Séminaire gouvernemental : Les lacunes du système éducatif béninois au menu

Le Séminaire Gouvernemental élargi aux Conseillers du Président de la République, au Président du Conseil National de l’Education, aux Directeurs Techniques, experts et cadres techniques du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, du Ministère de l’Enseignement Secondaire, de la Formation Technique et Professionnelle, de Reconversion et de l’Insertion des Jeunes, du Ministère de l’enseignement Maternel et Primaire, du Ministère Chargé de la Micro finance, de l’Emploi des Jeunes et des Femmes et des partenaires techniques et financiers du secteur de l’éducation, s’est réuni sous la présidence du Ministre d’Etat Chargé de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique en Séminaire Gouvernemental sur le deuxième Forum National de l’Education en cours de préparation active par tous les acteurs concernés.

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Il est communément admis que le système éducatif béninois dans son ensemble affiche d’importants dysfonctionnements, incohérences et risques mettant à mal le droit à l’éducation du citoyen béninois, la qualité de l’enseignement, l’adéquation formation/profil/poste des apprenants de nos collèges, lycées, universités, centres de formation technique et professionnelle et centres de recherche et d’innovation technologique etc. …
Cette situation peu favorable à l’avènement d’un système éducatif bien gouverné, solidement arrimé auconteste socio-économique béninois et orienté vers la réduction du sous-emploi et du chômage des jeunes, leur employabilité offres d’emploi répondant aux besoins du secteur productif, justifie aujourd’hui la tenue d’un deuxième forum de l’Education au Bénin dont l’objectif global vise la promotion de valeurs citoyennes, de l’employabilité et de l’insertion des formés.
Il s’agira d’engager avec la contribution de tous (Etat, entreprises, ménages, partenaires sociaux et société civile), une réflexion profonde qui propose une rupture radicale avec les paradigmes, les pensées, les croyances, les idéologies, les mécanismes, les structures et institutions qui ne permettent pas à notre système éducatif de répondre efficacement aux défis et aux besoins actuels de formation,d’insertion professionnelle des jeunes et d’émergence du Bénin au plan socio-économique et culturel.
Le séminaire gouvernemental a démarré avec une présentation du Consultant principal chargé des travaux exploratoires préparatoires dudit forum, suivi de débats pertinents portant sur les questionnements, observations et remarques des Ministres et des Conseillers du Président de la République ainsi que des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) présents.
La présentation faite a mis en relief les points suivants :
. Au titre des disfonctionnements de notre système éducatif, les principales lacunes se présentent comme suit :
1- le très faible développement du préscolaire engendré par une faible couverture de l’offre éducative préscolaire ;
2- l’insuffisance d’enseignants qualifiés ;
3- l’insuffisance des infrastructures et équipements (salles de classe et laboratoires) ;
4- le non-respect du temps d’apprentissage requis (en raison des grèves répétitives) ;
5- la forte proportion des redoublants ;
6- La persistance du phénomène d’enseignants non qualifiés (enseignants communautaires) ;
7- la faible collaboration des acteurs dans la mise en œuvre de la décentralisation ;
8- les fortes disparités d’accès entre filles et garçons au premier cycle du secondaire en 2013 ;
9- l’inexistence d’une carte scolaire de l’enseignement secondaire général qui entraine les incohérences dans l’implantation géographique des infrastructures ;
10- l’inexistence des infrastructures sportives et de loisirs ;
11- la faible synergie entre les Ministères en charge de l’éducation ;
12- la vétusté des programmes de formation (datant de plus de dix ans) du fait de l’inexistence d’une politique de suivi et de mise à jour des programmes de formation technique et professionnelle ;
13- l’obsolescence des matériels et équipements de formation ;
14- la déconnexion des Universités du Bénin par rapport aux besoins du marché (offres de formation inadaptées et recherches peu orientées vers le développement)
15- le faible développement des filières scientifiques et technologiques par rapport aux autres filières ;
16- la faible adéquation des formations avec le marché de l’emploi ;
17- la mauvaise application du système Licence-Master-Doctorat (LMD) ;
18- l’inexistence d’une gouvernance orientée vers le développement de la recherche et de l’innovation technologique et de ses applications industrielles ;
19- la faiblesse du financement de la recherche ;
20- l’inadéquation de la recherche scientifique et technologique aux besoins de développement du pays ;
21- le faible intérêt porté aux recherches à finalités pratiques telles que la recherche appliquée, la recherche industrielle, la recherche scientifique et le développement expérimental ;
22- le faible impact de la recherche et des innovations sur le développement du Bénin ;
23- l’inexistence de politiques efficaces de lutte contre la fuite et la dispersion des cerveaux ;
24- l’insuffisance des infrastructures pour abriter les centres d’alphabétisation ;
