Bénin : L’Union fait la Nation s’affirme après la traversée du désert

Convention nationale, université de vacances, formations à l’intention des jeunes, tournées de prise de contact avec la population à la base… L’Union fait la Nation multiplie les initiatives, pour s’affirmer davantage sur l’échiquier politique national. Comme pour conjuguer au passé les turbulences du lendemain des présidentielle de 2011.

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En 2011, quand au lendemain de l’élection présidentielle de mars, l’Union fait la Nation s’est illustrée par des démissions en cascade de ses mouvements politiques partenaires, on a crié à la fin programmée d’une initiative qui avait fait rêvé plus d’un. En 2012, quand les divisions intestines entre les autres partis de l’Union et le Prd ont été exposées au grand jour, on a crié à l’amateurisme politique et à la trahison des électeurs, militants et sympathisants. Et pourtant. Tout n’était pas tout à fait perdu. Et ceux qui ont gardé un brin d’espoir et d’optimisme pour l’avenir de cette alliance, dont la création et la consolidation devrait bouleverser le paysage politique national, doivent sans doute se dire depuis un moment : «on avait donc raison d’y croire». Après la période d’incertitude, marquée par les démissions en cascade de la Rb, de Edmond Agoua et Cyriaque Domingo, Dansou Dossa et autre, les tiraillements avec le Prd sur la transformation de l’Union en parti politique, l’Union fait la Nation, plus grande alliance politique de l’opposition, a repris du poil de la bête. Cette alliance qui a présenté un candidat unique – Adrien Houngbédji – à l’élection présidentielle de mars 2011, multiplie les initiatives pour se positionner en creuset politique exemplaire – dans le contexte béninois.

Préparer la relève

La toute dernière initiative en date, c’est les Journées Parlementaire de l’Un tenues le week-end dernier, dans les départements de l’Ouémé-Plateau. Ces journées ont permis aux participants (députés et cadres de l’alliance) d’être suffisamment outillés pour débattre du Budget Général de l’Etat, exercice 2014. Le mois de septembre dernier, l’alliance a organisé une université de vacances, consacrée uniquement à sa jeunesse. Ce rendez-vous du donner et du recevoir, entre la jeunesse et les ainés de l’alliance, avait pour objectif de doter les jeunes membres d’outils nécessaires de militantisme politique et social. Avant et après cette université de vacances, les séances de formation et de sensibilisation des jeunes du parti, sur diverses thématiques touchant à l’histoire politique du Bénin et l’actualité politique nationale, n’ont pas manqué. Parlant de jeunesse, il faut noter qu’en mai 2013, la jeunesse de l’Union a tenu sa première Convention nationale. Organisée conformément à l’article 21 de ses Statuts, cette convention a permis à l’Un de se doter de véritables structures de jeunes. Constat patent : les initiatives à l’intention de l’organisation, et la formation des jeunes de l’Alliance, se multiplient. Comme pour dire : «on a raté le coach, formons les jeunes pour qu’ils ne commettent pas les mêmes erreurs que nous». Au Bénin, la formation à l’engagement de la jeunesse, constitue la dernière préoccupation de l’organisation politique. A la veille des échéances électorales, les clubs électoraux se ruent vers les jeunes (bétail électoral), pour les instrumentaliser à des fins politiciennes. Dans ce contexte, il faut sans doute encourager l’Union fait la Nation, qui fait de l’avenir politique des jeunes une préoccupation. Car, la relève, la bonne, doit se préparer dans tous les domaines. Surtout quand on sait tous ce qu’est la classe politique actuelle, et ce qu’elle vaut.

De la déception à l’assurance ?

L’Union fait la Nation a commencé à prendre ses marques, déjà à partir de mai 2012, après une longue période de léthargie. Le 10 mai, Idji Kolawolé, alors Président du groupe parlementaire Un, avait fait une déclaration à l’hémicycle, invitant à «des mesures urgentes et nécessaires», pour corriger le Fichier électoral. Cette déclaration de Kolawolé a d’ailleurs entrainé le déclenchement au niveau parlementaire, et ce de façon concrète, du processus de correction de la Lépi. On se rappelle encore les différentes réunions tenues, sur initiative de l’Un, par  la Conférence des Présidents de l’Assemblée Nationale, autour de la question de la Lépi. C’était un grand coup pour une alliance qui se battait à l’époque pour se remettre sur pieds.

Le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) a habitué les observateurs de la vie politique béninoise à ses universités de vacances. L’an dernier, le parti a innové avec des séminaires à l’intention de ses cadres, sur les sujets majeurs de l’actualité, tels que les réformes portuaires (Pvi), la réforme du secteur coton, et la Lépi. C’est la dynamique de formation et d’information des cadres et militants du parti. On peut, sans risque de se tromper, dire que le Prd n’est plus seul dans cette logique.

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Dans son discours prononcé le 21 avril 2012 à Pobè, lors du congrès du Madep – parti membre de l’Un – Célestine Zanou avait affirmé avec amertume : «C’est donc la mort dans l’âme que je m’adresse à vous. C’est avec un profond  regret que je constate l’effritement progressif de l’Union fait la Nation (UN)… Il est vrai qu’en politique, «la trahison n’est qu’une question de temps», mais depuis 2011, au sortir à peine des élections, et ces dernières semaines,  les rubiconds franchis par les uns et les autres, n’ont pas leur raison d’être, et  c’est bien dommage. Même si nous nous consolons de certains faits, comme la détermination des leaders charismatiques de l’UN,  il est évident que l’image du moment qu’offre l’UN, est bien celle de la désolation, de la déprime,  et c’est déroutant pour le Peuple, que nous sommes censés éclairer, guider et gouverner.»

«L’UN était un acquis, dans la droite ligne de la réforme du système partisan au Bénin, et de la préparation de la relève politique, dans les conditions optimales de qualité où les anciens crédibles continueraient à jouer un rôle de conseil (…) Confortez l’UN, confortez l’UN, sonnez le rassemblement…» Avait ajouté la «gracieuse» Présidente du mouvement Dynamique du Changement pour un Bénin Debout.

Les responsables de l’Un ont sans doute répondu favorablement à son exhortation. Pourvu que l’alliance aille encore plus loin. Et fasse école au niveau des autres principales alliances politiques, que sont Abt (Alliance pour un Bénin Triomphant d’Abdoulaye Bio Tchané) et les Fcbe – la famille politique de Boni Yayi. Si la première semble amorphe, la seconde (Fcbe) est souffrante. Et attend le diagnostic adéquat, puis la guérison. 

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