Régionalisme et ethnocentrisme au Bénin : l’appel de Léhady Soglo à l’Union pour le développement à l’université de Parakou

Le premier adjoint au maire de Cotonou, Léhady Vinagnon Soglo a la dent dure contre la pratique du régionalisme et de l’ethnocentrisme qui sévit au Bénin. Son opposition contre le phénomène est telle que lors d’une rencontre avec les étudiants de l’Université de Parakou, il a consacré l’intégralité de son discours fondateur à ce sujet. Selon lui, ‘’le régionalisme et l’ethnocentrisme sont porteurs de dérives graves aux conséquences désastreuses. 

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Raison pour laquelle, il a appelé les étudiants et à travers eux, tout les Béninois à l’union car a-t-il dit, ‘’ des peuples se sont développés en rassemblant et en conjuguant leurs forces dans leur diversité’’. Lire l’intégralité de son discours

Discours de monsieur Lehady v. Soglo, président du parti ‘’La Renaissance du Bénin’’ lors d’une tournée à Parakou, le vendredi 28 mars 2010

Excellences Mesdames et Messieurs les Autorités à divers niveaux de la Ville de Parakou

Militantes et militants de la Renaissance du Bénin à Parakou

Chers amis étudiantes et étudiants de l’Université de Parakou

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Chers compatriotes de Parakou

Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs,

C’est avec une immense joie que je me retrouve parmi vous aujourd’hui, vendredi 28 mars 2014, à Parakou, la grande métropole de la région septentrionale de notre pays, et particulièrement en son haut lieu de construction et de diffusion du savoir, de formation des cadres de la nation, l’Université.

Ma visite se situe à un moment crucial de la vie de notre pays qui connaît depuis trois mois une tension sociale des plus aiguës. Les grèves perlées dans divers secteurs, surtout dans l’enseignement, hypothèquent dangereusement  l’avenir de la jeunesse béninoise. Plus généralement, elles ébranlent les bases fondamentales sur lesquelles nous nous sommes engagés depuis l’historique Conférence des Forces Vives de la Nation de février 1990, à bâtir un Bénin démocratique, uni et prospère. Elles sont symptomatiques d’une grave perte de confiance  entre les Béninois et leurs dirigeants.

Cette situation nous interpelle tous, gouvernants et gouvernés ; et un dialogue véritablement sincère est indispensable à l’apaisement que nous devons maintenant tous rechercher, sans exception et sans exclusive.

Mesdames et Messieurs,  

Comme chacun de nous doit le ressentir, l’un des obstacles majeurs sur cette voie de la concorde nationale est le phénomène du régionalisme et de l’ethnocentrisme. Je voudrais donc y insister plus particulièrement ici dans cette métropole cosmopolite du Nord de notre pays.

Le régionalisme avec son équivalent anthropologique l’ethnocentrisme, c’est cette pratique consistant pour un citoyen d’un pays à privilégier les intérêts de sa région de provenance par rapport aux intérêts de la communauté nationale, donc au détriment des intérêts des autres régions du pays. Ainsi défini, le régionalisme n’a donc rien à voir avec l’amour légitime qu’un individu peut et doit nourrir pour sa région de naissance ou d’adoption et le dévouement dont il doit faire preuve pour contribuer au bien-être des habitants, ses parents comme on dit chez nous.

Au contraire, le régionalisme est porteur de dérives graves aux conséquences désastreuses : il inhibe le développement économique, exacerbe les tensions dans les relations entre les communautés et alimente au plan politique les tendances au séparatisme comme l’histoire de notre pays l’illustre largement.

