Fanatisme religieux : quand le phénomène prend une allure dangereuse au Bénin

«Je ne suis pas d’accord avec ce que tu dis, mais je me battrai pour que tu aies le droit de le dire». Voltaire l’a dit. Le Bénin également. Ou du moins autrement, en prônant la laïcité comme principe cardinal dans sa Loi Fondamentale.

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Ce principe si cher, dont on se gargarise dans des discours officieux et officiels, ce principe en foi duquel les confessions religieuses sortent de terre comme des champignons, des fanatiques religieux sont en passe de  le fouler du pied.  

Ce dimanche 03 novembre 2013, soit 48 heures après le 1er novembre, jour où, selon leur conviction ou doctrine, certaines confessions religieuses commémorent les Saints, et par ricochets les morts, il a été donné de constater qu’une église dite évangélique, sise à Abomey-Calavi, s’en est vertement prise à cette pratique des religions sœurs. «Ozo!», «Ozo!», «Feu !», «Feu !», scandaient les fidèles de cette église – dont on voudrait taire le nom – chaque fois que le prédicateur évoquait la Fête de Toussaint et les cultes afférents. Comme arguments, ils prétendaient que cette fête est une pratique diabolique. Qu’il s’agit d’une fête à l’issue de laquelle des esprits de morts sont libérés dans la nature, avec pour effet de tourmenter les populations. Sans porter de gant, ils allaient dans toutes les formes d’aberrations susceptibles d’irriter les fidèles des confessions religieuses qui observent cette fête. Mégaphone à l’appui, le prédicateur et ses fidèles ont ridiculisé la pratique, allant jusqu’à citer des noms de saints chers à une des confessions religieuses pour qui la pratique est une tradition, et à invoquer le feu pour consumer, on ne sait quoi, on ne sait qui.

Il y a là de l’intolérance, de l’exacerbation dans le discours de certains fanatiques religieux.  De tels discours n’offrent pas le terreau dans lequel la Paix et l’Amour du prochain, recommandés par Jésus-Christ, dont ils se font les disciples, pourront se développer. On peut ne pas adhérer à telle ou telle autre pratique religieuse. C’est un choix, un droit inaliénable, autant que s’impose le devoir de respecter la conviction des autres.

La quantité ne fait pas la qualité. Et on le constate avec le nombre sans cesse croissant de lieux de culte, dans tous les coins et recoins de rues au Bénin. Ça n’arrive pas qu’aux autres. Et ceux chez qui les conflits religieux pourrissent l’atmosphère sociale, ne sont pas dans une galaxie loin de nous. Ils sont à côté, près de nous. Dans un tel contexte, il se fait plus que nécessaire d’agir, de régulariser et de siffler la fin du fanatisme religieux au Bénin.

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Le ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes (Mispc) semble avoir démissionné sur ce plan. Pour que le pays continue d’être un havre de paix, il faut cultiver la Paix. Une condition sans laquelle les cultes ne peuvent se tenir. Sans un minimum de sécurité, fidèles et prédicateurs, prêtres ou autres, ne pourront plus se retrouver. Et cette Paix semble être menacée par des écarts de langage de plus en plus coutumiers chez des fanatiques religieux. Il faut, dans les églises et autres lieux de cultes, des personnes intellectuellement matures, pouvant analyser le contenu sémantique des prêches, des discours religieux, afin de ne pas entamer la Foi et la conviction religieuse des autres. Le ministère de l’Intérieur, de la Sécurité Publique et des Cultes (Mispc) doit y veiller, pour raffermir le vivre-ensemble et la fraternité. «Nous sommes frères et sœurs en Christ», ne disent-ils pas?

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