Extradition de Patrice Talon vers le Bénin : Paris oppose un refus sans équivoque

La demande d’extradition de l’homme d’affaires Patrice Talon et de son compère Olivier Boko, déposée par le gouvernement Bénin un matin de décembre 2012, a connu son verdict. La Cour d’Appel de Paris a rejeté, hier, la demande du Bénin. 

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Dans la fraicheur parisienne (un contraste avec la chaleur béninoise) et dans une salle de la Chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris, bondée de monde, le Juge français a tranché. Patrice Talon et Olivier Boko ne seront pas extradés vers le Bénin. Il sonnait alors 14 h 15’, heure de Paris et du Bénin, où la fraîcheur n’a pas empêché les Béninois de la diaspora et autres personnalités béninoises, dont le député à l’Assemblée Nationale du Bénin et membre de la majorité plurielle au pouvoir, Candide Azanaï, d’assister à une audience qui n’aura duré que dix minutes. Tout le monde voulait assister à cette audience annoncée fatidique. Et, malgré le fait que la salle de la Chambre d’instruction de la Cour d’Appel de Paris a dû contenir près de 150 personnes, au lieu de 50, devant le bâtiment, il y a eu du monde. Et c’est devant, Maître Bourdon William, Avocat français de Patrice Talon, Maître Joseph Djogbénou, Maître Sévérin Quenum, tous deux avocats béninois de Talon, et en l’absence des avocats du gouvernement béninois, que le  juge a prononcé le rejet de la demande.

Source de la demande

Ce rejet de Paris vient en réponse à la demande d’extradition du franco-béninois Patrice Talon et de son collaborateur Olivier Boko, par le gouvernement béninois, en décembre 2012. Le richissime homme d’affaires béninois et son collaborateur sont accusés, à Cotonou, d’avoir fomenté un complot, en Octobre 2012 et en février 2013, pour éliminer le Président Thomas Boni Yayi et l’évincer du pouvoir. Il s’agit d’une supposée tentative d’empoisonnement du Président, survenue en octobre 2012, et d’une autre supposée tentative de coup d’Etat, en février 2013. Dès lors, un mandat d’arrêt international est lancé contre les deux hommes, qui ont, entre temps, pu filer du Bénin. A Paris, les deux fugitifs seront écoutés et mis en résidence surveillée. Cotonou dépose alors une demande d’extradition des deux hommes. La France demande au gouvernement béninois un certain nombre de documents et informations, pour voir si c’est opportun. Et s’ensuit un marathon d’audiences et de reports du verdict de Paris.

Liberté tout court

Après la longue attente donc, Paris décide de rejeter la demande du Bénin. Un verdict, tombé hier. Et la suite? Le gouvernement béninois a cinq jours pour faire appel de cette décision. Dépassé ce délai, les passeports et autres pièces saisis, seront remis aux concernés, qui recouvrent du coup leur liberté. Joint au téléphone dans la soirée d’hier, Me Joseph Djogbénou a été sans ambages par rapport à la suite de cette demande d’extradition. Dans ce dossier, le seul habilité à formuler un recours en cassation, est le Procureur Général près la Cour d’Appel de Paris. Pourtant la décision des juges va dans le sens de ses réquisitions. Donc, il n’est plus possible, selon Me Djogbénou, que le Procureur revienne sur le dossier. Et il semble serein et sûr que ses clients seront relaxés, passés les cinq jours à venir. Les regards sont donc tournés vers Cotonou où, en attendant de prendre une décision, le gouvernement béninois s’est déjà fendu d’une sortie médiatique, comme pour tenter de camoufler le revers.    

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