Surfacturation des entreprises chinoises : comment Boni Yayi donne raison au Syntra-Ttp

Au cours d’un point de presse qu’il a animé le 14 décembre dernier, de retour de son séjour en Turquie, le Président Boni Yayi a reconnu implicitement que les entreprises chinoises qui exécutent des grands travaux au Bénin, font de la surfacturation. Il abonde dans le même sens que le Syndicat des travailleurs des Travaux Publics. 

Publicité

Un aveu qui réconforte Jacques Ayadji et ses camarades du Syntra-Ttp. Le Syndicat des travailleurs des Transports et Travaux Publics (Syntra-Ttp) a toujours martelé que les entreprises chinoises désignées pour construire de grandes infrastructures au Bénin, dans le cadre des accords de prêt de financement entre leur pays et le Bénin, font de la surenchère. Le Président Boni Yayi vient de leur donner raison de façon implicite. C’est en tout cas l’une des informations principale à retenir de sa sortie médiatique du 14 décembre dernier.

A cette date, le Président Boni Yayi avait organisé à l’Aéroport international Cardinal Bernardin Gantin un point de presse pour partager avec l’opinion, les retombées de sa visite en Turquie. Au cœur de ce grand oral sur son séjour turc, le locataire du Palais de Marina a évoqué la question de financement du projet de construction du barrage hydroélectrique de Kétou-Dogo bis. Le Président Boni Yayi a ainsi rappelé que l’étude de faisabilité du projet avait été faite par les Chinois. Et d’après leur étude, le cout de réalisation de l’infrastructure devrait tourner autour de 450 et 480 millions de dollars Us. «Mais, puisqu’on ne s’y connait pas, nous avons envoyé ce document (celui des Chinois, Ndlr) au Népad et à l’Union Africaine. Mais curieusement, la réponse que nous avons reçue, c’était que ce projet ne peut pas dépasser trois cent millions de dollars», a déclaré le Chef de l’Etat. Avant d’ajouter que l’opérateur économique turc qui a accepté de réaliser le projet en BOT, a donné le même coût estimatif que celui des experts du Nepad. «Lorsqu’il (opérateur économique turc, Ndlr) a vu le document qui a été préparé par les Chinois, il dit ce projet ne peut pas dépasser 300 millions de dollars. J’ai été vraiment impressionné. Il est venu confirmer les informations que nous avons reçues d’Addis Abeba, en ce qui concerne la Commission de l’Union Africaine et de l’Afrique du Sud, en ce qui concerne le Népad», a déclaré Boni Yayi. Qui dit sans langue de bois avoir été «séduit par l’éthique et la morale de ce pays.»

Ils doivent rendre compte

Au cours de plusieurs sorties médiatiques, le Syndicat des travailleurs des Transports et Travaux Publics (Syntra-Ttp) a essayé d’attirer l’attention de l’opinion et du gouvernement, sur ce qu’ils décrivent comme surfacturation pratiquée par les entreprises d’Etat chinoises, qui exécutent au Bénin des grands travaux. Le dernier combat en date du syndicat, est celui lié au financement du lot 03 du projet de réhabilitation de la route Akassato-Bohicon.

Pour rappel, le 08 octobre 2013, le Syntra-Ttp avait adressé une lettre ouverte aux députés, leur demandant de ne pas ratifier en l’état l’accord de prêt entre la République du Bénin et Eximbank de Chine, dans le cadre du financement partiel du lot 03 du projet de réhabilitation de la route Akassato-Bohicon. La correspondance était signée de Jacques Ayadji, Premier Secrétaire général adjoint du syndicat. Jacques Ayadji et ses camarades avaient démontré que l’accord de prêt, tel qu’élaboré, est défavorable au Bénin, en ce sens qu’il fait perdre au pays plusieurs milliards de  F Cfa. L’appel du Syntra-Ttp n’a pas été entendu. Leur alerte a d’ailleurs été banalisée par le ministre des Transports, Aké Natondé. Les députés ont ratifié l’accord de prêt dans sa formule initiale. Et ce que dénonçait les membres du Syntrat-Ttp n’est rien d’autre que la surfacturation reconnue implicitement par le Chef de l’Etat. Et pourtant. Le signataire de la lettre du Syntra-Ttp, Jacques Ayadji, a fait et continue de faire objet de menaces et d’intimidations de la part de ses supérieurs hiérarchiques. Et ce, pour avoir eu l’audace de dire tout haut ce que le Président Boni Yayi lui-même pensait tout bas. Boni Yayi a fini par se lâcher sur la question.

Publicité

Bonne nouvelle pour le Syntra-Ttp qui peut reprendre du poil de la bête. Le Chef de l’Etat doit demander des comptes a ses collaborateurs à divers niveaux, qui ont floué le Peuple en faisant voter cet accord de prêt qui dépouille le Bénin du peu de ressources dont il dispose. Même s’il faut  demander à notre Chef d’Etat d’être plus diplomate la prochaine fois, pour ne pas fâcher ses «amis» Chinois, «travailleurs», «généreux», «sérieux», comme l’a écrit notre confrère de La Presse du Jour. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité