Pascal Simbikangwa, présenté comme l’un des démons du génocide rwandais a comparu ce mardi 4 février 2014 devant la cour d'assises de Paris. Le tout premier procès en France en rapport avec le génocide. Ceci vingt ans après les barbaries dans lesquelles la France ne manque pas de responsabilité.
54 ans, paraplégique depuis 28 ans, Simbikangwa est poursuivi pour complicité de génocide et de crimes contre l'humanité. On lui colle l’étiquette d’incitateur, d’organisateur voire de cerveau de ce génocide dont le funeste bilan, entre avril et juillet 1994, est de l’ordre de 800.000 morts en 100 jours. Accusation que rejette Simbikangwa qui n’a de cesse de clamer son innocence.
Mais toujours est-il que les circonstances et son accointance avec le pouvoir génocidaire des Hutus ne jouent pas en sa faveur. Et quoi que son état puisse inspirer, il n’est pas question qu’il ne paye s’il s’avère qu’il est ‘’reconnu’’ coupable.
Mais au-delà du fait qu’on cherche à rendre une hypothétique justice aux victimes ou aux familles de victimes, ce procès, le premier à cet effet en France, a déjà une coloration politique. La France veut se racheter.
Et pourquoi ?
Paris veut se racheter et Pascal Simbikangwa est l’une des bêtes à sacrifier sur l’autel du mea culpa. La France comme la plupart des pays occidentaux se culpabilisent depuis deux décennies pour avoir laissé l’une des grandes atrocités de l’humanité se produire. La France, ancienne puissance coloniale, particulièrement, est désignée comme la principale force étrangère qui a occasionné ce désastre humanitaire à cause de son soutien technique et financier au gouvernement Hutu du président Habyarimana dont l’assassinat –encore mystérieux- est l’élément déclencheur.
Même si l’ancienne puissance coloniale continue, tout comme Pascal Simbikangwa, de nier son implication dans le génocide que certains qualifient de « Made in France », de nombreuses sources renseignent sur l’effectivité de l’implication française dans l’écriture de cette triste et sombre page de l’histoire du monde.
La France aurait contribué à maints égards à travers la vente d’armes par des groupes installés en France, des mises à dispositions de matériels de l'Armée française. Elle aurait même formé plusieurs soldats hutus enrôlés dans l’armée rwandaise et même des groupes de civils pour commettre les barbaries.
Kagamé le héros gênant
Paul Kagame. L’actuel homme fort du Rwanda est le héros du génocide. Il est celui qui, en tête des troupes du Front patriotique rwandais (Fpr), avec des moyens limités, va renverser la vapeur et mettre fin aux atrocités contre les Tutsi. Mais, il n’est pas blanc comme neige. Certains l’accusent d’avoir fomenté l’assassinat du président Habyarimana. Toujours est-il qu’il a le mérite de sortir le pays du chaos et de la division. Mais ce héros longtemps salué, loué est devenu gênant pour la France. Il prend ses distances et tient des discours incriminants la France et toute la communauté internationale. Lui qui avait été arrêté en France, un peu avant le génocide, règle ses comptes.
Kigali, très critique envers l'attitude française pendant du génocide, a qualifié l'ouverture de ce procès historique de "bon signe", même tardif selon certaines presses. Et pour le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, "c'est une bonne chose que ce procès ait lieu".
Ce procès qui va durer trois semaines et qui se déroule à quelques semaines de l'anniversaire du génocide, selon la défense de l’accusé, n’est qu’un procès politico-diplomatique. Et quand on sait que Kigali et Paris ont connu trois années de rupture des relations diplomatiques de 2006 à 2009 avant de renouer, tout semble donner raison à la défense de Pascal Simbikangwa qui va servir d’objet de sacrifice pour la purification des relations franco-kagaméenne.