Humeur du temps : le diable marche avec nous!

Voici un extrait du refrain de l’hymne de la légion étrangère. «Nous sommes des hommes des troupes d’assaut, soldats de la vieille Légion demain brandissant nos drapeaux, en vainqueur nous défilerons, nous n’avons pas seulement des armes mais le diable marche avec nous».

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Ce dernier bout du texte retient l’attention : «le diable marche avec nous». Dans la civilisation judéo chrétienne, le diable c’est l’incarnation suprême du mal. On le trouve dans les actes et les discours. Ici aussi, le diable marche avec nous. On le retrouve dans les discours belliqueux de certains hommes politiques dont l’ambition est de diviser, inciter à la partition du pays et aux heurts régionalistes. C’est le cas d’un certain Djibril Débourou, chantre invétéré du régionalisme. Dans ses vils desseins, il a pu penser et oser dire qu’aucun «sudiste» ne sera plus jamais président au Bénin. Phrase qui aurait pu susciter un tollé et même des soulèvements si on remplaçait «sudiste» par «nordiste». En plein hémicycle, le député de Bembèrèkè, très fier de ses origines baatonou, a présenté une théorie sur le régionalisme au Bénin. Dans ses égarements chronologiques, il situe l’origine du phénomène dans le sud du pays avec l’avènement des premiers heurts politiques entre le Prd de Sourou Migan Apithy et l’Udd de Justin Tomètin Ahomadégbé. Curieux égarement d’un historien qui a feint d’oublier que le premier regroupement politique de Hubert Maga -qu’il met à l’abri des querelles régionalistes dans le Dahomey d’antan- s’appelle «Groupement ethnique du Nord». Et qui ferme les yeux sur les velléités séparatistes des «siens» qui voulaient, dans les années 60 créer la république de l’Atabor pour s’isoler du sud. Doit-on rappeler à Djibril Débourou l’épuration ethnique organisée contre les gens du sud en 1991 lorsque le président Nicéphore Soglo prenait le pouvoir? Lorsqu’on parle des prévarications et manœuvres subreptices à la Cnss, Débourou y voit tout de suite la manifestation du régionalisme. Qu’en dira-t-il du sort réservé à Expédit Houessou qui, pour des fautes moindres, croupit en prison. Doit-on enfin demander à ce député ce qui explique le fait que depuis 2006, le Chef de l’Etat qui a déclaré officiellement avoir les «siens» qu’il va opposer aux partisans de l’opposition. Géniale idée qui ne peut être que la manifestation du diable que l’on côtoie et qui marche avec nous. Le 27 décembre 2013 qu’est-ce qui a pu pousser les policiers à réprimer avec cette barbarie une marche pacifique des travailleurs. Si ce n’est le diable, cela y ressemble bien puisque depuis, on ne voit que division, affrontement, jusqu’auboutisme, vengeance, règlement de compte, persécution. Que voit-on ici et là? Des syndicalistes très remontés contre le gouvernement et qui réclament les têtes d’un préfet et d’un commissaire de police. Un gouvernement qui brandit vainement la défalcation sur salaire pour briser une grève qui prend chaque jour de l’ampleur. Une police qui décide elle aussi d’ajouter sa dose de fiel à la république en arrêtant des milliers de motos (pour violation des pistes cyclables) qu’elle garde par devers elle pendant près d’une semaine et contraint les contrevenants à payer des sommes faramineuses pour les reprendre. Un ex-procureur radié de la magistrature après avoir été mis en résidence surveillée pendant des semaines. Son péché, dit-on, c’est d’avoir bénéficié de la générosité de sa maîtresse, veuve d’un bourgeois italien. Son sort aura été autre si le juge Angelo Houssou dont il serait un parent n’avait pas rendu des ordonnances de non lieu sur les dossiers d’empoisonnement et de coup d’Etat. Peut-on encore oublier ce concours frauduleux mais qu’on tente de valider? Le gouvernement fonce dans la barbarie la tête baissée. A chaque étape, il y a toujours des pyromanes qui aident le Chef de l’Etat à transformer le Bénin en une poudrière sociale. Sans être légionnaire, le diable marche avec nous. Gardons-nous de tirer sa queue. Le dieu réincarné dans le corps d’une jeune fille à Banamè a vraiment du boulot pour exorciser le pays et chasser le diable qui secoue la république.

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