«Il était une fois un caméléon nommé Kérékou» de Maurice Chabi

Le journaliste béninois, Maurice Chabi, ex-Directeur du journal national Ehuzu, devenu La Nation, lance ce samedi 16 Novembre 2013, à l’Institut Français du Bénin (Ifb) à Cotonou, son livre «Il était une fois un caméléon nommé Kérékou», paru aux éditions L’Harmattan.

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Ce qu’il a vécu, entendu et su du Président Mathieu Kérékou. Maurice Chabi le raconte dans son livre «Il était une fois un caméléon nommé Kérékou», publié cette année 2013, aux éditions L’Harmattan. Loin de ce à quoi on pourrait s’y attendre, à la lecture du titre, il ne s’agit pas d’une biographie du Président qui totalise 27 ans à la Magistrature Suprême du Dahomey, puis du Bénin. Il s’agit plutôt d’un témoignage, mais aussi d’un point de vue sur le Grand Camarade. Le témoignage du professionnel des médias qui, à ce titre, a été dans les acarnes du pouvoir. «J’ai eu le privilège de voir, de regarder et d’écouter le Président Mathieu Kérékou, ainsi que tous ceux qui, de près ou de loin, avaient une parcelle de pouvoir qui pouvait influencer le cours de l’histoire de ce pays. Pendant près de trente ans, j’ai observé et scruté, dans les moindres détails, la citadelle politique béninoise. Côté cour et côté jardin.» Confie l’auteur. Cet ouvrage est un “mémoire’’ du journaliste qui, sous sa casquette d’historien de l’actualité, prenait note au jour le jour. Et en tire ici des morceaux qu’il livre au public. Dans «Il était une fois un caméléon nommé Kérékou», Maurice Chabi présente Kérékou dans ses multiples facettes. Le Président-caméléon. Ce Président qui sait s’adapter à l’environnement politique du moment. «Ni ange ni démon. Juste un homme, pas comme les autres. Capable, bien avant tout le monde, de sentir la direction du vent et d’élaborer un bulletin météo politique, dont les prévisions sont rarement démenties», écrit l’auteur à la page 14 de son livre. Aussi, Kérékou, le Président qui n’a pas d’amis, ni d’ennemis en politique, si ce n’est que les circonstances qui déterminent les rapports ; le Président qui divise pour régner ; le singe féodal ; l’homme qui connait l’homme, et est capable de prendre à contre-pied tout le monde ; l’auteur d’une méthode qui lui permet de mettre ses collaborateurs sous pression psychologique, et à rude épreuve leur crédibilité et honneur ; le Président méfiant et vigilant, qui se met à distance de ses collaborateurs. «Sa méfiance légendaire est telle, qu’il peut se montrer prolifique sur tous les sujets, sans rien laisser paraître de ses intimes convictions», rapporte le journaliste. Qui, avec le retour sur certaines scènes dont il a été témoin, justifie ces différentes couleurs du Président-caméléon. Rappelant ces faits, l’auteur évoque aussi les relations du Pouvoir avec la Presse, sous Kérékou, et fait cas de ses opinions. Pour avoir été journaliste-fonctionnaire de l’Etat béninois, et en plus Directeur du quotidien national «Ehuzu», pendant un quinquennat, l’auteur a une connaissance accrue de la confiscation des libertés sous ce régime, et en a subi parfois. Dans ce livre, il ne s’est pas empêché de mentionner qu’il était frustré de «travailler pour un régime dont il ne partageait ni les idéologies, encore moins les méthodes…» Il mentionne également ses résistances à des mascarades honteuses et grotesques, et ses combats pour conquérir la liberté de la Presse. A travers le Président Kérékou, c’est aussi certains faits et dates marquants de l’histoire politique du Bénin, qui y sont remémorés, sans trop de détails autour. Le coup d’Etat du 26 octobre 1972, les mouvements d’indignation «Kérékou hélou !, A bas kérékou», de ce mercredi de juin 1988, la Conférence Nationale de février 1990, l’élection présidentielle de 1991 soldée par la victoire de Nicéphore Soglo, alors Premier Ministre du Général Kérékou, l’élection présidentielle 1996 avec le retour au pouvoir de Kérékou, le projet de révision de la Constitution en 2006, avec des mouvements d’opposition «Touche pas à ma Constitution», etc. De ces facettes du Général, et des faits politiques du Bénin, le journaliste dans la conclusion de son livre, exprime son point de vue sur la personne de celui-là qu’il qualifie de Président-dictateur devenu démocrate. «Une démocratie conventionnelle». A noter que l’auteur ne pense pas avoir tout dit sur le Président-Caméléon. «Il subsiste des zones d’ombres et de nombreuses questions sur ce personnage hors normes, qui séduit et intrigue à la fois.» Reconnaît-t-il.

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