Bénin : nécrologie 2013 des artistes

En cette fin d’année, moments surtout de réjouissances,  leurs morceaux et leurs voix contribueront à égayer les soirées, mais ils ne sont plus. A l’instar de presque tous les autres secteurs, le monde culturel, notamment musical béninois, a aussi broyé du noir, durant cette année qui aura mainte fois fait pleurer les fans d’artistes et les artistes béninois, qui ont dû assister impuissants à la disparition successive des leurs.

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Janvier 2013, le jeudi 31. L’artiste Adilèhou Serge Martin, plus connu sous son nom de scène Alokè, rend l’âme au Centre National Hospitalier  Universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou (Cnhu) où il est admis aux Urgences. Demi-finaliste de l’édition 2012 de la Coupe nationale du vainqueur des artistes du Bénin (Conavab), Alokè a  à son compteur, trois albums dont le  tout premier baptisé «Ninkouin bonsoir nouwé». « Sibè Sibè» et «Sœur Hwévi non», sont les deux autres albums dans  lesquels il chante les histoires de couples, dans le rythme «gangan». Il laisse 14 orphelins et 04 veuves.

Février 2013, le vendredi 15. C’est la grande consternation dans tout le Bénin. Zouley Sangaré, une des plus belles voix de la musique béninoise s’est éteinte. Les Béninois ont eu leur moral entamé, avec la triste nouvelle de la disparition de cette vedette adorée, au lendemain de la Saint Valentin, où son corps a été retrouvé sans vie, dans son domicile à Sèdégbé, un quartier de Cotonou.

Décès de l’artiste Zouley Sangaré (témoignage vidéo)

Zouley Sangaré, une des plus belles voix de la musique béninoise s’est éteinte

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Elle a un palmarès impressionnant, et son décès, dont les causes profondes restent inconnues, demeure toujours insoutenable, comme le dira «Le Noyau critique», une association de journalistes culturels et de critiques d’arts, dans un communiqué  de presse publié à cet effet.

Mars 2013, le mercredi 20. Après de rudes combats avec la maladie, au Cnhu où il a passé des mois, Tchèkpo Atindoda Ulysse Aymar, alias Riss Cool, a fini par rendre l’âme, dans la soirée de ce jour-là, autour de 22 heures. Mais, la mort ne réussira pas à l’effacer de la mémoire du commun des Béninois, et plus particulièrement de ses fans.  Chaque fois qu’un titre de «Gbèmin», «Sègbè», «Ok, J’ai compris», «Je suis bleu», «le silencieux» et «Ma question», ses six albums, résonne avec ce timbre vocal qui lui est particulier, l’artiste se réincarne et inflige une cinglante réplique à la mort.

Mars 2013, le samedi 30. Rim-K, Karim Bello de son vrai nom, ce jeune rappeur béninois originaire de Porto-Novo, emboîte le pas à Riss cool comme deuxième plus jeune artiste à rendre l’âme durant l’année 2013, et le même mois. C’est en  2007 qu’on le découvre, à l’occasion d’un podium Hip hop organisé dans un collège de Porto-Novo. Mais, il se révèle encore plus au festival hip hop Kankpé 2009 de Ardiess. Il a à son compte un album, «Parlez moins», des singles et des featuring avec Blaaz, Dibi-Dobo et d’autres rappeurs.

Mai 2013, le mercredi 15. Après un mois de répit, la mort revient et frappe d’un grand coup. Gustave Gbénou Vikey, affectueusement appelé  G G Vickey, a laissé son calypso dans sa Villa sise à Abomey-Calavi, au quartier Arkonville. Partout en Afrique et au Bénin, de nombreux mariés pleurent le mélomane qui, par son célèbre morceau «Vive les mariés» sorti en 1969, aura marqué leur union d’un sceau indélébile.

Gg Vikey n’est plus

Et, puisque ses titres classiques continuent de résister à l’usure du temps, sa voix continuera toujours à accompagner, de génération en génération, des couples dans leur idylle, et bercera encore tout homme aux heures  de solitudes.

Juin 2013, le lundi 24. C’est le rythme Tchingounmè de Savalou qui s’estompe, l’instant  du départ à l’autre bout du monde de Anatole Hountchédé Houndéfo, dit Alokpon, «Le Roi du Tchingounmè». Il s’en est allé à 73 ans, laissant au patrimoine musical béninois, une soixantaine de productions – disques et cassettes. Outre les productions musicales, Alokpon laisse l’exemple d’un  homme de labeur, un combattant. Alokpon a, beaucoup plus, vécu de ses champs de noix de cajou, d’igname, de manioc et de vin de palme.

Août 2013, le dimanche 25. La mort frappe encore et arrache de nouveau un jeune artiste. Le quatuor All Baxx est réduit à un trio, avec la mort de Bluv, du nom de Léonid Bento, qui a  tiré sa révérence dans la nuit du dimanche où il a été retrouvé mort dans sa chambre, à domicile. Il s’agit là de la perte d’un jeune qui aura marqué, par sa propension à distiller de la joie et à faire bouger les corps, au mépris de la solitude.

Groupe All Baxx en deuil : décès de Bluv

Décembre 2013, le jeudi 12. Le ciel tombait sur le monde culturel  béninois. Djibril Sagbohan, pressenti pour succéder à son père, Sagbohan Danialou, appelé l’homme orchestre, est décédé d’une intoxication alimentaire, pendant que le Baobab aussi, vivement secoué pour la même cause, est urgemment admis en réanimation au Cnhu de Cotonou, de même que l’animateur culturel El Pidio, en soins intensifs.  La mort aura manqué sa tentative de faire d’une pierre trois coups.

Sagbohan Danialou entre la vie et la mort, son fils décédé

Eux, comme bien d’autres qui n’ont plus de corps physique, sont toujours présents, et le seront encore plus en ce moment de fête. La Nouvelle Tribune leur rend hommage et souhaite bonne fête à leurs familles, leurs fans, de même qu’à tout le monde culturel béninois et à tous ses lecteurs.

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