Assemblée nationale : naissance d’un G9 pour faire échec à la révision de la Constitution

La bataille autours du projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990, est d’ores et déjà engagée au sein du Parlement. La création hier d’un nouveau groupe parlementaire dénommé «Cohésion Nationale et Paix», n’est qu’un signal fort lancé par une certaine classe politique opposée à ce projet du Président de la République.

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Un peu comme le G13 en 2008, ce tout nouveau groupe parlementaire de neuf députés, est un gigantesque os qui vient se loger dans la gorge de Boni Yayi. Après une première lecture, on se demande bien ce que ce groupe de neuf députés peut avoir en commun, puisqu’ils proviennent de partis venant de divers horizons politiques. Deux députés Fcbe : Candide Azannaï et Ahouanougan Koffi ; deux députés élus sur la liste Force Espoir-Upr : Issa Salifou et Antoine Dayori ; un député de l’Union fait la Nation (Un) : Saka Fikara ; un député de l’Alliance force dans l’unité (Afu) proche de la mouvance présidentielle : Boni Samari ; et trois députés dissidents de la Renaissance du Bénin (Rb) : Parfait Houangni, Epiphane Quenum et Ali Camarou. Mais, à y voir de près, on finit par comprendre que ce gotha parlementaire a pour dénominateur commun l’esprit de «rébellion». Rébellion en ce sens qu’ils ne veulent pas se laisser manipuler, mais plutôt veulent tenir tête à tout courant qui n’épouse pas le leur. On se rappelle de l’emblématique G13, qui a tenu tête à Boni Yayi, au cours de son premier mandat. Un groupe parlementaire auquel ont participé Issa Salifou et Antoine Dayori. Quant à Candide Azannaï, Saka Fikara et Boni Samari, on n’ignore pas leur statut de pourfendeur irréductible du pouvoir en place. Quant à Epiphane Quenum, Ali Camarou et Parfait Houangni, ils ont encore tout récemment démontré, en quittant la Rb, leur caractère rebelle. C’est dire donc que ce G9 qui a vu le jour, va certainement troubler le sommeil de Boni Yayi, qui a déjà prouvé à quel point il tient à son projet de réforme constitutionnelle. Aussi, le discours de Candide Azannaï, qui a consacré la naissance de ce nouveau groupe parlementaire, a posé les bases de ce qui sera la mission des neuf (09). Celui-ci a laissé entendre que : «il y a lieu de constater que le pacte conclu lors de l’historique Conférence Nationale de février 1990, par le Peuple Béninois, est dangereusement menacé, car aucune réforme politique et économique, contrairement à ce qui se fait ces temps-ci, ne devrait s’écarter du cadre et des principes du libéralisme, tels qu’affirmés dans les professions de Foi et les engagements consacrés dans le Préambule de la Loi N° 90-32 du 11 décembre 1990, portant Constitution de la République du Bénin». Mieux, il poursuit en ajoutant que «la gravité des inquiétudes, fort perceptibles par chacune et par chacun, appelle un urgent besoin d’examen des rapports de forces au sein du Parlement, dans la perspective d’un équilibrage politique nouveau à la hauteur des défis qu’impose la nécessité de l’apaisement des tensions latentes ou déjà ouvertes». L’objectif, au regard de ces déclarations, est suffisamment clair. Il sera question d’équilibrer un peu les forces, en réunissant une minorité de blocage du projet de révision de la Constitution. Dans ces conditions, c’est la majorité des 2/3, requise pour réviser, qui s’éloigne de plus en plus.

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