« L’Afrique entre enfer et purgatoire » de Roger Gbégnonvi

Cette dernière publication du professeur Roger Gbégnonvi se veut un essai diagnostic qui fait la description détaillée des maladies dont souffre le continent africain. Mais un essai brûlant et fougueux, qui refuse de caresser dans le sens du poil une Afrique capricieuse, à la fois bête et méchante.

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Disons que ce sont des Africains, insupportables enfants de l’Afrique, et ennemis de tout progrès, dont l’auteur parle dans ce réquisitoire. Après Paroles interdites, essai publié en 1981 chez l’éditeur Silex  à Paris, dans lequel il dénonçait déjà, de façon audacieuse et objective puis proposait à l’Afrique des voies et moyens pouvant lui permettre de sortir de l’ornière où elle s’enlise depuis des siècles, le voici venu de nouveau à la charge, 31 ans après, avec les mêmes griefs et les mêmes accusations contre la même Afrique. Comment ? En passant au peigne fin, les souffrances de certaines couches de la société africaine. De la souffrance des femmes analphabètes ou soumises, qui chaque jour, suent sang et eau pour nourrir enfants et maris irresponsables ; de la souffrance des domestiques, bonnes à tout faire, et, subissant parfois, les caprices des immoraux sexuels de maris de leur patronne ; de la souffrance et de la misère de la jeunesse et des diplômés sans emploi. Mais aussi et surtout, des cérémonies ruineuses lors des décès, des pratiques farfelues et anti-progrès, qui règnent en maître sous tous les tropiques africains, interdisant toute marche vers le développement.

Sexe, gris-gris, fraude, vol, mauvaise gouvernance et bien d’autres abominations, gouvernent le monde peint par l’auteur. Et dans cet univers infernal, existe  hélas, par injustice  de l’homme,  une catégorie injuste d’hommes, plus bénie  et plus nantie que toutes les autres ; une minorité de gens d’élites pour qui tout est rose , tout est  luxe insolent et tout est bonheur : la classe des tout boire, tout manger et rien pour  les autres.

Pessimisme légitime pour une “Afrique-Espérance’’

Et si  50 ans après, l’Afrique  noire est mal partie de René Dumont demeure une référence dans les débats du développement en Afrique, l’Afrique entre enfer  et purgatoire après 50 ans de suffocation de Roger Gbégnonvi n’en demeure pas moins vrai, un indice de progrès et de bonne gouvernance en Afrique. 50 ans d’indépendance  après, et les mentalités africaines demeurent les mêmes, les esprits, les consciences et mêmes les habitudes. Rien n’a véritablement changé. Escalade dans le vide, n’est-ce pas ?  Et l’on recule avec certitude vers  un chaos certain.

Le constat est là, amer et têtu. L’Afrique tâtonne, titube, tergiverse, et refuse même d’avancer. Qui n’avance pas, dit-on recule. Inéluctablement. Or donc, voici, un demi-siècle en arrière, et les mêmes critiques continuent toujours de fuser de toutes parts contre le même continent : corruption, obscurantisme, ignorance, abus du pouvoir, mauvaise gestion, favoritisme, manque d’amour, inconscience professionnelle,  haine et méchanceté gratuite, pour ne citer que ceux-là.  A tout cela, s’ajoutent des guerres civiles, émanant de l’injustice criarde, avec leur cortège de ruines, de désolation et de deuil. On détruit d’abord tout, puis on reconstruit tout avec l’aide des autres, et ainsi de suite. Et les inquiétudes légitimes de l’auteur peuvent se résumer en ces termes : L’Afrique décollera-t-elle un jour ? L’Afrique prendra-t-elle place un jour au concert des grandes Nations ? A quand l’âge d’or ? A quand le changement des mentalités ? A quand la foi en nous-mêmes ? A quand l’amour, la lumière pour une conscience supérieure ?

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N’est-t-il pas grand temps que l’Afrique abandonne enfin ses mauvaises voies et ses agissements,  s’appuie sur ses propres valeurs et soleils pour son essor ?

C’est avec un procédé des grands et une écriture de maître, que l’essayiste, prophète et visionnaire Roger Gbégnonvi a accouché ce qui le fait saigner, suite à l’observation impartiale des évènements abracadabrants qui secouent son cher continent,  l’Afrique.

Il s’emploie à suggérer des pistes et à proposer des solutions que son métier d’enseignant lui permet  d’identifier,  avec un combat majeur : le renouvellement de l’intelligence par la lecture et l’écriture ; Ce qui conférerait à l’Africain quelques vertus de connaissance, de lumière et de savoir pour le salut de l’âme. En cela, il mérite l’admiration des Africains, encore soucieux du rayonnement de l’Afrique.

Cotonou, le 20 septembre 2013
Robert ASDE,
Président de l’Association AIYE CULTURE
E-mail : aiyeculture@yahoo.fr

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