La situation que vit le fils de l'ancien président sénégalais ne laisse pas indifférent le vaillant peuple du pays de la Téranga. Pendant que certains se réjouissent, non pas du sort du fils de leur ex-président bien-aimé, mais plutôt de la quête de la bonne gouvernance qu'illustre cette affaire, d'autres se plaignent de ce qu'ils appellent un acharnement. Décryptage.
Faut-il plaindre ou se réjouir du sort de Karim Wade. Rappelons le début de l'affaire, l'ancien super ministre d'Abdoulaye Wade et accessoirement son fils (un pur hasard) est accusé d'enrichissement illicite et maintenu en détention depuis quelque temps déjà. Le sénégal est depuis lors divisé en deux camps. Celui de ceux pour qui cette poursuite est une bonne nouvelle qui prouve que le nouveau gouvernement cherche à moraliser la vie publique. Puisque, en apparence tout au moins, il s'agit bel et bien d'une moralisation de la vie publique. Et le camp de ceux pour qui le président Macky Sall et son gouvernement s'acharnent contre le fils de wade à défaut de pouvoir s'en prendre à Wade lui-même.
Mais la question que devrait se poser tout sénégalais épris de justice est : Karim Wade détient-il effectivement les sommes annoncées? Si oui le débat ne se poserait normalement plus. Puisque, même avec ses nombreuses responsabilités, il est tout à fait impossible de réunir légalement une telle somme... en une si courte période. Mais la tournure que prennent les derniers événements risque d'inverser le capital sympathie que détient le gouvernement actuel dans cette affaire. Beaucoup de voix s'élèvent d'ores et déjà pour dénoncer un acharnement politique suite au maintien en détention de Karim. Certains le voient déjà, grâce à cette affaire, en bon candidat pour le PDS contre Macky Sall en 2017. Dans les coulisses de l'opposition, il se susurre même que l'actuel président cherche par tous les moyens à le garder au frais, au moins jusqu'à la prochaine présidentielle.
Il faut le dire, le capital sympathie de Karim est au beau fixe. Lui qui était critiqué pour sa vie de jet-setteur, ses costumes toujours fringants, a beaucoup changé. En apparence? Personne ne saurait le confirmer. Karim Wade apparaît depuis quelques mois en tenue locale, en boubou ou djellabba. Karim s'enracine de plus en plus dans la prière, en bon sénégalais. Mais si d'aventure ce dernier venait à se sortir de ce bourbier, tout en étant coupable (supposition ndlr) en vrai, les sénégalais devraient se souvenir que "qui vole un oeuf volera un boeuf"... si toutefois, les milliards cités dans cette affaire peuvent être considérés comme un oeuf... Les peuples ont la mémoire fragile... Bien de burkinabè ont oublié qui était l'auteur de la disparition de leur héros... Bien de kényans soutiennent leur actuel président... Bien de béninois ont oublié la période révolutionnaire et ses crimes. Bien de guinéens oublient d'où ils viennent et tout ce qu'ils ont traversé. L'assertion selon laquelle les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent prend sûrement son origine en Afrique. En attendant, que vive l'impunité... Aléa jacta es!
