Lépi baclée, délestages insupportables, impasse socio-politique : la coupe est pleine

La situation actuelle que connaît notre pays est gravissime parce que totale, systémique. Elle questionne après dix sept ans d’intermède révolutionnaire où en bons nègres nous n’avions fait que chanter et danser, notre capacité sociétale à nous gérer, plus de cinquante ans après notre accession à la souveraineté internationale.

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Trois idées-forces me viennent à l’esprit en l’occurrence.

1. A propos de notre LEPI qui serait bâclée selon une certaine classe politique, et qui de ce fait serait la source du K.O. historique à l’élection présidentielle de mars 2011, LEPI dont la correction a été brandie comme un préalable à toutes élections démocratiques au Bénin, je fais deux observations :

• Cette LEPI malgré tout avait servi pour l’élection présidentielle de mars 2011 et les élections législatives d’avril de la même année. Dès lors,  peut-on faire de sa « correction » la condition sine qua non de toute élection au Bénin ? N’est-ce pas alors insinuer que les élections faites antérieurement sur la base de cette LEPI sont nulles et de nul effet parce que faites avec…une LEPI rédhibitoirement mauvaise ? Les réponses idoines coulent de source pour tout homme de bon sens. Pourquoi donc avoir ajourné les élections municipales et communales ? Parce qu’on n’aurait pas eu une « LEPI fiable » ? Illogique !

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• Est-on sûr qu’après le soi-pensant processus de correction de la Liste Electorale Permanente Informatisée, nous aurons comme par magie une LEPI « nickel », sans reproche ? A voir comment se déroule la phase de l’audit participatif, la réponse est non. Nous serons Gros Jean comme devant. Nous aurons toujours la LEPI dont la qualité reflètera nos insuffisances de Béninois, Africains néo-colonisés et contents de le rester ! Me vient à l’esprit ces paroles ironiques du Christ aux Juifs : « Un peuple de gens méchants et adultères demandent un miracle ! Il ne leur sera donné d’autre miracle que celui de Jonas. »  Eh oui ! C’est comme si c’était de nous que parlait Yves MONTANT lorsqu’il chantait à tue-tête : « Je suis cocu, je suis cocu, mais content ! » Sauf le respect que je dois à mes compatriotes, je dirais que « nous sommes c., nous sommes c., mais contents ! »

2. Quels objectifs visent ceux qui poursuivent mordicus le mouvement de grève actuel? Si c’est pour des revendications corporatistes et salariales, la Nation toute entière est témoin des promesses faites par le Gouvernement aux centrales syndicales. Cherche-t-on au contraire à faire subir au Président Boni YAYI la honte d’une année blanche et les affres d’une impasse socio-politique comme en 1989 ? Ceux qui y pensent, travaillent méthodiquement au recul de la démocratie béninoise, parce que dans ce charivari n’émergera pas un vrai homme politique qui sera un homme d’Etat démocrate et bon gestionnaire, mais un centurion aventuriste ou un apprenti-dictateur qui prendra le pouvoir par les armes ou par les urnes. Ne banalisons pas les candidatures annoncées de deux généraux de nos Forces Armées. L’Histoire nous enseigne qu’un régime affaibli par des revendications corporatistes intempestives prépare le lit à un régime dictatorial, comme la République de Weimar en Allemagne en 1933. Toute la classe politique de chez nous a donc intérêt à se montrer raisonnable ; les surenchères d’extrémistes enragés sont en train de tuer tranquillement le peu de confiance que le peuple béninois commençait à nourrir vis-à-vis de sa classe politique. Aussi n’avons-nous pas besoin de la permission du Chef de l’Etat avant de commencer à organiser un forum national de dialogue inclusif, assises éminemment politiques. Comme l’avaient fait les Sénégalais sous l’instigation de l’ancien Directeur Général de l’UNESCO Maht    ar MBOW ! Que ceux qui en parlent en prennent les devants, le préparent et y invitent toutes les forces vives de la Nation; je suis sûr que même les forces politiques de la mouvance présidentielle ne bouderont jamais une telle initiative. L’intendance suivra très facilement si c’est le financement qui nous arrête.      

3. On est en train manifestement de sacrifier un bouc émissaire aux récriminations de plus en plus fortes des Béninois face aux délestages sans précédent que nous subissons. Pourquoi est-ce  maintenant, sans rapport d’enquête de l’IGF ou de l’IGE, qu’on a découvert subitement que l’ancien D.G. de la SBEE Marius HOUNKPTIN est suspecté de mauvaise gestion ? Ce n’est pas la SBEE, société de distribution régie par le droit des affaires même si elle est une société d’Etat, qui doit définir et conduire une politique nationale d’autonomie énergétique, mais le Gouvernement de la République. Le Ministre qui a été rappelé au sous-sol s’était trompé en croyant qu’il y descendait cette fois-là avec l’eau et l’électricité ! On dit que le malheur n’arrive jamais seul : ces délestages intempestifs sont décidément arrivés au mauvais moment car apportant de l’eau au moulin de tous ceux qui se défient du « Gouvernement du Docteur Boni YAYI ». Dans le pays du vaudou comme l’est profondément le nôtre, il n’est pas exagéré d’invoquer un gris-gris nuisible de tous les ennemis cachés ou avoués du régime.

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