Qu’il me suffise pour cela de rappeler comment à l’époque coloniale, l’occupant français a soutenu et alimenté le régionalisme, l’opposition entre les fils dits du ‘’Nord’’ et ceux dits du ‘’Sud’’, dans sa politique de ‘’diviser pour régner’’ et son exploitation des ressources naturelles et humaines, aboutissant à l’enrichissement de la métropole mais à l’appauvrissement de la colonie du Dahomey. On peut en dire autant du piétinement économique et des bonds en arrière politiques que nous ont imposés les oppositions régionalistes sanglantes de 1963 ou les agitations sécessionnistes autour des élections départementalisées de 1970. Et si le régionalisme a semblé disparaître pendant la période dite révolutionnaire, ce n’était qu’une illusion. De fait, comme un volcan en sommeil, enfoui sous les roches pesantes de la dictature, il s’est brutalement réveillé à la faveur des libertés démocratiques et du pluralisme politique retrouvés après la Conférence nationale de février 1990. Et on en voit les multiples manifestations aujourd’hui dans notre pays, au point qu’il n’est pas nécessaire de citer des exemples spécifiques.  

Dans tous les cas, aujourd’hui comme hier, il est clair que le régionalisme est fondamentalement étranger aux populations à la base. Ce ne sont pas elles qui le suscitent. Ce sont surtout les femmes et les hommes politiques qui  le sèment, l’alimentent auprès des populations et l’érigent en fonds de commerce électoral pour satisfaire leurs ambitions personnelles et égoïstes de pouvoir, synonyme de promotion sociale rapide hors de toutes normes.

Et ce n’est pas vous ici présents, chers amis étudiantes et étudiants, qui me direz le contraire. En effet, partie essentielle de la jeunesse de notre pays, pleins d’enthousiasme dans l’action mais inquiets face aux perspectives d’avenir, vous êtes souvent les premières victimes de ces marchands de rêve sans scrupules, qui n’hésitent pas à vous utiliser à de basses besognes.

Contre ces errements, contre ces pratiques de perdition de la nation, je dis haut et fort que nous devons cultiver l’excellence, une sorte de méritocratie qui mette rigoureusement l’homme qu’il faut à la place qu’il faut, qui récompense chacun à la mesure de ses performances au service du développement du pays. Tout cela, sans aucune considération de provenance régionale, d’appartenance ethnique, de croyance religieuse, etc.

Mesdames et Messieurs,

Pour ma part, j’ai l’intime conviction et j’affirme qu’au lieu de constituer un facteur d’opposition et de division, la diversité qui caractérise notre peuple dans les langues, coutumes et cultures de ses composantes mais aussi notre pays dans ses différentes potentialités naturelles, devrait être un stimulant, un enrichissement  pour la promotion de notre bien-être commun. Que nous soyions ressortissants du Nord ou du sud, de l’Est ou de l’Ouest, que nous professions une foi chrétienne, musulmane, de culte endogène ou autre, que nous habitions la ville ou la campagne, nous sommes tous Béninois. L’histoire en a voulu ainsi et nous devons désormais assumer ensemble notre destin commun dans une clairvoyante approche de l’acceptation de nos différences. Nous devons nous engager résolument à vivre les uns par et pour les autres selon le principe ‘’un pour tous, tous pour un’’.

Car, comme l’a si justement dit Barack Obama dans son célèbre discours de Philadelphie le 18 mars 2008, je cite : « Nous ne pourrons résoudre les défis de notre époque si nous ne les résolvons pas ensemble, si nous ne perfectionnons pas notre union en comprenant que nous pouvons avoir des histoires différentes, mais que nous entretenons les mêmes espoirs ; que nous pouvons avoir un aspect différent et ne pas tous venir du même endroit, mais que nous voulons tous aller dans la même direction, vers un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits-enfants » Fin de citation.

Chers compatriotes,

C’est à ce sursaut patriotique que je vous appelle. J’y crois. Et nous savons qu’il a fait la réussite et la grandeur de bien des pays, de bien d’autres peuples. Ainsi, en puisant dans leurs multiples facettes, dans la grande diversité de leurs peuples, des pays et entités comme les Etats-Unis d’Amérique, le Brésil, Dubaï se sont imposés sur la scène internationale comme des puissances à des titres variés.

Oui, des peuples se sont développés en rassemblant et en conjuguant leurs forces dans leur diversité.

Les Béninois le peuvent aussi !

Nous devons en faire le pari !

Ici et maintenant !

Vive la Renaissance du Bénin au service du bien-être de toutes les populations du Bénin !

Vive le Bénin !

Je vous remercie.

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