L’Afrique est l’avenir des Français, et nous?

« L’Afrique est notre avenir». Attention ! Ne croyez surtout pas qu’il s’agit là du titre d’un livre aux allures afro-optimistes et mobilisatrices écrit par un activiste panafricain,  encore moins d’un slogan de l’Union Africaine. C’est plutôt le titre du dernier Rapport du Sénat français sur les relations entre la France et l’Afrique.

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Présenté par les Sénateurs Jeanny Lorgeoux et Jean-Marie Bockel, le mercredi 30 octobre 2013, ce rapport très ambitieux dynamite les jugements préconçus sur les liens France-Afrique. Assez volumineux par la taille (plus de 500 pages) et dense par le contenu, ledit rapport dresse un état des lieux en matière de coopération économique, culturelle, sécuritaire, et de développement. Dans une Afrique de plus en plus courtisée, ils diagnostiquent le recul de la France. Paradoxalement, l’influence de Pékin et de Washington sur le continent ne fait que croitre. Alors, ils recommandent de contrer leur expansion par des propositions à mettre sur la table, lors du prochain Sommet de l’Élysée consacré à l’Afrique. Pour la Commission des Affaires Etrangères du Sénat français, l’Afrique elle-même a évolué plus vite que la politique africaine de la France. Ces Sénateurs suggèrent donc dix (10) priorités et 70 mesures pour «relancer les relations de la France avec les pays africains fondées sur des intérêts communs dans un partenariat rénové».

Changement de discours sur l’Afrique

La première priorité retenue dans ce rapport consiste à «tenir un autre discours sur l’Afrique» et définir une stratégie ambitieuse et cohérente. Adieu donc, les mots qui ne relèvent que les maux de l’Afrique. Adieu, le regard porté sur l’Afrique par le prisme des liens historiques controversés et ignobles. Spécifiquement, il faut «se départir des préventions postcoloniales et assumer le fait que l’Afrique n’est pas seulement partie prenante de notre histoire, mais aussi un élément clé de notre avenir.»

Il en ressort que les Sénateurs demandent une rénovation du discours tenu par eux sur l’Afrique en la considérant surtout comme un «élément-clé» de l’avenir de la France.

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Mais, les Africains sont-ils prêts à changer de discours sur l’Afrique ? Au-delà de l’image dégradante généralement renvoyée par les grands groupes de médias occidentaux sur l’Afrique, il est remarqué que très peu d’efforts sont faits par les Africains eux-mêmes, pour entretenir la flamme de l’espoir. Il est temps que les Africains cessent de se saouler du passé esclavagiste, de la colonisation. L’heure a sonné donc pour que les Africains allument le flambeau de l’optimisme, là où se chantent en chœur le pessimisme et le catastrophisme. Il est temps que soient ravivées les flammes de l’afro-optimisme, là où elles faiblissent en clarté.

En conséquence, ‘‘l’Afrique, espoir du monde’’ doit être enseigné aux Africains. La vraie Afrique, celle qui nourrit l’espoir, celle dont la richesse dépasse les entendements… mérite d’être mieux connue par les Africains.

Leçon n°1 : les Africains doivent changer de discours sur l’Afrique

L’Afrique, une économie «convoitée»!

La Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’Afrique. C’est désormais un  secret de polichinelle et les sénateurs ne s’y trompent point. Au regard de l’ampleur de ses investissements, les Chinois  apparaissent comme un véritable os dans la gorge française. Eux, qui ont toujours vu en l’Afrique un acquis, un terrain conquis. Les réalités ont fondamentalement changé. Sans ambages, Jeanny Lorgeoux a d’ailleurs déclaré que « Les Chinois chassent en meute et nous devons nous réorganiser pour mieux défendre nos intérêts ». Aujourd’hui plus qu’hier et certainement moins que demain, l’économie africaine est au cœur des grandes convoitises. Mais les Africains en ont-ils réellement pris conscience ?

Pas si évident. La plupart des gouvernants font encore montre d’une errance notoire en matière d’orientation économique. Malheureusement, l’«assistancialisme» demeure une option de gestion, et l’exportation brute des matières premières, sans création de valeur ajoutée, s’observe encore à grande échelle. Qu’elle doit être la nouvelle approche  de l’Afrique face à la montée exponentielle des sollicitations et conventions économiques ?

Il est urgent que les pays Africains définissent des bases claires relativement aux engagements économiques avec la Chine pour ne pas pleurer dans quelques années leur naïveté et leur gout irrésistible aux fameux faux dons. Pour peu que l’Afrique n’ait pas le temps de mourir une fois encore de sa propre turpitude. Par ailleurs, l’Afrique a le devoir de mieux échanger avec elle-même, sur le plan économique. Même les niveaux de croissance varient sur le continent, autant vaudrait pour les pays tels que l’Afrique du Sud, le Nigéria, la Côte-d’Ivoire, et le Kenya, mais également l’Éthiopie, le Ghana, le Botswana, la Tanzanie ou le Mozambique, de développer plus de relations économiques avec les autres pays africains.

Leçon n°2 : les relations économiques entre les pays africains doivent devenir une priorité.

Le panafricanisme : toujours une nécessité…

Panafricanisme ? Oui. Il ne s’agit pas de simples discours sans contenu. Il est question du panafricanisme vu comme un mouvement politique visant  à rendre solidaires économiquement, politiquement et culturellement les États africains. L’Afrique est à un tournant décisif. A vrai dire les autres continents connaissent mieux l’Afrique que les Africains. Ils connaissent mieux la valeur de l’Afrique que les Africains. Le continent africain est un concentré insoupçonné d’intérêts qui attisent sans cesse les convoitises.

Or chaque convoitise a ses vices, ses pièges, ses armes et ses zèles. Pire, souvent l’objet convoité ne mesure pas l’ampleur des enjeux des jeux qui se trament autour de lui. C’est le cas de l’Afrique qui se retrouve dans cette position très délicate. En vérité, l’Avenir de l’Afrique se trouve dans son union face aux défis de l’avenir.

Plus que les Sénateurs Français, nous Africains devons arborer le manteau de l’afro-optimisme et chanter désormais en chœur : «l’Afrique est notre avenir»!q

Tankpinou BANON
Consultant en Management & Communication
Journaliste indépendant – Ecrivain 

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