Nucléaire : Tout sur l’accord historique entre l’Iran et les grandes puissances

Cette fois a été la bonne ! Réunis à Genève, Suisse,  depuis le mercredi 20 novembre 2013, les négociateurs des grandes puissances et de l’Iran sont parvenus ce week-end à un accord sur le programme nucléaire de la Républicaine islamique.

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Ces grandes puissances sont réunies au sein du groupe des 5+1 qui est composé des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité des Nations Unies  (Etats-Unis, Grande Bretagne, France, Russie et Chine) et l’Allemagne.

L’accord signé dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 novembre 2013 prévoit que l’Iran accepte de limiter son programme nucléaire. En retour, la république obtiendra un allègement des importantes sanctions imposées contre elles par les Occidentaux.

De façon précise, la République islamique s’est engagée à une profonde révision de son programme d’enrichissement d’uranium. Elle accepte de se soumettre pendant six mois à des inspections internationales plus poussées de ces différents sites nucléaires. De leur côté, les Occidentaux se sont engagés  à consentir  à un allègement des sanctions prises à l’encontre de l’Iran. Le coût des sanctions ciblées avoisine les sept milliards de dollars. Qualifié de préliminaire, l’accord provisoire de Genève devra déboucher dans six mois sur un accord définitif. Une commission conjointe chargée de surveiller la mise en application de l’accord a été mise en place, a indiqué Mohammed Javad Zarif, ministre iranien des Affaires Etrangères. Dans une note de presse publiée sur son site web, la Maison Blanche fait constater que plusieurs autres sanctions ne sont pas concernées par cet accord préliminaire. Ces sanctions « non affectées » sont entre autres le blocage des réserves de change iraniennes, les sanctions contre une vingtaine de banques du pays, ses programmes nucléaires et notamment les sanctions imposées par le Conseil de Sécurité.

Petit rappel contextuel

Les pays occidentaux et Israël accusent l’Iran de vouloir se  doter de l’arme nucléaire sous couvert de son programme d’enrichissement d’uranium. Ce que Téhéran dément formellement en avançant que son programme nucléaire est développé à des fins purement civiles. Plusieurs sanctions économiques ont été prises par les Etats-Unis, les Nations Unies et l’Union Européenne contre l’Iran. Certaines sanctions durent d’ailleurs depuis trente ans. En participant donc à ces pourparlers, la république islamique visait la levée des sanctions. Les occidentaux, eux, voulaient obtenir des gages clairs  et toute la vérité sur le programme nucléaire du pays. Les pourparlers entre les deux parties-en panne depuis avril 2013- ont repris le 15 octobre dernier avec un vent d’espoir. Les optimistes n’ont pas été déçus.

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Tableau synthétique des engagements de chaque partie

                       IRAN

             GROUPE DE 5+1

  • Cesser tout d’uranium à plus de 5%
  • Démanteler les processus techniques nécessaires pour enrichir à plus de 5%
  • Neutraliser son stock d’uranium enrichi à près de 20% en le diluant
  • Arrêter la construction de toute nouvelle centrifugeuse à uranium
  • Interrompre les travaux menant à la mise en marche d’un réacteur dans l’usine d’Arak
  • Interrompre la production de combustible destiné à l’usine d’Arak
  • Renoncer à construire une usine capable d’extraire du plutonium à partir du combustible usagé
  • Permettre un accès quotidien de ses sites de Natanz et Forow à des experts de l’AIEA*
  • Permettre l’accès quotidien de ses usines de fabrication de centrifugeuses et aux mines d’uranium
  • Communiquer des données sur le fonctionnement du réacteur d’Arak
  • Ne pas imposer de nouvelles sanctions à l’Iran avant l’accord définitif prévu dans six mois si l’Iran respecte ses engagements
  • Suspendre certaines sanctions sur l’or, les métaux précieux, le secteur de l’automobile et les exportations pétrochimiques de l’Iran
  • Permettre des réparations et des inspections en Iran pour certaines compagnies aériennes iraniennes
  • Autoriser le versement de 400 millions d’Euro pour financer les études d’étudiants iraniens à l’étranger
  • Faciliter les liens humanitaires (achat de nourriture, de matériels médicaux) entre l’Iran  et le reste du monde ; sans en créer de nouveaux
  • Débloquer 4,2 milliards de dollars issus des sanctions sur la vente de pétrole iranien

