Coton, quand tu nous tiens!

Abondante est l’actualité économique, politique et sociale au Bénin ces trois derniers mois. Mais au- delà des négociations entre centrales, confédérations syndicales et gouvernement dont une partie importante se déroule sur les écrans de télévision par Ministres et thuriféraires interposés, les Béninois ont surtout vu du blanc, beaucoup de blanc.

Publicité

Mais le blanc n’est pas toujours sous les tropiques synonyme de transparence. Puisqu’il faut le nommer, le coton était présent sur les écrans de télévision, dans tous ses états et sous toutes ses formes. Oui le coton, le même dont nous continuons de viser la cible et qui d’année en année, de campagne en campagne, nous complique, que dis-je nous empoisonne la vie avec des statistiques les plus controversées. Et s’il y a un secteur de l’activité économique aujourd’hui ou les statistiques reflètent l’état de confusion de la gouvernance au sommet de l’Etat, c’est bien la filière cotonnière. Qui a dit qu’au Benin, « c’est à la télévision qu’on cultive le coton? » Non on n’est plus à cette étape aujourd’hui. Actuellement on charge le coton dans les camions, on pousse les balles, on négocie les camions, camera au poing et en direct à la télévision s’il vous plaît. “Cette « gouvernance cotonnière” par télévision interposée fait l’affaire des Ministres et autre affidés, qui manifestent leur attachement à la filière par une propagande digne de la période antédiluvienne. Ils ont la possibilité de montrer aussi leur savoir-faire cotonnier devant le premier producteur national de coton, celui-là même dont aucun paysan n’a encore attient la performance proclamée par la chaîne des grands évènements. On ne peut jamais se réjouir de ce spectacle, mais plutôt s’en inquiéter parce que nous avons réuni, tous les indices d’un pays que les dirigeants refusent de conduire dans la modernité. La gouvernance actuelle de notre pays, orientée vers le folklore et la propagande dès son avènement nous a habitués aux balades de ministres, soit pour chercher des terres arables pour l’utilisation des machines agricoles elles-mêmes acquises dans les conditions confuses et jamais élucidées ou pour ramasser du coton ou encore s’assurer que le coton est bien en place dans les camions. Voilà comment nous faisons la chasse à la croissance économique sous Boni Yayi. Ministre de l’enseignement, Ministre de la communication et tous autres membres du gouvernement travaillent dans le coton pour produire la croissance à deux chiffres qui depuis bientôt huit années, s’éloigne du bouquet de prospérité partagée promis au Béninois par le régime du changement et de la refondation. Ainsi va la gouvernance de notre pays, avec l’agitation fébrile organisée autour du plus important produit d’exportation. Dans quel pays sérieux fait- on tant de bruit autour des activités économiques au point ou le Chef de L’Etat lui-même négocie avec les transporteurs pour les convaincre d’embarquer le coton produit. Visiblement, le Bénin n’est plus dans les normes universellement admises en matière de gestion des affaires publiques. Nous sommes depuis installés dans une République bananière ou les règles et les pratiques les plus élémentaires de gestion, y compris les lois que nous nous sommes données sont royalement ignorées violées si elles ne sont pas allègrement piétinées. Notre pays ne peut retenir dans son histoire l’image d’un Président qui fait du coton un instrument de propagande. Mathieu Kérékou, Nicéphore Soglo et ensuite ont porté à un niveau non négligeable et pendant une trentaine d’années, ce fleuron de notre économie qui a connu des réformes à la taille des enjeux qu’il représente pour l’économie nationale. Aucun d’eux ne s’était jamais répandu comme nous le voyons aujourd’hui dans les champs de coton et sur les parcs de transport et au port de déchargement d’intrants. Et Dieu sait qu’ils ont atteint les meilleures performances dans l’histoire de cette filière dont le point culminant aura été atteint sous le Président Nicéphore Soglo avec le Ministre Mama Adamou N’diaye. Les pays comme le Burkina Faso, La Côte d’Ivoire et le Mali pour rester dans la sous-région produisent du coton, a côte d’autres spéculations sans que cela ne fasse autant de bruit ou ne fasse l’objet de tant de propagande. Quand nous aurions compris que l’économie est une chose tellement sérieuse qu’il faut l’aborder avec sérénité, organisation, méthode, nous pourrions avancer et créer les conditions de réformes apaisées qui bénéficieront dans la durée à notre tissu économique en même temps qu’elles produiront leur impact sur les populations qui sont les prétendus bénéficiaires de toutes nos gesticulations et niaiseries, mais en réalité les dindons de la farce. Quelqu’un n’a t-il pas dit que l’économie d’un pays est une chose trop sérieuse pour être confiée aux seuls économistes? S’il y a des exceptions qui confirment la règle, il faut les chercher par exemple du côté de la Côte d’Ivoire ou le président Alassane Ouattara, après seulement trois années de gestion post-crise est en passe de conduire l’économie de son pays à une croissance à deux chiffres, celle-là réelle et non virtuelle. Peut-être qu’à la crise actuelle organisée et entretenue par le Président Boni Yayi et ses obligés, succèdera une ère de sursaut et de relance de la gouvernance dont nous rêvons tous.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Publicité