Validation du Concours à polémique au profit du MEF : quand Boni Yayi légalise la fraude

En approuvant, le 04 décembre dernier, lors d’une séance du Conseil des ministres, les mesures prises par le ministre de la Fonction Publique, pour mettre à la disposition du ministère des Finances les agents déclarés admis et «non-concernés par la polémique qui entoure l’organisation du concours de juillet-août 2012», le gouvernement de Boni Yayi a jeté un gros pavé dans la marre.

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Et pour cause, cette décision qui indigne plus d’un, n’est qu’une manœuvre pour faire avaler des couleuvres à tout un Peuple, après l’avoir tourné en bourrique. Une façon de légaliser la fraude, en douceur, au nez et à la barbe des Béninois.

En prenant donc cette décision, le gouvernement n’a fait que raviver la flamme de la polémique qui souillait l’organisation du concours de recrutement de 432 agents, par le ministère du Travail et de la Fonction Publique, au profit du ministère de l’Economie et des Finances.

Des aveux pourtant convaincants

Alors que les aveux des organisateurs de ce concours, devant la Commission d’enquête de l’Observatoire de Lutte contre la Corruption (Olc), suffisaient amplement pour annuler un tel concours, on ne comprend pas par quelle alchimie, le gouvernement juge utile de procéder à une validation sélective de cette tricherie.

Parlant d’aveux, ce n’est surtout pas ce qui a manqué dans ce dossier. Outre le Directeur Général de la Fonction Publique (Dgfp), Boniface T. Kiatti, qui a reconnu devant l’Olc avoir deux proches, tous répondant au nom de Kiatti, qui ont réussi au concours, c’est la réponse adressée par le ministre de la Fonction Publique d’alors, Mèmouna Kora Zaki, dans la correspondance N° 012/MTFP/SP-C du 14 janvier 2013, au président de l’Olc, qui retient l’attention. L’ancien ministre a écrit ce qui suit : «le Drae m’a fait savoir que c’est mon communiqué signé, mais dont la page portant le nom de Madame Idjouola A. Y. Lydie a été soustraite et remplacée par eux, par une autre page portant cette fois-ci le nom de Monsieur Issa Imourou Hadissa, qu’ils ont affiché. Je lui ai dit que je ne reconnaissais pas un tel acte, et qu’ensemble avec le Dgfp, ils supporteraient les déconvenues que pourrait engendrer leur action, en cas de contestation y afférents».

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Choses pathétiques que ces aveux, aux allures puériles, d’un ministre de la République, dont les complices et elle-même n’ont jamais été inquiétés dans cette affaire.

La commission Elègbè : du canular… 

Par ailleurs, on constate que c’est en dépit de l’existence d’une commission chargée de faire la lumière sur l’organisation de ce concours, que le Conseil des ministres, sous la «présidence effective du Chef de l’Etat», a pris la décision de laisser son ministre de la Fonction Publique valider la fraude. Une commission mise en place par le Chef de l’Etat lui-même, et dirigée par son Conseiller spécial aux affaires politiques, Amos Elègbè. Alors que cette commission n’a jamais officiellement fourni un quelconque résultat, et qu’on n’ait même plus jamais entendu parler des démarches menées par une telle commission pour réussir sa mission, le gouvernement décide brusquement de valider les résultats contestés. Un acte qui traduit sa démission dans sa mission d’assurer à tous les citoyens, l’égal accès à la Fonction Publique. Où est donc passé ce cher principe de «l’obligation de résultat et de compte-rendu» ?

Le refus de la transparence

L’autre chose qui laisse pantois, c’est le refus du gouvernement de mettre fin à toute polémique dans cette affaire, en procédant à l’annulation dudit concours, comme le proposent les responsables de confédérations et de centrales syndicales, ainsi que d’autres citoyens. Ces derniers proposent que les candidats régulièrement inscrits composent à nouveau, dans la transparence, sans frais d’inscription. Une solution qui apparait pourtant comme la plus simple, et qui aurait pu, depuis longtemps, couper court à la polémique qui n’a cessé de s’enfler au fil du temps.

Une solution qu’aurait adoptée un gouvernement pour lequel le mot «Justice» a encore un sens ; un gouvernement fondé sur des valeurs.

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