*Agence Internationale de l’énergie atomique

Les Occidentaux et l’Iran se félicitent, Israël amer

Depuis l’annonce de cet accord entre l’Iran et les grandes puissances, les images des accolades entres les membres des différentes délégations ont font le tour de la toile.  C’est un accord historique. Il faut l’avouer. Du côté des occidentaux comme de celui de la république islamique, les premières impressions des autorités au plus haut niveau n’ont pas tardé à tomber. Ruée vers les comptes Twitter et les communiqués de presse.  Quelques morceaux choisis.

Pour Barack Obama, cet accord « barre le chemin le plus évident vers une bombe nucléaire. » Considérant l’accord comme un « premier pas important », le président américain a insisté qu’au bout de six mois,  les Etats-Unis n’hésiteraient pas à mettre fin à l’allègement des sanctions tout en augmentant la pression si l’Iran ne respectait pas ses engagements.    Selon son Secrétaire d’Etat, John Kerry, l’accord rend plus sûre la situation de leurs alliés dans la région. Allusion faite surtout au plus grand ennemi de l’Iran qu’est Israël.  « L’accord intérimaire adopté cette nuit constitue une étape vers l’arrêt du programme militaire nucléaire iranien, et donc vers la normalisation de nos relations avec l’Iran », a déclaré le président français, François Hollande dans un communiqué. Son homologue russe ne dira pas le contraire. Pour le président Vladimir Poutine, les pourparlers ont permis de « se rapprocher du dénouement d’un des problèmes les plus difficiles de la politique mondiale ».

Réactions de mêmes factures du côté de Téhéran.  « Le vote du peuple en faveur de la modération et de l’engagement constructif et les efforts infatigables des équipes de négociations vont ouvrir de nouveaux horizons », a déclaré Hassan Rohani, le président iranien sur son compte Twitter. Ce dernier a en fait pris la direction de l’Iran en juin dernier en tant que successeur Mahmoud Ahmadinejad. Qualifié de modéré, Rohani a multiplié les gestes d’ouverture en direction de l’Occident, notamment les Etats-Unis. On se rappelle cette conversation historique entre le président américain, Barack Obama et lui il y a quelques semaines. Sans oublier celle de la semaine dernière entre David Cameron, le premier ministre britannique et lui. En Iran, sur les grands dossiers, notamment diplomatiques,  le dernier mot revient au Guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei. « Il faut remercier l’équipe es négociateurs nucléaires pour cet acquis. La Grace de Dieu, les prières et le soutien de la population sont sans doute la raison de ce succès », a déclaré ce dernier.

« Erreur historique », dixit Benyamin Netanyahou

« Succès », le Guide suprême peut en parler. Car, au fond, cet accord consacre une petite victoire pour l’Iran. On se rappelle que ce mercredi 20 novembre, le Guide suprême iranien avait fait une déclaration de mise en garde dans laquelle il a martelé qu’on ne peut pas nier à son pays le droit au nucléaire. Eh bien, ce droit n’a pas été remis en cause. C’est sans doute, ce qui justifie le sentiment d’amertume d’Israël qui avait exigé le démantèlement complet du programme nucléaire iranien.   Dans un communiqué, le cabinet du Premier ministre Israélien, Benyamin Netanyahou, estimait que c’est accord qui permet à «l’Iran de continuer à enrichir l’uranium ». Il « laisse en place, poursuit le texte, les centrifugeuses et lui permet de produire des matières fissiles pour une arme nucléaire(…) La pression économique à laquelle est soumis l’Iran aurait pu amener à un bien meilleur accord qui aurait débouché sur un démantèlement » de ses  « capacité nucléaires.»  Le premier ministre Netanyahou pense, lui, qu’il s’agit d’un « mauvais accord » qui offre à l’Iran ce qu’il voulait : « la levée partielle des sanctions et le maintien d’une partie essentielle de son programme nucléaire ».

Du côté de Washington, on se montre rassurant sur ce point. Et ce, pour un accord, qui ne manquera pas de faire tache d’huile dans les relations internationales. Mais avant d’en arriver là, attendons les six prochains mois pour apprécier. 

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