Didier Awadi à l’Ifb : du rap qui plait, avec une touche africaine

Samedi 02 novembre dernier, c’est du rendez-vous  avec Didier Awadi, une des grandes figures du rap africain francophone,  que le public béninois est sorti avec une opinion plus permissive au rap, une musique sortie des ghettos américains. «Ils disent qu’ils nous aiment… pas d’ami dans le biz… c’est le Peuple qu’on abuse».

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Revendicatif et ardent défenseur de la cause des sans voix et du Peuple opprimé, le rappeur sénégalais d’origine béninoise, Didier Awadi, est resté égal à lui-même, dans son style musical, à l’Institut Français de Cotonou où il a donné un concert de rap, dans la soirée de ce samedi 02 novembre 2013. Egal à lui-même, il l’est aussi avec sa casquette mise dans sa forme fétiche. Inversée.

Au public venu en nombre, Didier Awadi a servi du rap comme on pouvait s’y attendre. Mais, pas n’importe quel rap.  Au rap sorti des ghettos afro-américains, il ajoute une marque sénégalaise inspirée du Mbala. Aux sons des instruments modernes de musique, se mélange le tambourinement du Djembé africain. Sa musique emprunte des autres genres pour s’enrichir. En dehors du Mbala, on y voit aussi un peu du Reggae. Et le tout donne une originalité, une spécificité.  C’est cette  spécificité qui lui a valu le  prix Rfi Découvertes  en 2003, que le public béninois est venu expérimenter.

Patrimoine révolutionné

Pour emballer le public dans ce concert,  Awadi a sorti le grand jeu, celui des artistes qui sont déjà montés sur plusieurs scènes. Il  l’a intéressé, lui a parlé de lui, l’a amené à se mirer à travers sa musique. Au menu, ses plus grands succès. «Parole d’Honneur», «Un autre monde est possible», «Sunugaal» et «Ma révolution», les productions musicales de l’artiste ont été toutes revisitées. Tellement le public demandait ses plus anciens succès, qu’il a lâché sur scène: «Le public de Cotonou est trop nostalgique». Les thèmes de ces morceaux sont d’actualité, avec une  grande audience auprès du public. Entre autres, la dette des pays africains, la gabegie, les putschs, les révisions opportunistes de constitutions, l’émigration clandestine et le patrimoine dilapidé. Ce dernier irrite le plus. Quand l’artiste entonne «Le patrimoine n’existe plus. On a tout dilapidé.» Du public s’élève «Révolutionné», un appel à la génération consciente. Mais, de tout le patrimoine, Awadi s’efforce de sauver quelque chose. Les rites et traditions musicaux africains d’où il puise des éléments pour révolutionner le rap.  Le public s’y retrouve et, à cœur vaillant, s’y emballe avec des pas de danse comme chacun pouvait y aller. La vedette Zeynab n’était pas du reste. Elle s’est invitée dans le show de Awadi, et ensemble, ils ont donné une preuve du nécessaire dialogue des peuples et cultures africains.

Hommages aux héros africains

Pas que revendicative. La musique d’Awadi est aussi espérance. Une espérance fondée sur des exemples à suivre, des héros Noirs. Dans «Président», un des succès de sa riche discographie, Awadi s’appuie sur Nelson Mandela, le Héros de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud, affectueusement appelé Madiba. Nul doute que c’est ce qui justifie la chanson zoulou en hommage à celui-ci, qu’il a reprise sur scène, ce samedi. Le concert était aussi une occasion de visiter les musiques populaires de toute l’Afrique.  A Thomas Sankara, il a voué un salut militaire dans son refrain «Capitaine Noël Isidore !» Auquel le public répond «Thomas Sankara !» Il n’a pas occulté Cheikh Anta Diop et Martin Luther King, dont les noms sont gravés dans les plus belles pages de l’Histoire. Et dans celles des concerts de l’Ifb, en commémoration du cinquantenaire au Bénin, Didier Awadi a déjà inscrit le sien samedi dernier.

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