Dans la gestion de la crise sociale actuelle, le gouvernement donne l’impression de focaliser le débat uniquement sur la question de la rétrocession des défalcations sur salaires. Une manière de faire oublier aux syndicats, qui semblent bien conscients de leurs revendications initiales.
Faire changer de préoccupation aux organisations syndicales. C’est apparemment la logique dans laquelle s’inscrit le gouvernement face au mouvement de paralysie de l’administration publique décrété par les centrales syndicales et la Fésyntra-Finances. C’est la conclusion à laquelle on aboutit en observant la stratégie adoptée par Boni Yayi et les siens depuis le début de la grève en janvier. Au début de ce mouvement de grève, parmi les revendications des syndicats, les plus en vue étaient le relèvement du préfet Placide Azandé et du commissaire central de Cotonou, Pierre Agossadou de leur fonction et le respect scrupuleux et la jouissance sans entrave des libertés démocratiques et syndicales. Très tôt, le gouvernement a brandi l’arme de la défalcation, arguant de l’illégalité de la grève. S’en est suivie la stratégie du dilatoire du gouvernement au début des négociations pour le dégel de la crise. Les deux parties n’ont pu s’entendre. La grève a eu lieu. Les défalcations ont été opérées sur les salaires des agents grévistes. Au fil des jours, la rétrocession des défalcations a pris le pas sur les autres revendications. Le gouvernement a réussi à faire changer de priorité aux syndicats grévistes. C’est de bonne guerre. Boni Yayi et les siens ont déplacé le débat sur le terrain des questions salariales. Là-bas, le gouvernement qui détient la caisse publique est maître du jeu. Il pourra tirer les ficelles à sa guise et obtenir des syndicats les concessions qui font son affaire.
Vigilance?
Du côté des organisations syndicales, on semble avoir compris la stratégie du pouvoir. La Cgtb, la Cstb, la Csa-Bénin, la Cosi-Bénin, la Cespib et la Fésyntra-Finances semblent veiller au grain pour ne pas se faire rouler dans la farine. On en a pour preuve le contenu de leur conférence de presse d’hier mercredi soir à la bourse du travail. Elles ont rappelé que la question des défalcations n’est pas la seule revendication de leur motion de grève. Ainsi, selon elles, si cette question se règle, les deux parties devront se pencher sur les autres points dont le respect scrupuleux et la jouissance sans entrave des libertés démocratiques et syndicales et le relèvement de leur fonction du préfet Placide Azandé et du Commissaire central Pierre Agossadou. Comme quoi, la rétrocession des défalcations n’est pas le seul préalable à la suspension de la motion de grève. Le gouvernement veut déplacer le débat. Les syndicats semblent vigilants. Pourvu que leur bras de fer ne dure plus trop longtemps.