25- l’insuffisance d’actions liées à la promotion des langues nationales ;
26- l’inexistence d’une structure formelle de formation des formateurs en alphabétisation et en éducation des adultes.
27- la politisation de l’enseignement ;
28- la non employabilité des apprenants sortis des lycées et collèges ;
29- l’augmentation du sous-emploi et du chômage des jeunes et des femmes ;
30- la difficulté des cadres formés à s’insérer au marché du travail ;
31- le caractère général de la formation délivrée par le système d’éducation, ce qui n’offre aucune place à la théorie et à l’innovation technologique, source de création de valeur.
Au titre des échanges assez pertinents sur le sujet, les orientations ci-après ont été fixées à l’intention du comité préparatoire du deuxième Forum National sur l’Education au Bénin :
1- La nécessité d’harmoniser les dates de tenue de la table ronde des PTF en vue du financement du développement du Bénin prévu à Paris fin juin 2014 et du deuxième Forum National pour l’Education ;
2- La prise en compte du Partenariat Mondial pour l’Education (PME) et du Plan Décennal de Développement du Secteur de l’Education 2016-2025 (PDDSE) dans les travaux du Forum ;
3- L’adoption par les acteurs d’une démarche programmatique indicative avec des objectifs précis à atteindre ;
4- La primauté à accorder à la lutte contre le sous-emploi et le chômage dans les politiques, stratégies et activités éducatives à proposer par le Forum ;
5- La nécessité d’examiner les questions de fond telles que la gouvernance du système et la qualité de l’enseignement ;
6- La nécessité d’avoir une approche volontariste, novatrice et participative ;
7- La mise en évidence des interférences et leur traitement adéquat ;
8- La nécessité de produire un modèle d’éducation nationale de qualité qui fournit des cadres consommables par le marché du travail, et promeut un Bénin émergent, prospère, paisible, bien gouverné, à économie compétitive, débarrassé de la corruption et des comportements anti patriotiques ;
9- La nécessité d’adopter une approche multisectorielle au cours des travaux du Forum ;
10- La prise en considération par le Forum des mécanismes de décentralisation et de déconcentration en matière d’éducation.
Pour éviter que le prochain Forum National sur l’Education ne suive les sentiers battus et n’accouche de réformes sans lendemain, le séminaire gouvernemental a invité les membres du comité préparatoire du Forum à observer le recul nécessaire pour opérer les options fondamentales permettant de bâtir un système éducatif en phase avec nos préoccupations actuelles centrées sur la lutte contre le chômage et le sous-emploi chronique.
Les documents techniques à enrôler au programme du Forum doivent être de qualité et mettant en évidence :
– un diagnostic situationnel en cohérence avec le contexte et l’état actuel de notre système éducatif ;
– une définition claire de la finalité du Forum ;
– une définition claire du système éducatif à bâtir ;
– les points de rupture opérés avec l’existant pour adapter le système éducatif aux réalités de notre temps, aux besoins d’une économie émergente capable de réduire la pauvreté, le chômage et le sous-emploi endémique des jeunes ;
– les approches multisectorielles indispensables à une analyse approfondie et les propositions pertinentes et réalistes qui présentent clairement les enjeux, défis, vision, objectifs, actions à envisager ;
– la démarche méthodologique à observer pour la conduite des travaux du Forum ;
– la mise à contribution de toutes les parties prenantes au système éducatif dont les partenaires sociaux et la société civile ;
– l’identification des virages à opérer pour garantir la réussite des réformes ;
– la définition claire des nouveaux rapports entre le système éducatif notamment les écoles, les universités et les entreprises créateurs de richesse et d’emploi ;
– le type d’université à privilégier pour accroître la proportion de l’enseignement technique et professionnel par rapport à l’enseignement général ;
– le type de recherche à privilégier pour promouvoir les initiatives innovantes nécessaires au développement technique et industriel du Bénin ;
– la définition des liens à établir entre le système éducatif et les pôles de développement prévus dans les documents de politiques et de stratégies nationales ;
– la détermination des piliers fondamentaux autour desquels l’éducation contribuera à la transformation de l’économie béninoise ;
– les options de filières à faire dans les universités et centres de formation ;
– les formes d’organisation institutionnelle à mettre en place pour une bonne gouvernance du secteur de l’éducation au Bénin ;
– la stratégie d’élimination des tares culturelles et mentales qui gangrènent le système éducatif ;
– la définition d’un système efficace de suivi évaluation de la réforme éducative ;
– la définition d’un système efficace de reddition de compte, de récompense et de sanction ;
– la définition d’une stratégie de communication pour faire connaître la problématique, les enjeux et défis du Forum et de la réforme qui en résultera ;
– la définition du concept d’éducation inclusive, durable, centrée sur la croissance et le développement socio-économique.

Fait à Cotonou, le 25 février 2014
Le Secrétaire Général du Gouvernement,
Alassani TIGRI

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