Débat sur la crise à la Sodeco : les vraies raisons de l’acharnement du gouvernement

On attendait hier sur Canal 3, un vrai débat sur la crise de l’actionnariat à la Société de développement du coton (Sodeco), mais le gouvernement qui devrait prendre part à ce débat, a encore manqué le rendez-vous. En moins d’une semaine, il aura fait deux faux bonds, donnant ainsi à maints observateurs l’impression d’être le vrai prédateur de la filière coton.

Publicité

Après le fiasco du mercredi passé, des milliers de téléspectateurs s’attendaient, hier soir, à un  vrai débat qui puisse vraiment les éclairer et leur permettre de savoir de quel côté se trouve la vérité, dans cette polémique sur les 17,5% d’actions querellés par le gouvernement et la Société Commune de Participation (Scp).  Mais hier, le gouvernement a encore brillé par son absence. Pas de trace cette fois-ci du Dg de la Sonapra, Idrissou Bako, qui, la fois dernière, était venu «chauffer» les coulisses de l’émission, sans jamais participer au débat. Hier, il était absent. Un peu plus tôt,  il avait pris la peine d’informer le journaliste-présentateur de l’émission qu’il n’y sera pas. Raison avancée : il n’a pas reçu d’autorisation de ses supérieurs hiérarchiques pour participer à ce débat. Personne d’autre ne représentera le gouvernement à ce débat. Seuls les invités de la partie Sodeco, l’Administrateur Eustache Kotingan, le Dg Réné Togbé, et l’avocat de la Scp, Jospeh Djogbénou. Au prime abord, c’est le Dg  Togbé qui, en réplique aux allégations du ministre de l’Agriculture, a démontré, documents à l’appui, que la société a toujours déposé ses bilans régulièrement, lesquels sont certifiés et déposés au Greffe.  «Il n’y a donc pas de gestion opaque, ni solitaire», précise l’Administrateur Kotingan, qui ajoute que Mme Fatouma Amadou Djibril n’était pas bien informée, et qu’elle doit présenter des excuses à ses collègues Marcel de Souza et Jonas Gbian, qui étaient en son temps membres du Conseil d’Administration de la Sodeco.

Faux litige

Joseph Djogbénou reviendra sur les 17,5%  d’actions querellés. Il cite un article du dossier d’appel d’offres, qui stipule que «le concessionnaire doit être propriétaire des actions, jusqu’à ce que les conditions pour les porter en bourse soient réunies». Il rappellera ces conditions. Entre autres, la société doit présenter cinq bilans certifiés. Selon le Dossier d’appel d’offres et le contrat de cession, «Les actions sont portées par la Scp, tant qu’elles ne sont pas introduites en bourse», précise-t-il. Tout ce qui se fait actuellement, n’est que de l’expropriation illégale, faite en méconnaissance des textes et en violation de l’esprit de cette cession, avec en ligne de mire, le désengagement total de l’Etat de l’actionnariat de cette société. «Pour atteindre la croissance à deux chiffres, il faut respecter les contrats», ironise l’avocat, avant de conclure qu’il n’y a aucune difficulté de fonctionnement à la Sodeco, mais que c’est sur l’Etat que pèse la charge principale.

Une campagne difficile en vue

Mais, les vraies raisons de l’acharnement du gouvernement sont bien ailleurs. Cette société anonyme est régie par l’Ohada, et est l’une des meilleures sociétés de coton de la sous-région. Son capital social est de 35 milliards. Et l’Administrateur Kotingan de donner les exigences des égreneurs, pour la campagne 2013-2014.   «Les usines opposent un refus catégorique à l’égrenage à façon, qui a privé ces sociétés de leur objet social», déplore-t-il. En effet, l’égrenage à façon permet à l’Etat de confisquer la commercialisation du coton, et des produits dérivés, au détriment des usines contraints à tourner, seulement 4 mois sur 12, avec beaucoup de manques à gagner. Plus grave, l’Etat doit 12 milliards aux égreneurs, au titre de la campagne 2012-2013.  Il fera également d’autres révélations. Pour la campagne passée, il reste encore près de 100 tonnes de coton que le gouvernement n’a pas pu placer. Ce qui fait un manque à gagner de plus de 20 milliards. Tout ceci parce que l’Etat fait du commerce. On put comprendre que l’acharnement contre la Sodeco, est mû par la seule volonté de camoufler ces échecs de la campagne passée. Mais avant ça, il fallait bien prendre en main le Conseil d’Administration, pour avoir accès aux ressources de la société, afin de payer les nombreuses dettes qu’il a consenties lors des campagnes précédentes. C’est pour atteindre ce but que Ce comité interministériel installé à cet effet, a rompu tout dialogue avec Sodeco et les autres acteurs. «Le 18 septembre, nous les avons alertés, mais ils n’ont rien dit, précise M. Kotingan, qui ajoute que tant qu’ils ne seront pas payés, pas de travail», mais il a rassuré que la campagne ne sera pas sabotée. Une manière de déjouer l’Etat qui cherche des bouc-émissaires pour justifier ces échecs.  

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité



Publicité