en avant au cours de votre plaidoirie ?

Me Bourdon : Ça a été de répéter ce qui a été présenté par le parquet  général. L’argument présenté par l’Etat du Bénin, sur le plan juridique, n’était pas fondé, n’était pas recevable, constatant qu’il n’y a aucune espèce de garantie ni pour monsieur Talon, ni pour monsieur Boko de pouvoir bénéficier  d’un procès équitable à Cotonou. Le principe ici en France, dans les pays démocratique,  c’est qu’on n’extrade pas les gens si on n’est pas sûr qu’ils bénéficient de toutes les garanties de la procédure. L’évidence, cette demande d’extradition s’apparente à une tentative d’instrumentalisation judicaire qui a échouée. Et elle est adossée à un procès, à une procédure qui ressemble véritablement à un coup monté  de façon malheureusement tristement, de façon si partielle, si triviale que j’ai envie de dire que les masques sont tombés. L’Etat du Bénin a fabriqué ce dossier pour essayer de récupérer monsieur Talon et monsieur Boko. Et comme ici l’Etat de droit est vrai, de façon solide, de façon effective,  on doit être confiant pour la suite de la procédure. Je vais laisser la parole  à mes deux confrères.

Me Djogbénou, il y a eu une discussion sur l’arrêt de la Cour d’Appel de Cotonou. Après l’arrêt du juge Houssou, il y a  eu un autre arrêt. Est-ce que vous pouvez nous résumer un  tout petit peu ces questions-là ?

Me Djogbénou : En réalité la question se pose de savoir si les charges existent encore d’une part et d’autre part si le mandat d’arrêt international a encore une efficacité juridique. Sur le premier volet, les charges n’existent plus parce que le non-lieu est un non-lieu à la fois en fait et en  droit et donc il y a une impossibilité juridique d’avoir à revenir. Même si monsieur Talon était remis à la justice béninoise. Et deuxièmement, vous voyez bien que le premier juge, le juge d’instruction a prononcé la main levée  du mandat d’arrêt international. Vous allez observer que l’arrêt de la Chambre d’Accusation de la Cour d’Appel de Cotonou ne s’est pas  prononcée distinctement sur le mandat d’arrêt levé par le juge d’instruction de sorte aujourd’hui que ce mandat d’arrêt est anéanti. Progressivement, c’est la fin d’une fiction. Et comme toutes les fictions, la fin est toujours consacrée par la victoire de celui qui paraît être le bon. Je pense que le 4 décembre prochain, nous aurons la victoire du bien. La victoire évidemment de monsieur Boko et de monsieur Talon qui n’ont rien à faire avec les affaires dont on parle. Je voudrais finir par dire qu’il faut que les autorités béninoises arrêtent de considérer que leur seul programme de société c’est l’extradition de monsieur Talon. Il faut que le pays vive. Il faut que le pays ne soit plus suspendu. Il n’y a plus rien à faire, chacun doit pouvoir aller au travail. Monsieur Boni Yayi a seulement quelques deux ans à faire, il faut qu’il les consacre utilement à faire quelque chose de bien  et il faut qu’il appelle les uns et les autres à l’aider à faire quelque chose d’utile et de profitable à tout le monde. Il faudrait que nous puissions envisager déjà l’avenir, le futur. Il faut que l’avenir soit assuré, il faut que le Bénin revienne. Merci beaucoup.

Me Quenum, vous avez un mot à ajouter ? Le ministère public est allé dans le sens pratiquement de ce que vous plaidez. Est-ce que vous avez été surpris ?

Me Quenum : Non, on n’a été surpris parce qu’initialement, on l’avait déjà dit, ce dossier n’aurait pas dû continuer d’exister.
On l’a fait tenir de façon artificieuse et aujourd’hui le ministère public demandeur à l’extradition du côté de l’Etat béninois s’est aperçu donc que c’était  une tentative d’instrumentalisation qu’il a prononcé. D’ailleurs, vous avez dû remarquer que les avocats béninois du Chef de l’Etat béninois ne sont pas venus au procès. Il faut donc dire que ils ont commencé par sortir de ce dossier à reculons parce que  ils n’avaient plus rien à démonter, ils n’avaient plus rien à faire valoir. Il est temps donc qu’on arrête et surtout qu’on arrête l’ardeur procédurière qui se fait au Bénin au détriment de personnes qui sont indument détenus qu’on fait donc dépendre de l’issue du procès à Paris. L’issue du procès, c’est encore pour le 4 décembre.

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