Lépi, législatives et présidentielles : Célestine Zanou dénonce un complot en gestation

La gouvernance actuelle du Bénin suscite aujourd’hui beaucoup de réactions notamment au sein la classe politique. Invitée de l’émission ‘’Version originale’’ de Tv Carrefour de Bohicon, la président de ‘’La dynamique du changement pour un Bénin debout’’, Célestine Zanou a réagi face à la gouvernance Yayi.

Sur la gouvernance faite du pays par le régime actuel, sa position était attendue. Et désormais c’est chose faite. Utilisant comme canal, l’émission dominicale ‘’Version originale’’ de Tvc, Célestine Zanou, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a opiné ce dimanche sur la gestion du pays. Pendant les 90 minutes qu’a duré l’émission,  la présidente de ‘’La dynamique du changement pour un Bénin debout’’ a décrypté la gouvernance économique, passé au peigne fin la gouvernance sociale et analysé de fond en comble le mode de gestion politique du pouvoir Yayi.

«La gouvernance économique pose problème»

La gestion économique du Bénin, c’est le premier point abordé par la présidente Célestine Zanou lors de son décryptage. Après analyse des différents secteurs économiques (Primaire, secondaire et tertiaire), l’invitée de ‘’Version originale’’ de ce dimanche pense que «la gouvernance économique pose problème».  

L’agriculture, pourtant socle du développement économique du pays, est selon Célestine Zanou gérée à coups d’idées sans aucun mécanisme ni expérience. Et le cas de la filière telle que décrite par la présidente Célestine Zanou  illustre bien cette absence de stratégie de développement du secteur. En effet, «avant l’arrivée du président Boni Yayi, la production était à 427000 tonnes. Et cela sans subvention. Mais depuis 2006, la production a baissé malgré les milliards injectés», a souligné Célestine Zanou. «Le chef de l’Etat va jusqu’à être producteur de coton- cela en violation de la Constitution- et on est à 127. 000 tonnes. Il y a un problème», fait remarquer l’invitée de Tvc qui dénote beaucoup d’incohérences dans la gestion de la filière. Lesquelles incohérences selon Célestine Zanou qui, il y a quelques années, avait proposé mais sans être écoutée, au chef de l’Etat un diagnostic de fond sur la filière afin d’en relever les difficultés, sont le résultat de «la précipitation dans l’action non murie».

De l’analyse de l’ancienne Dc du président Kérékou, il apparaît que les autres secteurs sont aussi moribonds que le secteur primaire avec l’agriculture aujourd’hui comateuse.

Gouvernance sociale de ‘’frustration’’

Si la gestion économique du Bénin est piètre, celle sociale que la présidente Zanou qualifie de ‘’gouvernance de frustration’’ est génératrice de problèmes. Les richesses du pays sont mal reparties. «On a vu comment la prospérité est partagée au Bénin avec des scandales de corruption à grande échelle», a dénoncé Célestine Zanou qui cite, entre autres, les scandales Icc-services, Cen-sad, et concours de recrutement frauduleux.

L’Amazone, comme  on l’appelle du fait de sa bravoure, pense que c’est cette gouvernance de frustration qui est à l’origine de la grogne générale dans tous les secteurs. Comment faire pour  sortir de la crise sociale en cours? «Il faut que le président montre pattes blanches, il faut qu’il prouve sa bonne foi», pense la présidente Zanou qui invite le chef de l’Etat à satisfaire aux préalables des syndicalistes pour faire baisser la tension sociale.

Concernant les marches de soutien et de remerciement au chef de l’Etat, l’invitée de Tvc dit être scandalisée. «Je suis scandalisée de voir les gens aller marcher à chaque fois qu’ils sont nommés», a-t-elle laissé entendre avant d’expliquer que «lorsqu’on nomme un ministre, il est ministre de la République et tout le Bénin doit être fier et non son village». Pour Célestine Zanou, «il y a un culte de la personnalité qu’il faut combattre».

Politique de dictature

Du décryptage de la présidente de ‘’La dynamique du changement pour un Bénin debout’’, il ressort que c’est sur le plan politique que le pouvoir actuel a le plus péché. Et cela, pense Célestine Zanou du fait du manque d’expérience du chef de l’Etat. Célestine Zanou n’en veut pour preuve que les propos incendiaires du chef de l’Etat, les relations incestueuses entre les Institutions de la République, l’absente d’élection. Au sujet de l’absence d’élections notamment des municipales, communales et locales du fait de la non correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi), Célestine Zanou y voit un dangereux piège gouvernemental contre la démocratie.   «Les maires sont dans l’illégalité, le président pourrait faire basculer les députés dans cette même l’illégalité. Et comme 2015, n’est pas loin de 2016, le gouvernement pourrait se prévaloir de ces illégalités pour se maintenir au pouvoir», craint Célestine Zanou qui appelle à une mobilisation générale des populations pour faire échec à cet danger qui guette le Bénin et ses habitants. Aussi, la présidente de ‘’La dynamique du changement pour un Bénin debout’’ pense-t-elle que le Bénin avec la privation des libertés et l’absence de dialogue est en train de basculer dans la «dictature».

Pas de 2016 sans Lépi

Sur l’organisation de la présidentielle de 2016 et de ses intentions, Célestine Zanou est formelle et intransigeante. «Il n’y a pas de 2016 sans Lépi. C’est le préalable», a insisté la présidente Zanou qui, en février 2011, avait demandé notamment au candidat de l’Union fait la Nation, Adrien Houngbédji, de ne pas participer à la présidence de 2011 du fait de l’absence d’une liste électorale fiable. Et les contestations des résultats de l’élection de 2011 semblent bien lui donner aujourd’hui raison. Et pour la correction de liste «qu’on n’a jamais vu depuis sa confection», Célestine Zanou invite également à une mobilisation.

Réagissant au projet gouvernemental de révision de la Constitution du 11 décembre 1990, la présidente de ‘’La dynamique du changement pour un Bénin debout’’ est formelle. «La Constitution engage tout le monde. Il faut qu’on aille s’asseoir», a-t-elle dit avant d’insister sur la nécessité d’un dialogue, seul moyen de réduire les désaccords pour construire le Bénin. Est-ce que la Constitution comporte aujourd’hui des insuffisances ? «C’est vrai que  en 1990 tout n’a pas été réglé, mais il faut qu’on respecte d’abord ce qui est là», a répondu Célestine Zanou qui relève plusieurs violations fragrantes de la Constitution par le Chef de l’Etat.

Célestine Zanou «A cœur ouvert» avec les populations du Zou

Ce dimanche lors de sa sortie dans la ville Carrefour, Bohicon, Célestine Zanou était au contact des différentes couches sociales du département du Zou. Lors des échanges «A cœur ouvert» qui ont eu lieu au centre catholique de Monsieur Agboka, Célestine Zanou a discuté de divers sujets brûlants de l’actualité nationale. La crise sociale, la privation des libertés, la situation économique du pays, le chômage des jeunes ont été passés en revue avec les populations qu’elle a invitée à ne plus commettre l’erreur de 2006. Mettre à la tête de l’Etat, un inconnu.

Répondant à une question des populations, Jacques Ayadji que l’on connaît pour son franc parler, a insisté  sur la nécessité pour elles de ne pas échanger leurs voix contre des billets de banque lors des consultations électorales. Les populations, à la fin des échanges, ont dit toute leur satisfaction de pouvoir échanger directement avec «la brave dame d’Etat» et ont formulé le vœu de la rencontrer à nouveau. 

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