Les 25 voyageurs clandestins béninois arrêtés par la Brigade d’Intervention Rapide, courant le mois d’août dernier, au Cameroun, alors qu’ils essayaient de passer la frontière camerounaise du Gabon, ont, après une détention «courtoise» et plusieurs tractations, rallié Cotonou hier.
Ils sont arrivés. Ces jeunes, femmes et enfants qui, voulant clandestinement se rendre au Gabon, ont été arrêtés en août dernier à Yoyo, au Cameroun, par les éléments de la Brigade d’Intervention Rapide du Cameroun, alors qu’ils tentaient de passer par la frontière maritime de ce pays avec le Gabon, sont arrivés à Cotonou. Les deux avions affrétés par le Consul Honoraire du Bénin à Douala, avec l’aide des Autorités camerounaises, pour leur transport, ont atterri à l’Aéroport International de Cadjèhoun, dans l’après-midi d’hier mardi. Accompagnés par le Consul Honoraire du Bénin à Douala, Dominique Abalo Quenum, et ayant à leur tête la petite Fandi Cameroun Lidivine Trésor, née pendant l’Odyssée, les 25 voyageurs clandestins béninois ont été, à leur descente, accueillis par des Autorités du ministère de l’Intérieur et celles des Affaires Etrangères.
Des mois de détresse
S’ils sont apparus l’air décontracté, hier à leur descente de l’avion, leur séjour camerounais n’a pas été des plus reluisants. Partis au risque de leur vie pour le Gabon, par des voies illégales, pour la plupart «aller se chercher», et parfois sans même informer leurs parents, comme c’est le cas de la mère de la petite Fandi, ces voyageurs clandestins béninois ont été arrêtés par la Brigade d’Intervention Rapide qui les a pris, selon Karimou Akim, le Président de la communauté béninoise de la Sanaga Maritime, pour des «trafiquants d’armes». Et ainsi, ils ont été, deux mois durant, gardés dans une garnison militaire, dans des «conditions vraiment difficiles», jusqu’à ce qu’une enquête prouve le contraire. D’après Karimou, c’est à la fin de l’enquête que le Procureur l’a appelé pour lui demander de venir prendre en charge «ses compatriotes». «On les a ramenés dans une chapelle», explique-t-il, pour leur apporter du soutien matériel et spirituel, et que, précise-t-il, sans l’aide des Autorités béninoises, «c’était très difficile».
Informé de la situation difficile dans laquelle se trouvaient ses compatriotes, le Consul Honoraire du Bénin à Douala, qui était à Cotonou pour des soins, a dû retourner au Cameroun pour voler à leur secours. Après tractations et négociations, en dépit de ses maigres moyens, il a réussi à faire délivrer aux immigrants clandestins des laissez-passer, parce que, explique le Consul qui dénonce «l’arrogance silencieuse des Autorités béninoise qui a discrédité le Bénin auprès des Autorités camerounaise», les personnes déplacées n’avaient pas de pièces d’identité. Et c’est seulement après cela, «que, continue le diplomate, j’ai remué ciel et terre pour qu’une organisation, l’Oim (Organisation Internationale des Migrations) accepte de m’aider». C’est donc grâce à ses «maigres moyens» et l’aide de l’Oim, que les Béninois arrêtés au Cameroun sont à Cotonou.
Un réseau et des frontières poreuses
Derrières les voyages clandestins vers le Gabon, existent de grands réseaux organisés. S’ils partent souvent de façon individuelle, et par la route, jusqu’au Cameroun, le passage de la frontière Cameroun-Gabon se fait avec l’aide d’un réseau de passeurs. A en croire le Consul Quenum, ces réseaux de passeurs ont des complices au Bénin, précisément dans le Mono-Couffo. Selon Gninabou Lydie, la mère de la petite Fandi, ces passeurs promettent aux voyageurs de les faire passer par bateaux, contre de fortes sommes. Mais, en réalité, ce sont des pirogues motorisées qui servent au voyage suicidaire, car il y a souvent des naufrages dans lesquels des voyageurs meurent. En plus de l’existence de réseaux, l’autre chose favorisant les voyages clandestins, affirme le Consul, c’est la porosité de nos frontières.
Les conditions de voyage étant difficiles, les risques énormes, les 25 voyageurs clandestins appellent leurs compatriotes à faire tous les papiers nécessaires, avant de sortir du pays.