Bénin : grève générale dès ce mardi sur fond de boycott

L’administration publique béninoise sera paralysée ce mardi 07 et demain mercredi 08 janvier 2014. Ainsi en ont décidé les principales centrales syndicales du pays. Ce sont Cgtb, la Csa, la Cstb, la Cosi et la Cspib, accompagnées par la Fésyntra-Finances. Par une motion en date du jeudi 02 janvier, adressée au ministre de la Fonction publique, de la Réforme administrative et Institutionnelle et du Dialogue sociale, Martial Sounton, ces organisations syndicales ont décidé d’une grève générale de 48 heures.

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les syndicats exigent le « respect scrupuleux et la jouissance sans entrave » des libertés démocratiques et syndicales, le relèvement de Place Azandé (préfet) et de pierre Agossadou, Commissaire central de Cotonou de leur fonction, la garantie de la sécurité à tous les citoyens, notamment les responsables syndicaux, des magistrats, des responsables de la société civile, des partis politiques et les opérateurs économiques ne partageant pas les mêmes point de vue que le pouvoir , l’annulation « pure et simple » du concours de recrutement « frauduleux » au profit du ministère de l’économie et des finances de juillet-août 2012 et récemment validé par le gouvernement .

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Elles exigent aussi le paiement aux agents de l’Etat, y compris les enseignants, des 25% d’augmentation décidé en 2011, la restitution des « défalcations arbitraires » pour fait de « grève licite » et le relèvement du Smig à 60 000 fcfa au moins dans les secteurs privés et parapublics. Les centrales et confédérations syndicales béninoises avaient depuis longtemps la dent dure contre le gouvernement de Boni Yayi. Elles ont durci le ton suite aux événements du vendredi 27 décembre 2013. Ce jour-là, à Cotonou, une marche pacifique des syndicats, autorisée par la mairie mais interdite par la préfecture, a été réprimée par les policiers. Et ce, sur ordre du préfet des départements de l’Atlantique et du littoral, Placide Azandé.

Boycott

Certains syndicats sectoriels et de base ont décidé de boycotter le mot d’ordre de grève. De sources concordantes, on apprend que, convaincus que l’option de la grève générale n’est pas la bonne, les syndicats sectoriels exhortent, sans faire de bruits, leurs syndiqués à se rendre au travail aujourd’hui mardi et demain mercredi. Ce boycott en vue a d’ailleurs été annoncé par une partie des journaux proches du pouvoir dans leurs livraisons du lundi. Parmi les organisations syndicales « rebelles », le Syndicat des travailleurs de l’administration centrale des Finances (Syntracef) a agi, lui, à visage découvert. Dans un communiqué diffusé ce vendredi 03 janvier, il a annoncé ne pas être concerné par ce mouvement de grève. Invitant « tous les camarades travailleurs à se présenter régulièrement à leurs postes de travail» les mardi 08 et mercredi 09 janvier. Le gouvernement a depuis un moment fait l’option de répliquer aux grèves qu’il juge illégales et illégitimes par des défalcations sur les salaires des agents grévistes. Pour mettre ses membres à l’abri de cette éventualité, le Syntracef a prévenu ses syndiqués de l’ouverture d’une liste de présence au niveau de toutes les directions du ministère des Finances. 

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Terrain de jeu

Parlant de défalcations sur salaires, les ministres en charge de l’éducation (enseignement maternelle et primaire, enseignement secondaire technique et reconversion des jeunes et enseignement supérieur) ont dans un communiqué conjoint mis en garde « les enseignants et les personnels de l’administration scolaire ». Leur communiqué clarifie que les motifs de violation récurrente des droits de l’homme et des libertés avancés par les centrales dans leur motion « ne sont pas spécifiques à l’éducation et ne sauraient être un motif de blocage des activités académiques. » De plus, « la motion n’est signée ni par le Front d’action des trois ordres d’enseignement ni par tout autre regroupement syndical du secteur de l’éducation. » Les ministres Eric N’dah, Soumanou Djemba et François Abiola déduisent que « l’Administration se trouverait dans la triste obligation d’opérer des défalcations sur les salaires des agents qui n’auraient pas répondu présents à leur poste de travail.» Certains syndicats de base ont décidé de boycotter la motion de grève. Le gouvernement a fait l’option de l’intimidation. L’administration publique sera ce mardi et demain mercredi un terrain de jeu des organisations syndicales et du gouvernement. 

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