Dictature économique au Bénin : le gouvernement Yayi impose l’égrenage à façon à 70 F

Les sirènes lancées depuis Kandi, où le gouvernement lançait la campagne cotonnière, ne sont pas pour autant rassurantes pour les égreneurs. Bien qu’il ait affirmé être prêt pour le dialogue, le gouvernement souhaite, par contre, négocier au cas par cas avec les égreneurs, et continue toujours de prendre unilatéralement les décisions qu’il impose aux autres. Ce qu’ils dénoncent par le biais de Nestor Noutaïs, invité hier dimanche sur  l’émission dominicale «Oxo» de Canal3 Bénin. 

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Après moult demandes, le gouvernement a fini par donner un écho favorable à la sempiternelle demande des égreneurs, d’aller à la table de négociation avec le gouvernement, afin d’aplanir les divergences qui pourraient empêcher le bon déroulement de la campagne.  Mais, l’espoir suscité par cette volonté n’est pas entier. Selon les déclarations officielles des membres du gouvernement, qui lançait la campagne à Kandi, le gouvernement souhaiterait discuter avec les égreneurs, au cas par cas. Il s’agit, ni plus, ni moins, que d’une stratégie du gouvernement pour créer la division au sein du collectif des égreneurs, qui s’est montré très uni contre le gouvernement, depuis le début de cette crise. En fait, le gouvernement veut  mener les négociations, de sorte à marginaliser les usines appartenant à Talon.

C’est ce qu’a dénoncé Nestor Noutaïs, invité sur l’émission «Oxo» de Canal3. Dans un argumentaire en Fon, il balaie du revers de la main les nombreuses allégations du gouvernement, pour montrer la mauvaise foi des égreneurs. Il rappelle que ces derniers n’ont nullement l’intention d’acheter du coton-graine à un prix inférieur à celui fixé par le gouvernement, et qu’ils n’envisagent pas de saboter cette campagne. Tout ceci ne vise qu’à leur imposer l’égrenage à façon, qu’ils ont refusé, et qui leur a fait d’énormes pertes lors de la campagne précédente. Et c’est d’ailleurs pour  endormir les égreneurs, que le gouvernement a fixé l’égrenage à 70 F le kg, au lieu de 50 F, lors de la campagne précédente. Or, c’est l’égrenage à façon qu’ils récusent.  L’autre revendication, non moins importante, des égreneurs, est  le paiement des dettes du gouvernement vis-à-vis d’eux.  Depuis le  mois de Mai où les répartitions des revenus devraient être faites, jusqu’à présent, informe M. Noutaïs, la Sodéco n’a encore perçu aucun copeck. L’Etat doit toujours 12.137.121.594 F Cfa aux égreneurs, après leur avoir causé des  pertes évaluées à 6.971.815.796 F Cfa, au titre de la campagne 2012-2013.

Après toutes ses explications, et ses démentis, Nestor Noutaïs a réitéré l’engagement des égreneurs à égrener la totalité du coton produit. Un engagement que les égreneurs auront bientôt l’occasion de réaffirmer au gouvernement, car aux dires de ce dernier, le ministre du Développement, Marcel de Souza, reçoit en principe les égreneurs demain mardi.

Les propositions des égreneurs pour une campagne apaisée

Les Egreneurs, dans le souci de jouer pleinement leur rôle citoyen, et pour aider le Gouvernement à atteindre ses objectifs de promotion de la filière coton, formulent les propositions suivantes :  

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  • Achat de coton-graine au prix fixé par le Gouvernement. Ce prix prend en compte le prix net de 265 F/Kg fixé aux producteurs  et les fonctions critiques de la filière évaluées à 20 F/Kg et  assurées par l’Etat, qui a mis en place les intrants et procédé à  la promotion de la filière.

  • Paiement dès le démarrage de la campagne, de l’acompte de 40% de la valeur totale de la production nationale prévisionnelle, pour le dénouement des crédits intrants. Le paiement de cet acompte à l’Etat, dès le début de la campagne, permettra de réduire les frais financiers sur le crédit bancaire obtenu par l’Etat pour la campagne.

  • Paiement cash des factures de livraison de coton-graine, contrairement à la campagne 2012-2013, où jusqu’à présent, certains producteurs n’ont pas été payés.

  • Mise à disposition de gasoil aux transporteurs dans les usines.  

  • Paiement cash des frais de transport, contrairement à la campagne 2012-2013 où jusqu’à présent, certains transporteurs n’ont pas été payés.

  • Mise à disposition dans les usines, par le Gouvernement, d’une équipe pour le suivi des opérations de réception au pont bascule. Ceci pour éviter toute plainte relative à un quelconque vol de coton-graine.

  • Présence dans chaque usine, des agents de la DPQC et des représentants des producteurs pour suivre les réceptions de coton-graine.

  • Mise en place par le Gouvernement d’un Comité d’orientation  pour la gestion et le suivi des questions d’organisation de la campagne et la répartition des allocations de coton-graine.

  • Mise en place d’un Comité technique mixte,  composé des représentants du Gouvernement et des Sociétés d’Egrenage de Coton, chargé du suivi de la commercialisation du coton-graine et de la gestion des flux physiques et financiers de la campagne.

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