Réquisitoire d’Alpha Condé contre la Cpi : «Nous avons une Cpi borgne»

Visiblement la liste des dirigeants frondeurs contre la Cpi se rallonge. Après le numéro un rwandais,  c’est le président guinéen qui a sorti ses griffes contre la cour pénale internationale. Invité spécial de l’émission «Le débat Bbc Afrique – Africa n°1», le professeur Alpha Condé n’a pas marché ses mots pour fustiger le deux poids deux mesures que ses pairs dénoncent au sujet de l’interpellation récurrente de dirigeants africains étiquetés d’auteur de «crime contre l’humanité»

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Au détour du débat qui portait sur la situation politique dans son pays et sur le continent africain, le dirigeant guinéen s’est prononcé sur la question du retrait des pays africains de la Cpi. Pour lui, la Cpi exaspère de plus en plus les dirigeants africains. Dit-il, «Il ne faut pas une Cpi borgne qui ne voit que l’Afrique. Il y a beaucoup de dirigeants -occidentaux- qui méritent de passer devant la Cpi mais qui ne sont pas poursuivis. Mais curieusement, il n’y a que des chefs d’Etats africains qui sont poursuivis. Aujourd’hui tous les dirigeants africains sont excédés par cette façon unilatérale de ne poursuivre que des chefs d’Etats africains». Son pays, à l’en croire, ne va pas se soustraire du retrait en masse des pays africains si cette décision était votée par l’Ua dont il fait partie.

Gbagbo, la pierre d’achoppement

Le couac de la Cpi qui irrite les dirigeants africains est le cas du président ivoirien Laurent Gbagbo. Malgré l’insuffisance des charges pour l’inculper de crime contre l’humanité, Laurent Gbagbo est toujours gardé en détention à la Haye. Celui-ci ajouté aux cas des dirigeants kényans mis sur la sellette, dans les couloirs de l’Ua, l’agacement monte. Chaque dirigeant africain se demande à qui le tour. A mon collègue ou à moi. A cet effet, un sommet spécial dont l’ordre du jour est consacré à un «retrait en masse » des pays africains de la Cpi, se tiendra le 13 octobre prochain à Addis-Abeba (Ethiopie).

Débordé, le Président Alpha Condé a déclaré au cours du débat «Nous nous posons la question de savoir pourquoi, seuls les chefs d’Etats africains sont poursuivis. Nous allons discuter de cette question à la prochaine réunion de l’Ua, le 13 octobre ». Il argumente avec le cas kényan où les populations ont déjà passé l’éponge. Puisqu’il y a la paix dans ce pays, Alpha Condé ne comprend pas pourquoi la Cpi recherche des poux sur une tête rasée. Poursuit-il, à partir du moment où les protagonistes ont fait la paix et que le Kenya peut aller de l’avant, il faut les encourager plutôt que remuer le couteau dans la plaie. «Que veut la Cpi au Kenya ? Le bonheur du peuple ou simplement condamner des gens pour le plaisir de les condamner», se demande le président guinéen.

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