Bénin : Les deux péchés de l’ex-Procureur Justin Gbènamèto

Justin Gbènamèto geint. Nous avons suivi hier sur Océan Fm et sur Canal3 les jérémiades du magistrat en rupture de banc avec le pouvoir. Il affirme urbi et orbi que « sa sécurité est menacée » et « se demande si nous sommes encore en démocratie ». Ne comprend pas pourquoi il est mis en résidence surveillée, privé de son droit constitutionnel d’aller et venir, épié et poursuivi jusqu’au culte depuis une quinzaine de jours par des policiers alors personne ne lui a notifié l’infraction ou la faute qu’il a commise pour mériter ce sort.

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Richard Sènou ?! Il dit ne l’avoir jamais rencontré et ne le voit qu’à travers le petit écran. Pourtant, ce mardi c’est chez cet  ancien ministre des travaux publics du président Yayi que la police l’a localisé. Pendant une bonne trentaine de minutes, sa maison sera assiégée par des forces de l’ordre qui dit rechercher sur les lieux un magistrat qu’eux-mêmes ont pris la peine de mettre en réclusion de l’autre côté de la ville. A l’entendre parler, on pourrait lui donner le bon Dieu sans confession, lui le prédicateur protestant nourri aux sèves des enseignements spirituels. On le plaindrait, accuserait ses bourreaux anonymes de se mettre aux trousses d’un innocent, affable et peu disert, obligé de crier pour sauver sa peau.

Les exemples sont légion

Génial ! Gbènaméto aurait pu convaincre n’importe qui sur le fait qu’il est une victime innocente du régime  et sur la nécessité de le sauver des griffes des forces du mal. Mais bon nombre de Béninois, ne souffrant pas d’amnésie, pourraient se montrer dubitatifs face à cette option. N’est-ce pas ce procureur qui avait brandi aux côtés du commissaire Houndègnon les produits radioactifs et toxiques qui serviraient à tuer le président Boni Yayi ?  N’est-ce pas lui qui a rendu la vie dure au syndicaliste Pascal Todjinou qu’il a fait  emprisonner pour un simple défaut d’assurance de voiture ? Pour eux, Gbènamèto était un élément du système Yayi qu’il servait avec zèle et engagement.

Justin Gbènamèto: « Je suis séquestré depuis plus de deux semaines chez moi »

Tous devront s’étonner de le voir se plaindre du système qu’il a contribué personnellement à instaurer au Bénin. Ses déclarations faites sur les affaires empoisonnement, coup d’Etat, l’arrestation de l’ épouse de l’honorable Eric Houndété sont autant de preuves qui ont conforté l’opinion des gens sur la mission politique qu’il jouait. Ils s’étonneront alors de sa naïveté affichée face à un système qui paie toujours en monnaie de singe et qui jette – tel on jette un  zeste d’orange après l’avoir sucé- les plus dévoués de ses chantres. Et les exemples sont légion.

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Ça se paie cash !

Pourquoi n’a-t-il pas tiré leçon des déboires d’un certain Armand Zinzindohoué, ce ministre larbin du Chef de l’Etat, prêt à le louanger et à l’élever au rang de Dieu, limogé pour avoir été simplement soupçonné d’intelligence avec les responsables de Icc- Services qu’on lui a, auparavant, recommandés d’aider à prospérer leur escroquerie ?  Pourquoi a-t-il feint d’oublier la souffrance actuelle de son collègue Georges Constant Amoussou, emprisonné de façon subreptice pour avoir été accusé de soutenir les mêmes escrocs d’Icc-Services ? Détenu de façon inhumaine à Akpro Missrété, il souffre le martyr et meurt à petit feu. Pourtant, lui aussi était un maillon du système et exerçait les basses manœuvres du pouvoir. C’est lui qui a aidé Yayi à embastiller Simon- Pierre Adovèlandé à cause de ses ambitions d’être candidat à l’élection présidentielle. Comme tous les régimes autocratiques, le système Yayi écrase tous ceux qui l’ont servi. Après avoir bien servi, on vous liquide car devenu trop indispensable pour le système votre notoriété pourrait dépasser celui du chef suprême. On vous colle un  dossier et on vous gare. Dans un tel système, le soupçon est permanent et l’accusation facile. Gbènamèto, parent du juge Angelo Houssou ne peut pas échapper à l’accusation qui le fait passer pour un complice du juge et en tant que tel il est bien au parfum de ces ordonnances de non-lieu et n’a pas alerté la hiérarchie à temps. Son péché c’est d’avoir trop bien servi ce pouvoir. Son péché c’est d’être lié, hélas, par le sang au « juge des non lieux ». Dans un tel régime, ça se paie cash.

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