Concurrence déloyale entre Béninois et Indo-pakistanais : le gouvernement toujours impuissant face au phénomène

A Dantokpa comme dans les milieux d’affaires, les commerçants béninois sont toujours victimes de la concurrence déloyale. Les auteurs de cette mauvaise pratique sont les commerçants indo-pakistanais.  Restés sourds aux injonctions du  Ministère de l’Industrie et du commerce, ils sont à la fois grossistes, semi-grossistes et détaillants et lèsent dangereusement les béninois.

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Dame Karamath est revendeuse de tissu en détails au marché Dantokpa. Elle achète ses produits auprès d’un Indo-Pakistanais. Elle a son petit hangar où elle fait couler vaille que vaille ses marchandises. Mais, tout le temps, Karamath se plaint. Elle crie à la mévente. « C’est difficilement que j’arrive à vendre un article dans une journée. Je roule à perte, car les frais de transport m’asphyxient sans oublier les autres charges quotidiennes du marché… », se désole-t-elle. « Nous, les femmes béninoises, n’avons pas les grands moyens. Nous achetons chez les Indo-Pakistanais. Ceux-ci vendent en gros, semi-gros et encore en détails. Par conséquent, nous ne vendons plus de notre côté.  Toutes les démarches pour régler le problème au niveau du ministère du Commerce ont échoué… », crie-t-elle. Comme elle, plusieurs femmes béninoises au marché Dantokpa font les frais de la concurrence déloyale. Dans la zone de Missèbo, la situation est criarde. L’unité est moins chère dans la boutique des expatriés, la plupart des acheteurs préfèrent aller vers eux. Donc les femmes qui vendent en détails sont laissées sur le carreau.

Le port aussi!

Comme au marché Dantokpa dans le textile, les transitaires nationaux subissent les effets de la concurrence déloyale. Nicolas, un acteur portuaire, raconte son calvaire avec un certain Boublou Dev de nationalité indienne. «J’étais appelé à enlever les marchandises appartenant à un Indien. Mais, au dernier moment, il signale qu’il a confié le marché à l’un de ses frères. Ayant une société de transit, ce dernier s’est accaparé de tout. Aujourd’hui, nous sommes pris en otage…», affirme-t-il. Il soutient avoir été victime de ces détournements de marchés à plusieurs reprises. Aujourd’hui, dans le secteur portuaire, les Béninois résistent très peu à la puissance financière de certains expatriés. Ces derniers sont à la fois transitaires, importateurs, transporteurs, magasiniers au grand dam des nationaux. Ne sachant plus à quel saint se vouer, ils soutiennent que c’est une prise en otage du secteur économique, en général, et le port de Cotonou, en particulier, par les Indo-Pakistanais. Les incriminés n’ont pas voulu répondre aux accusations dont ils font l’objet. Mais, certains d’entre eux ont préféré agir sous anonymat. «Dans les affaires, c’est la loi du plus fort qui prime. Nous respectons les règles du commerce international. Les autres n’ont qu’à renverser la situation, s’ils ont les moyens. C’est ça le commerce…», Confient-ils.

Impuissance des autorités

La question de la concurrence déloyale a fait l’objet de plusieurs séances de travail au ministère de l’Industrie et du commerce. Depuis le régime du Président Mathieu Kérékou, suite aux soulèvements des femmes des marchés de Cotonou contre le phénomène de la concurrence déloyale entretenu par les Indo-Pakistanais, le gouvernement a réuni les deux parties à plusieurs reprises. Par la suite, une décision d’interdiction de vente en détails par les grossistes a été prise. Même, dans le secteur portuaire, le régime d’alors a également pris des mesures contre le mal. Et pourtant, rien n’y fit. A l’arrivée au pouvoir du Président Boni Yayi, l’ancien ministre de l’Industrie et du commerce, Moudjaïdou Soumanou a, en son temps, cherché à régler la question de la concurrence déloyale. Il avait même menacé de fermer les sociétés récidivistes. Jusqu’à aujourd’hui, le mal persiste au port et au marché Dantokpa.

Joint au téléphone hier, le Directeur départemental de l’Industrie et du commerce, Alassane Zoumarou a indiqué que des dispositions sont prises contre les contrevenants. «Il y a le service de la lutte contre la fraude et la concurrence déloyale qui s’en charge. Comme l’informel prédomine, le phénomène persiste. Mais, nous continuons de lutter. Les gens sont souvent arrêtés et amendés…», a-t-il déclaré.

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