Humeur du temps : ces ministres locuteurs sur l’Ortb

L’Ortb reçoit depuis quelques jours des locuteurs atypiques. Les ministres du gouvernement  y passent à tour de rôle pour s’adresser aux populations dans leur langue maternelle. Seuls les locuteurs changent.

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On a pu voir des ministres montrer d’autres talents. Qu’il était bon Raphaël Edou, le locuteur adja, Jonas Gbian n’est pas moins éloquent en batonou. Martial Sounton, très médiatisé ces derniers jours à cause de la crise sociale n’est pas si mauvais  quand il parle son fongbé. Eric N’dah paraissait plus à l’aise dans son ditammari natal.  Tous répétaient, tels des perroquets, le même discours. En bons griots, ils expliquent comment le président a fait un exploit en acceptant de rétrocéder les fonds défalqués sur les salaires aux travailleurs. Que malgré cette magnanimité affichée face à des travailleurs qui ont mené une grève illégale, ils se plaisent à reconduire leur grève sous le fallacieux prétexte qu’il faut limoger le préfet et le commissaire central. Que cette revendication peu sérieuse cache une intention de déstabiliser la République et qu’il faut que le peuple se lève pour leur barrer la voix en demandant aux enseignants et à tous les enfants de se rendre à l’école. Dans leurs adresses, les ministres avertissent les éventuels grévistes qui oseraient encore braver la volonté présidentielle affichée depuis sa déclaration à la nation le 28 février dernier. Les ministres prêtent ainsi main forte à la propagande gouvernementale toujours en vogue depuis 2006. A chaque fois qu’il y a des dossiers brûlants de l’actualité, ils sont lancés sur le terrain pour sensibiliser les populations. Cette fois-ci c’est sur le plateau de l’Ortb que la sensibilisation est faite. Ceci pose en filigrane, la question sur la gouvernance sous Yayi.  Les ministres travaillent-ils réellement s’ils ont autant de temps pour aller jouer le rôle de locuteurs  à la télévision ? Qu’un ministre des finances, dont le prestige est reconnu et les occupations multiples soit impliqué dans la propagande au point d’abandonner ses nombreuses charges à la tête de ce ministère pour aller sensibiliser les populations sur les médias dénotent de la clochardisation de poste de ministre. Ce genre d’exercice qui renforce la montée du sentiment régionaliste  montre aussi le degré d’asservissement  atteint  par des ministres prêts à faire tout ce que le chef leur demande. Tout est fait pour paraître sauveur aux yeux du peuple. Yayi avait suscité la pitié en entrant, bottes aux pieds, dans les eaux à Akpakpa au début de ce quinquennat.   Depuis qu’il est au pouvoir, le Chef de l’Etat a toujours utilisé ses ministres comme des valets. Plusieurs cadres de haut vol, ayant pignon sur rue, ont perdu de leur notoriété  en travaillant avec lui et en se donnant  à ces séances folkloriques. Mais hélas, la propagande  est et demeure l’âme du gouvernement. Tout est fait à dessein pour que la volonté du Chef de l’Etat passe avant tout, comme celle de Dieu. C’est grâce à elle que l’abrutissement du peuple se déroule en douce. Les erreurs et même les mensonges du gouvernement sont rapidement transformés en exploits grâce à la propagande.  Elle surfe abondamment  sur l’ignorance du peuple qui ne comprend pas grand-chose de tout ce qui se passe. Seulement, depuis 2006, cette manière de communiquer du gouvernement en impliquant les ministres dans la propagande n’a pas trop marché. Au contraire, elle n’a fait qu’exacerber la crise et renforcer les travailleurs dans leurs luttes. Les locuteurs occasionnels  de l’Ortb n’ont pas réussi à convaincre et il y a nécessité pour eux de revoir leur copie.

 

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