Que deviennent les projets que finance le Japon, après leur mise en œuvre au Bénin ? Telle est la préoccupation qui a amenée une délégation de l’Ambassade du Japon et de l’Agence Japonaise de Coopération Internationale (Jica) sur le terrain, mercredi dernier. Successivement, elle a visité l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant (Homel), les collecteurs A et B de la ville de Cotonou, et le Port de pêche artisanale de Cotonou (Popac).
«Nous souhaitons saisir cette opportunité pour dire que, pour obtenir le développement du Bénin, la coopération internationale seule ne suffit pas, il faut la participation du Peuple béninois. Sans le concours des bénéficiaires, aucun développement n’est possible». Ce message adressé par S.e.m Daini Tsukahara, Ambassadeur du Japon, au Peuple béninois, lors du déjeuner de presse organisé à l’issue de cette visite de terrain, est bien illustratif de l’esprit de cette activité. Il s’agit pour le Japon, d’attirer l’attention de notre Peuple sur l’importance de sa contribution au développement du Bénin. C’est d’ailleurs ce qui explique cette visite de trois projets, déjà en phase d’exécution. «Cette visite revêt pour nous une importance capitale. Nous voulons voir comment ces infrastructures financées par le Peuple japonais sont entretenus», précise Naoyuki Watanabe, Chef de la Coopération à l’Ambassade du Japon. Le premier site visité est l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant (Homel), le seul certifié Iso du pays. La délégation conduite par Toru Togawa, Représentant Résident de la Jica, et Naoyuki Watanabe, Chef de la Coopération, est accueillie par la Directrice, Mme Prudencia Hounkponou Hounsou, qui explique l’importance de l’investissement japonais dans ce centre. Environ 6,0135 milliards de F Cfa ont été investis depuis 2007, par la Jica, pour aménager les installations, équiper l’hôpital en matériels, comme des appareils de radiographie et de laboratoire, des plateaux techniques de bloc opératoire, des lits, des tables d’accouchements, des crèches… La Jica a aussi financé la construction d’un nouveau bâtiment pour la pédiatrie, la néo-natologie, et une salle d’accouchement. Tour à tour, la délégation a bénéficié d’une visite guidée par le Gynécologue Justin Dénakpo, à l’Urgence accouchement, la salle des urgences, la salle de dilatation et la salle d’accouchement. Occasion pour elle de découvrir une forme nouvelle d’accouchement, «l’accouchement humanisé», importé du Japon, et qui permet à la femme d’accoucher dans toutes les positions voulues par elle-même. Mais, l’autre savoir- faire japonais dont bénéficie cet hôpital et qui fait de lui l’un des plus propres du pays, c’est la méthode «5 S-Kaizen» qui est la succession de cinq actions : séparer, systématiser, salubrité, standardiser et se discipliner. «C’est une méthode universelle, peu coûteuse et applicable partout. Elle permet d’améliorer tous les indicateurs de santé», précise Mme Généviève Batossi. A la Pédiatrie, à la Néonatologie et même dans les laboratoires de Sérologie, Biochimie, Hématologie, Parasitologie, l’ordre, la propreté et la discipline sont partout, grâce au «5 S-Kaizen».
Collecteurs A et B : déception et incivisme
Cap sur la Direction des Services Techniques de la ville de Cotonou. La délégation japonaise, accompagnée de Marc Didier Doubogan, le Directeur, visite un vieux projet, le projet d’amélioration des installations d’évacuation des eaux pluviales de la ville de Cotonou. Grâce à un financement de 9, 175 milliards, on a construit 4,5 Km de collecteurs d’eaux de pluie, des trottoirs et des ponts, pour limiter les inondations sur 167 ha, afin d’améliorer l’hygiène sanitaire et diminuer le paludisme. Seulement ici, la pression anthropique et l’incivisme, entament gravement les infrastructures, avec les ordures, et les détritus de toutes sortes. Marc Didier Doubogan a déploré l’incivisme des populations.
Le boom des 3.000 tonnes de poisson
La délégation a visité enfin le Port de pêche artisanale de Cotonou (Popac). Sur les lieux, c’est Mme Gisèle Alapini Kakpo, Chef d’exploitation du Popac qui l’a accueillie. Ici aussi, le Japon a mis la main à la poche. Pour plus de 5 milliards, il a financé l’aménagement du Port, avec le Bloc administratif, un quai de débarquement, un slipway, et la fourniture des matériels de fabrique de glace, la chambre froide, le congélateur. Ce financement vise à améliorer l’efficacité de travail des pêcheurs et des usagers, dont les femmes. La preuve, déclare M. Togawa, «avec ses infrastructures et ses équipements, on est passé de 1.500 à 3.000 tonnes de poisson par an». Plus de 952 pêcheurs, 800 mareyeuses, 80 écailleuses, bénéficient directement de ce projet. Ici aussi, l’entretien des sites et des équipements appartiennent à l’autorité et aux pêcheurs. La Jica a aussi construit, toujours au Popac, un Foyer des femmes, avec une garderie, un dortoir et un réfectoire pour les femmes mareyeuses. Le tout pour un montant de 34 millions. Aussi la Jica envoie des volontaires pour assister les pêcheurs et les mareyeuses. Actuellement, deux d’entre eux sont sur le site.
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