Boni Yayi ou l’art de divertir

Nous avions dit dans notre édition de lundi dernier, que cette réunion de crise convoquée  tard dans la nuit de dimanche, par bande défilante sur la chaîne nationale, autour de la question des élections communales,  n’était qu’une vaste opération de diversion, symptomatique de la gouvernance Yayi.

Publicité

Eh bien,  combien nous avions raison! Le Président Yayi a l’art de créer les évènements de toutes pièces,  quand l’attention de tout le monde est rivée sur un autre. La révision de la Constitution était le sujet principal  qui faisait les gorges chaudes, depuis un certain temps, dans les deux camps, jusqu’à ce débat organisé par la Fondation Friedisch Ebert, où les représentants du gouvernement ont été mis en déroute. Ces derniers temps, on a observé une certaine accalmie, comme si, quelque part, l’ordre avait  été donné de baisser le pavillon. L’annonce de cette  séance de travail impromptue à l’avant-veille d’un  jour férié, tombait comme un cheveu sur la soupe, avec cette évocation pour le moins incongrue de la tenue des Municipales avant la fin de l’année 2013. On tombait des nues ! Comment peut-on raisonnablement parler, à la mi-octobre, de l’organisation des Municipales, à moins de 75 jours de la fin de l’année 2013, sans Cena installée, et surtout sans liste électorale? Aussi, était-on curieux de savoir ce qui allait se passer, ce lundi, à la Présidence, avec tous les présidents d’institutions, convoqués à la hussarde pour une réunion qui ne les concernait guère.

             Et ça n’a pas raté ! L’interminable séance de travail (près de trois heures d’horloge!) dont l’Ortb aurait dû nous épargner la diffusion, a mis à nu le mode de gestion brouillon du gouvernement Yayi,  la légèreté avec laquelle les affaires de l’Etat sont conduites, ainsi que les dysfonctionnements entretenus de toutes pièces, pour  retarder à dessein l’organisation d’une échéance électorale pourtant prévue par la Constitution. On a vu un président du Cos-lepi, contredit ouvertement par un de ses pairs sur le chronogramme,  et lui d’avouer, sur le mode tout à fait naturel, que ledit chronogramme n’a pas encore été adopté en plénière. On croit rêver ! Mais on est où là,  et de qui se moque-t-on? Comment peut-on avoir convoqué une réunion de ce genre, sans avoir rédigé, ne serait-ce qu’un rapport  d’étape, lu et non  parlé, pour une mission nationale débutée  quelques cinq mois plus tôt? Que veut-on encore inventer dans ce pays, en matière de recensement de la population des électeurs, dans un pays où il existe un organisme, l’INSAE, qui a acquis une expertise indéniable en matière de Recensement général de la population globale de tout le pays? Pourquoi la correction d’une Lépi, pour laquelle les étrangers venus du Mali et du Tchad, à  en  croire le Président du Cos Lepi, ont déjà décerné des médailles d’or,  doit prendre plus de temps que sa confection qui nous a déjà coûté des milliards de nos francs ? Dans un pays qui aspire à l’émergence et à la modernité, peut-on encore organiser des réunions interminables, inspirées de l’arbre à palabre africain, où tout le monde parle sans fin des mêmes choses ? Quelle est la feuille de route de ce Cos-lepi et dans quel délai doit-il faire le travail à lui confié ? Dans quel pays du monde peut-on confier une mission à une commission, sans lui donner le délai dans lequel, elle est tenue de faire  le travail?

                                 Autant de questions qui montrent, à suffisance, que tout est fait à dessein pour que les élections communales ne se tiennent pas, avant que les esprits malins  empêtrés dans les calculs politiciens, aient décidé de les organiser à la date qui leur convient. Sinon, comment le Président de la République peut-il continuer de marteler, de voir les élections se tenir avant la fin de l’année, alors qu’il n’y a pas de Cena, ni de liste électorale, et que son frère ethnique Chabi Sika, et voisin de quartier à Tchaourou, lui démontre que rien ne peut se faire avant septembre 2014? Et qu’il sait pertinemment que le Cos-lepi n’a jamais eu à sa disposition les moyens de sa mission,  et, bien  pire, le Président Yayi sait que rien n’a été prévu dans le Budget de l’année en cours, pour l’organisation de  ces élections. Il apparaît clairement que la fameuse séance de concertation de la Présidence, a été une occasion en or pour le Président Yayi et son gouvernement, de se dédouaner à peu de frais,  et de rejeter la responsabilité du retard sur le Parlement accusé d’entretenir des querelles byzantines. Il savait pertinemment, depuis son fameux KO de triste mémoire, que les Maires élus en 2008 devaient finir leur mandat  en 2013. Il devrait savoir enfin que  dans un  pays qui n’est pas en guerre et  qui n’a connu aucun cataclysme, cyclone ou inondation, un gouvernement sérieux ne peut pas manquer de trouver moins d’une centaine de milliards  dans un budget  de plus de 1000 milliards proclamés à cor et à cri,  pour organiser des élections prévues de longue date. Quelle  preuve voudrait –on avoir encore de la mauvaise foi et de l’incompétence de ceux qui nous dirigent ? 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité