L’Afrique au ras du décollage, c’était il y a dix ans

Dix après la vague des conférences nationales consécutive à la chute du mur de Berlin et le discours de la Baule prononcé par le président François Mitterrand, les effets induits de la démocratisation commençaient à germer et laissaient entrevoir le décollage de l’Afrique. Ce pronostic qui avait été au cœur de la publication d’un ouvrage se confirme aujourd’hui.

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Il y a dix ans, lorsque je rédigeais mon premier essai sociopolitique que j’avais publié en avril 2004 sous le titre L’Afrique au ras du décollage : un plaidoyer pour une alliance citoyenne, il s’était trouvé des gens pour me taxer de jouer les joyeux devins. Certains que je soupçonne de n’avoir même pas pris le temps de l’ouvrir m’avaient reproché la prétention du titre pour me faire comprendre que j’avais donné dans le fantasme. D’autres m’avaient, de bonne foi, accusé d’avoir exagéré les capacités de nos pays à promouvoir, à moyenne échéance, le développement humain durable. Je sais surtout que beaucoup m’avaient félicité simplement pour avoir tenté de justifier publiquement mon bagage culturel livresque. C’est le lieu de remercier encore Maître Pognon Yaya, avocat à la Cour, pour avoir ajouté foi à mon écrit, puis m’avoir fait l’amitié et surtout l’honneur de le préfacer.

J’y ai pourtant longuement expliqué que le développement économique et le progrès social sont des processus de longue haleine qui peuvent s’étendre sur plusieurs générations depuis que l’on en observe les prémisses jusqu’à leur avènement effectif. J’y ai notamment écrit, pour montrer que je ne nageais pas dans un afro optimisme béat ou naïf, que le décollage économique de nos pays n’était pas imminent, mais que nous rassemblions seulement les matériaux pour quitter le tarmac, c’est-à-dire dépasser le seuil critique et se diriger vers une croissance économique plus rapide et plus régulière pour atteindre le niveau nécessaire pour réduire durablement la pauvreté. J’y ai également indiqué qu’il y avait des faits et des chiffres qui devaient nous faire prendre conscience que nous devrions consolider les matériaux sinon nous risquions de ne pas amorcer ce décollage.

Je vais me permettre de rappeler les principaux éléments que j’ai mis en exergue dans cet ouvrage et qui fondaient ma démarche qui ne visait pas seulement à délivrer un message d’encouragement et d’espérance. J’y ai d’abord développé le contenu et l’évolution du concept de démocratie, notamment en ce qu’elle est facteur de liberté, instrument de justice et de gestion de la croissance économique. J’y ai ensuite défini les notions d’État et de nation, ce qui m’a permis de donner la structuration de l’État béninois et son organisation administrative depuis le renouveau démocratique. J’y ai aussi montré comment nous nous étions démenés dans l’exercice de la démocratie pour déboucher fatalement sur la Révolution du 26 octobre 1972 qui avait mis notre démocratie entre parenthèses. J’y ai aussi pointé le développement du capital humain et la bonne gouvernance comme principaux défis à relever, indiqué que nous devrions endiguer les pesanteurs sociologiques que sont la corruption et la prégnance des forces occultes, puis mis en garde contre les effets pervers de la mondialisation. J’y ai enfin analysé les bonnes dispositions que nous prenions et qui étaient susceptibles de nous sortir de l’ornière, notamment la décentralisation, le renforcement de l’intégration nationale et africaine, le projet Nepad et l’intégration des nouvelles technologies de l’information et de la communication dans les objectifs de développement.

Depuis un an, la presse internationale foisonne de titres tels que « L’Afrique accroît son attractivité économique » ou « Le décollage économique de l’Afrique est une réalité » ou encore « Pourquoi il faut investir en Afrique » ou « L’Afrique est le continent des opportunités » également « Il faut soutenir la croissance africaine «  aussi Le miracle africain » de même « L’Afrique affiche une croissance régulière et solide », etc…Cela sous-entend clairement que l’Afrique est en train de sortir la tête de l’eau. Loin du continent dévasté par la misère si souvent dépeint, l’Afrique est aujourd’hui bien vivante avec de plus en plus de centres urbains, un consumérisme croissant, et un boom des opérations commerciales. Un territoire où tout est possible désormais. Au nombre des arguments qui sous-tendent ces titres, il a que sur le front politique, la vague de démocratisation s’est accompagnée de meilleures politiques économiques qui ont conduit à une plus grande ouverture des économies au marché, un recul de l’inflation et une discipline budgétaire accrue. Alliée au considérable allègement de la dette consenti à la plupart des pays africains, cette évolution a permis à l’Afrique de résister à l’impact de la grande récession de 2008-2009. Au plan économique, la réorientation des flux commerciaux et d’investissements réduit la dépendance de l’Afrique à l’égard des économies partenaires traditionnelles et l’a amenée à compter davantage sur les économies émergentes, moins touchées par la crise. On observe que depuis 2002, la taille de l’économie africaine a plus que triplé, plus précisément, le volume des échanges commerciaux entre l’Afrique et le reste du monde a triplé au cours des dix dernières années. Le processus de démocratisation, l’amélioration de l’environnement commercial, la croissance de l’investissement, l’amélioration de la qualité de vie sont les principaux leviers de la croissance économique d’un grand nombre d’économies africaines depuis la dernière décennie, selon plusieurs rapports sur le développement des économies africaines.

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Par ailleurs, la part des investissements directs à l’étranger (IDE) destinés à l’Afrique est en augmentation depuis 5 ans : elle est passée de 3,2 % en 2007, à 5,6 % en 2012. Alors que les investissements des pays développés à destination de l’Afrique ont chuté de 20 %, les pays émergents prennent le relais : leurs investissements en Afrique ont augmenté de plus de 21 % depuis 2007. Parmi eux, les plus grands investisseurs sont l’Inde avec 237 projets, l’Afrique du Sud avec 235 projets et la Chine avec 152 projets. Aussi l’investissement intra-africain est-il également très actif ; il a augmenté de 33 % depuis 2007 notamment sous l’influence des projets sud-africains, kényans et nigérians. Cette tendance révèle une confiance et un optimisme croissants chez les Africains eux-mêmes dans l’avenir de leur continent. La perception de l’Afrique par les investisseurs s’améliore depuis 2011. Les investisseurs installés sur le continent sont particulièrement positifs ; ils classent l’Afrique en seconde place des destinations d’investissement les plus attractives au monde après l’Asie. Concrètement, les flux de capitaux vers le continent sont passés de 15 à 87 milliards de dollars entre 2000 et 2008 (de 7.500 à 43.500 milliards de nos francs). Et pour cause: l’Afrique offre le taux le plus élevé de retour sur investissement du monde.

Pour corroborer cela, l’économiste Franco-béninois Lionel Zinsou déclarait récemment dans une interview sur RFI : « Dans les dix pays qui ont la croissance la plus forte au monde, tout continent confondu, il y a six pays africains. Vous allez avoir en 2013 le Ghana et la Côte d’Ivoire qui seront à ces niveaux. Puis surtout, il y a une idée ancienne, probablement à ressusciter, qui est celle du panafricanisme. D’ailleurs, l’Union africaine est en train d’avoir une petite poussée de panafricanisme et c’est fondamental ! Quand vous avez des communautés économiques qui fonctionnent, comme c’est en train d’apparaître en Afrique de l’Est, entre la Tanzanie, l’Ouganda, le Kenya, alors vous levez les barrières intérieures, vous vous rassemblez pour faire un marché important, vous créez des infrastructures, des corridors, des voies ferrées, des routes qui vous sont communes, et vous avez à ce moment-là un grand marché intérieur. ».

De même, l’inflation est retombée à 8% dans les années 2000, après avoir passé une décennie à planer autour de 22%. Les pays africains ont abaissé leurs barrières commerciales, réduit les taxes, privatisé des entreprises, et libéralisé de nombreux secteurs, notamment les services bancaires. Selon la Banque mondiale, l’Afrique «pourrait être au bord d’un décollage économique, tout comme la Chine il y a trente ans et l’Inde, il y a vingt ans.» Voilà qui devrait remettre en question la pertinence de la politique d’aide internationale basée sur la présomption que l’Afrique n’est toujours pas capable de sortir de son cycle décourageant de pauvreté, de gouvernance dysfonctionnelle et de violence tribale.

En témoignage de tout ce qui précède, Ronald Lauder, dirigeant d’Estée Lauder, se prend de passion pour l’Afrique, un continent qu’il qualifie de «nouvelle frontière». Après avoir beaucoup investi en Europe de l’est au lendemain de la chute du mur de Berlin, Ronald Lauder explique pourquoi il croit au développement très rapide de l’Afrique. « C’est sûr que l’Afrique n’a pas encore des infrastructures très sophistiquées pour accueillir des investissements, mais cela va venir rapidement. Ce continent possède une classe moyenne très large. Une nouvelle classe moyenne qui cherche de nouveaux produits qui correspondent aux standards mondiaux. La classe moyenne en Afrique regroupe de 300 à 400 millions de personnes. Si l’on regarde pays par pays, certes il y a des problèmes, on peut avoir une vision faussée en regardant chaque nation. Mais si l’on regarde le continent dans son ensemble, on voit bien qu’il est en pleine croissance. L’Afrique possède des ressources naturelles immenses. Notamment avec l’eau ou les terres, le potentiel est énorme. Les Africains sont en train de comprendre ce qui peut être fait dans le domaine de l’eau ou l’agriculture. »

Il faut se convaincre que le message d’optimisme et les chiffres qui ne sont en fait pas si mirifiques ne sont pas sans fondement. Il y a que l’Afrique doit quand même sa croissance aux prix des matières premières qui se sont envolés depuis une bonne décennie à cause de la Chine. Pour sécuriser ses approvisionnements de pétrole, de minerais comme de denrées alimentaires, la Chine a en effet décidé d’investir sur tout le continent à sa manière: beaucoup, systématiquement, avec constance, mais aussi avec brutalité et surtout mépris pour les populations. Mais le prix des matières premières et les investissements asiatiques n’expliquent pas tout. L’Afrique croît aussi parce qu’elle a fait naître une nouvelle génération d’entrepreneurs, formés dans les universités américaines et européennes, pragmatiques et déterminés. Les dirigeants ont aussi changé, comme notamment le fils Bongo, Ali Ben, qui comprend qu’il n’est que temps de diversifier une économie que son père, Omar, a laissée complètement dépendante de la rente pétrolière. Rien n’est meilleur pour la croissance que la croissance, et l’urbanisation de l’Afrique engendre également une demande de plus en plus forte pour la construction de nouvelles routes, de chemins de fer et autres infrastructures, mais aussi pour une production plus importante d’eau potable et d’électricité.

Même l’agriculture, un secteur où l’Afrique a toujours été à la traîne, est prête à décoller. Le continent abrite 60% des terres mondiales arables non-cultivées. À ce titre, le secteur agricole zambien s’en sort très bien et surtout fait des émules. La production de maïs, matière première de base, a bondi de 50% en 2010. Cette moisson record illustre l’importance d’une bonne gouvernance; la distribution à point nommé d’engrais subventionnés aux petits exploitants a produit d’énormes effets dans les rendements. Le Malawi voisin, qui a longtemps subi des pénuries alimentaires et des famines, a vécu le même genre d’expérience que la Zambie. Il y a plusieurs années, le gouvernement a lancé un programme (contre les recommandations d’agences d’aide humanitaire internationales) à la fois pour subventionner les engrais et pour soutenir les prix du maïs par une politique d’achat. Les agriculteurs malawites cultivent désormais suffisamment de maïs pour satisfaire la demande intérieure et peuvent même exporter vers le Zimbabwe voisin, chef-d’œuvre de la mauvaise gouvernance. Il existe de bonnes raisons de croire que cette expansion agricole va non seulement perdurer au-delà de la flambée générale des matières premières provoquée par les demandes chinoise et indienne, mais aussi mettra d’autres pays au diapason des agricultures zambienne et malawite.

Il est heureux de constater que les multinationales ont déjà changé leur vision de l’Afrique, même si la politique sert encore à parler du continent comme d’un cas social. J’en veux pour preuve le fait que les entreprises de télécoms ont enregistré 316 millions de nouveaux abonnés africains depuis 2000. Wal-Mart Stores a récemment fait une offre de 4,6 milliards de dollars (2.300 milliards de nos francs) à l’un des plus gros détaillants africains, confirmant ainsi que les multinationales sont convaincues du potentiel commercial de l’Afrique. Une telle offre publique d’achat constitue une pre

mière depuis l’ouverture de la Chine il y a plus de 20 ans. Wal-Mart Stores est une entreprise américaine multinationale spécialisée dans la grande distribution ; à ce jour, Wal-Mart Stores est le premier groupe mondial de grande distribution généraliste devant son concurrent Carrefour avec 3.500 magasins et 20 % de part de marché estimée et le premier distributeur de jouets avec 45% de part de marché estimée. Des perspectives qui ne feront que croître à mesure que l’Afrique s’urbanise; le continent abrite déjà 52 villes d’au moins un million d’habitants, comme c’est le cas en Europe occidentale.

Toutefois il y a encore presque partout en Afrique des petites plaies qui font nuancer toutes ces professions de foi en faveur de son développement. L’Afrique devrait croître beaucoup plus vite que 5%. Mais elle peine à dégager sa route.

Sur le plan politique d’abord: on constate que le nombre de démocraties a chuté de 24 à 19 depuis 2005. Et beaucoup de ces démocraties n’en sont que de façade avec vols de biens publics, intimidation, système judiciaire compromis et impossibilité pour l’opposition de rivaliser avec le pouvoir en place. Dans bien de pays africains, les hautes fonctions sont convoitées bien plus pour des motifs d’enrichissement personnel que pour contribuer au développement national. Aussi les discussions piétinent-elles au sein de la CDEAO pour sortir de la zone «franc» (malgré la disparition du franc en France au profit de l’euro) dont le maintien constitue un fardeau de plus en plus insupportable pour la profitabilité de la zone dans le commerce international. Les chefs d’État ont mis leur point d’honneur à mettre sur pied leur monnaie d’ici à 2020 ; cela va certainement décomplexer puis décompliquer les partenariats commerciaux entre les pays colonisateurs et nos pays.

Le taux de scolarisation a augmenté, mais la qualité de l’enseignement a baissé, avec notamment un absentéisme et une faible capacité des enseignants. Le chômage des jeunes frise presque partout les 80%. Beaucoup de diplômés de l’enseignement supérieur ne trouvent pas de travail, soit qu’il n’y a pas assez d’emplois, soit parce que leurs compétences ne correspondent pas aux besoins du marché. Le développement du capital humain est ainsi problématique. Formée dans de grandes universités européennes et américaines, une petite élite ne suffit pas ; il faut professionnaliser toute l’échelle éducative.

Les conflits et l’insécurité non seulement excluent certains pays de l’émergence du continent mais prolongent la vieille mauvaise réputation africaine de la terre de guerres. Les capitaux hésitent encore à y affluer. Si certains dirigeants tentent de sortir de l’exploitation personnelle éhontée des richesses de leurs sols, leur bonne volonté se perd vite dans les rangs inférieurs du pouvoir et de la bureaucratie. Les progrès sont lents. Tous les projets butent à tous les étages sur la prévarication et plus globalement la corruption.

Les infrastructures manquent partout pour que les flux des marchandises et des personnes soient simples et peu chers. Le commerce interafricain ne représente que 10% des échanges réalisés par le continent. Le nombre de pauvres est passé de 292 millions en 1981 à 555 millions en 2005 selon les chiffres de la Banque Mondiale. Il n’est donc pas étonnant que l’optimisme relayé par les médias ne soit pas partagé par la plupart des Africains ordinaires. Il est heureux que le projet NEPAD refasse parler de lui ; en effet, la contribution de la Banque africaine de développement (BAD) au développement des infrastructures en Afrique a été saluée par la 28ème session du Comité d’orientation des Chefs d’État et de Gouvernement du NEPAD qui s’était tenue à Addis-Abeba, en Ethiopie, en marge du 20ème Sommet de l’Union africaine du 21 au 28 janvier 2013. Le Groupe de la BAD a lancé le 19 avril 2013 à Washington une publication qui explore la façon dont les techniques de financement structuré peuvent aider à mobiliser des capitaux africains, afin de financer les projets d’infrastructures et soutenir la croissance économique.

L’agriculture reste vivrière. Ce n’est pas un mauvais point de départ que de vouloir d’abord nourrir sa propre population, mais encore faut-il que les rendements ne soient pas trop faibles pour qu’une petite barrière d’entrée dans le pays suffise. Sinon, c’est pénaliser les consommateurs des villes, choix politiquement impossible. Pour relever ces rendements, la nouvelle révolution verte impose des réformes foncières, financières et technologiques colossales. La production agro-industrielle reste faible notamment à cause des problèmes de transport puis de distribution d’énergie électrique et de l’eau malgré d’énormes potentiels de production.

Après avoir nuancé le décollage de l’Afrique, il est utile d’indiquer les dix pays qui se distinguent par leur croissance économique et aussi les derniers de classe. Ce classement présente les 10 pays ayant les plus forts taux de croissance de leur PIB réel sur ces trois dernières années, en se basant sur les chiffres du CIA World Factbook. Il repose également sur les projections établies par le Fonds monétaire international (FMI) pour l’année 2011, ainsi que sur le taux de corruption mesuré par l’organisation Transparency International. Par ailleurs, l’indice de développement humain (IDH) calculé par les Nations Unies ainsi que le PIB par habitant donné par la CIA à partir des chiffres du FMI et de la Banque mondiale interviennent également dans le classement. Il ne faut pas s’étonner que l’Afrique du Sud ne figure pas dans ce peloton de tête, et au contraire ne pas être surpris de voir y apparaître l’Ethiopie, car il s’agit d’un classement s’appuyant sur une évolution et non sur une position économique absolue. Notons par ailleurs que 6 des 10 pays de ce top font partie de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), ce qui en fait la région avec la plus forte croissance de tout continent. Par ailleurs, outre une bonne santé économique, ces pays ont en commun une certaine stabilité politique. Ainsi, l’une ne va définitivement pas sans l’autre. Il s’agit de Malawi, Tanzanie, Mozambique, Éthiopie, Zambie, Nigeria, Zimbabwe, Botswana, République du Congo et Ghana. Le top dix des pays africains dans le rapport Doing Business 2014 est : Maurice (20è), Rwanda (32è), Afrique du Sud (41è), Tunisie (51è), Botswana (56è), Ghana (67è), Seychelles (80è), Zambie (83è), Maroc (87è), Namibie (98è).

Loin du «miracle économique africain», certains pays du continent cumulent les tares et les retards bien souvent aggravés par des crises politiques désastreuses. Il s’agit pour les 10 derniers de : Côte d’Ivoire, Bénin, Lesotho, Erythrée, Comores, Swaziland, Guinée, Angola, Guinée équatoriale, Madagascar. La Côte d’ivoire y figure parce qu’elle sortait à peine de la guerre postélectorale de 2011 au moment du classement. Elle a rejoint le peloton de tête en 2013. Il n’était donc pas étonnant, puisque je m’étais un peu étendu dans l’ouvrage sur le Bénin qui avait donné le signal, que certains de mes compatriotes se demandassent de quoi je parlais, il y a dix ans, si, depuis, loin d’atteindre les 7% de croissance nécessaires à dépasser pour réduire durablement la pauvreté, notre pays dispute la place de dernier avec des pays qui connaissent une instabilité politique chronique comme Madagascar et la Centrafrique. Selon un rapport des Nations Unies sur l’indice du bonheur dans 156 pays au monde, notre pays a même été classé avant dernier en 2013. La Banque mondiale a publié ce mardi 29 octobre 2013 le rapport Doing Business 2014. 175è dans le rapport 2013, le Bénin n’a gagné qu’une seule place sur les 189 économies classées. C’est dire que le nouveau classement Doing Business confirme bien qu’un an après, les difficultés récurrentes et propres à l’environnement des affaires au Bénin persistent. Cela m’amène à suggérer à nos dirigeants de rechercher en priorité les voies et moyens pour corriger cet état de choses plutôt que de concentrer leur attention sur la révision de notre loi fondamentale que personne n’a jamais pointée comme la cause majeure de nos maux.

Ismaël Kaffo, essayiste sociopolitique

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