Location de chambres à l’UAC : l’arrivée de nouveaux étudiants crée la surenchère

Comme tous les ans, l’Université d’Abomey-Calavi reçoit des milliers d’étudiants. Les résidences universitaires ne pouvant les contenir tous, ces étudiants, contraints de rester dans les environs, n’ont d’autres choix que de trouver une maison dans le ‘’village universitaire’’. Où le loyer ne cesse de grimper. 

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Dans les années 80, le loyer dans le village universitaire tournait autour de deux mille francs (2.000) CFA. En 2013, il faut au minimum douze mille francs (12.000) F CFA pour se trouver une chambre-un salon dans les environs de l’Université d’Abomey-Calavi. Sans oublier les frais connexes (le Wc, l’électricité et par endroit l’eau). Le prix du loyer grimpe au fil des années, et ceci au grand dam des étudiants de plus en plus nombreux. En ce début d’année académique, nombreux sont ces nouveaux bacheliers qui font déjà le déplacement dans la Commune d’Abomey-Calavi, en provenance des quatre coins du pays. Cette croissance exponentielle de la population universitaire, accroît également la demande de chambres dans le village universitaire. Toutes choses qui s’avèrent être une opportunité pour les propriétaires, qui parfois abusent.

Se trouver un toit étant une obligation, et surtout à proximité du campus pour minimiser le coût du transport et faciliter leurs études supérieures, les étudiants n’ont pas d’autre choix, à en croire Roméo Tossou, nouveau bachelier venu de la Commune de Tchaourou. C’est son envie de changer de milieu, après l’obtention du Baccalauréat, qui l’a conduit à Abomey-Calavi pour ses études universitaires. Mais seulement, Roméo qui réside désormais dans le quartier Godomey avec un ami, déclare avoir rencontré beaucoup de difficultés avant de s’offrir la pièce « entrer-coucher ». «Je me suis d’abord confié à un démarcheur qui m’a pris deux mille (2.000) FCFA pour m’aider à trouver une chambre. Mais, cette tentative n’a pas abouti», confie-t-il. «La chambre dans laquelle j’habite, poursuit-il, je l’ai trouvée grâce à l’aide d’un ami. Mais, cette entrer-coucher me coûte dix mille (10.000) FCFA», s’indigne-t-il. La réaction de Roméo n’est pas étonnante, car aux dires de Bertrand Amavi, qui a déjà fait quatre ans dans le village universitaire, pour raison d’étude, sa chambre,  » une chambre un salon » ordinaire, a été louée en 2009 à dix mille (10.000) F Cfa également. «Mais, depuis peu, le propriétaire exige douze mille cinq cents (12.500) F Cfa, sous peine d’expulsion», ajoute-t-il.

Ainsi, sans aucune forme de procédure, ni rénovation aucune, le coût du loyer dans le village universitaire augmente de jour en jour, et constitue un poids pour ces clients de choix (les étudiants).

On se défend

Qu’est ce qui justifie cette augmentation du coût du loyer dans les quartiers environnants du campus universitaire, que les étudiants appellent le village universitaire ? «La cherté des matériaux et le prix d’acquisition d’une parcelle», se défend un propriétaire de maison dans le village, qui a requis l’anonymat. «Avant, les parcelles ne coutaient pas chères, avec quelques centaines de mille tu avais une parcelle de 25 mètres sur 15 mètres, mais aujourd’hui pour la même chose, il faut des millions», explique le propriétaire de maisons, qui fait constater que le prix du ciment, de la barre de fer et autres matériaux nécessaires à la construction d’une maison, a augmenté. Si cet argumentaire du propriétaire semble plausible, il fait fi d’un critère très important, l’état des maisons.

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L’état des maisons mis en cause

Outre l’aspect pécuniaire, les locataires étudiants se plaignent de l’état des chambres mises à leur disposition contre de fortes sommes. L’accessibilité aux maisons, l’aspect de la cour, l’état des chambres, les conditions de vie en période de pluies, sont quelques-unes des raisons avancées par les étudiants. Pour eux, la plupart des maisons dans le village universitaire ne bénéficient pas d’une attention particulière de la part des propriétaires, en matière d’entretien. «Dans ma chambre, la toiture à l’arrière-cour coule, et cela se constate en ces périodes de pluies», a confié Roméo. Pour lui, cette situation n’arrange pas, puisqu’il faudra déposer certains effets à l’arrière-cour. Etudiant résidant dans le village universitaire, Bertrand lui se plaint plutôt de l’état défectueux de sa chambre, déjà non crépi, et du puisard qui dégage de mauvaises odeurs.

Nécessité de recadrer les prix de loyer

La fixation de façon fantaisiste des coûts de loyer, est criarde dans le village universitaire, mais cette situation n’est pas différente dans les autres quartiers des départements du Littoral et de l’Atlantique, où le nombre d’habitants au kilomètre carré avoisine les 500. Dans ces 2 départements, les plus peuplés du Bénin, se trouver un endroit pour résider est un véritable chemin de croix. La demande de maison est chaque jour croissante, alors que les parcelles à construire se font de plus en plus rares. Cette inadéquation entre l’offre et la demande, crée la surenchère au niveau du coût des loyers. Si cette surenchère peut être considérée par les économistes comme logique, il est à souligner que la location de maison relève du social. Ainsi donc, il ne saurait être laissé à la seule discrétion et à l’humeur des propriétaires, qui de façon vraiment fantaisiste, fixent le coût du loyer, sans pour autant tenir compte des caractéristiques de la maison, exigent plusieurs mois de loyers d’avance, en guise de caution. C’est ce que témoigne Ludovic, un locataire de maison à Cotonou. «Ma chambre, je la loue à 35.000 F Cfa. Pour l’intégrer, j’ai d’abord payé un mois au démarcheur qui me l’a trouvée, 5 mois de caution et 3 mois d’avance. Sans oublier la caution pour l’électricité qui est de 20.000 F Cfa et 20.000 F Cfa pour la vidange de la fosse sceptique», confie-t-il avec beaucoup de désolation et d’amertume.

Du fait de ces nombreux mois de caution et d’avance sur loyer exigés par les propriétaires, à Cotonou et environs, il est difficile au Béninois moyen, de s’acquitter régulièrement de son loyer et d’avoir une habitation.

Les coûts de loyer étant donc fantaisistes, alors même que la location de chambre relève du domaine du social, il s’avère nécessaire pour les dirigeants, notamment les élus de la Nation de voter une loi visant à recadrer les coûts de loyer. Cela y va du bien-être de la population qui les a élus.

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