L’inspecteur de l’enseignement secondaire, dramaturge et auteur de l’ouvrage «Le gong a bégayé», un recueil de deux pièces de théâtre inscrit au programme en classe de Seconde, était l’invité du club d’animation littéraire samedi dernier à l’auditorium de l’Institut français du Bénin à Cotonou où, il a parlé de son entrée dans le cercle des écrivains et de ses œuvres.
Jamais le gong ne doit bégayer entre les mains du Kpanlingan, « le griot» et la langue lui fourcher dans le royaume de Danxomè. Et pourtant cela, s’est produit dans «Le gong a bégayé », un recueil de deux pièces de théâtre dont l’auteur Apollinaire Agbazahou, inspecteur de l’enseignement secondaire, présent à l’auditorium de l’Institut français du Bénin à Cotonou, 26 avril dernier. Il a livré aux amis lecteurs du club d’animation littéraire et culturelle, tenu chaque dernier samedi de mois par l’Association Aiyé culture, les secrets de son entrée dans le cercle des écrivains béninois. Enseignant de Français devenu inspecteur de l’enseignement du second degré, ancien Directeur départemental de l’éducation et ancien Président du Conseil d’administration du Festival international du théâtre du Bénin (Fitheb), il avait tout voulu sauf faire éditer ses nombreuses pièces qui ont alimenté les journées culturelles dans les collèges et lycées du Bénin. Mais c’était sans compter avec la détermination de ses anciens élèves, avec à leur tête, Daté Atavito Barnabé-Akayi -écrivain et enseignant lui aussi- qui vont le bousculer et obtenir la publication de ses inédites pièces. S’ayant finalement fait à l’idée de ne pas pouvoir se soustraire à son destin d’écrivain, il apprend, «Je fais une littérature de nécessité». Autrement dit, explique l’inspecteur, « je suis devenu écrivain par obligation professionnelle ». En effet, face au désintérêt de ses apprenants à la lecture, l’enseignant du Français qu’il était, passait le clair de son temps à écrire des pièces qu’il représentait avec ses élèves lors des journées culturelles. Ceci, indique-t-il, « pour amener les élèves à s’intéresser à la lecture, à la chose culturelle » ; une sorte de « pédagogie par le théâtre» ajoutera-t-il. « Le gong a bégayé » pièce très aimée, éponyme de son recueil de pièces au programme, en est le fruit. Tout comme «La bataille du trône », la seconde pièce dans laquelle il met en scène le penchant effréné que les hommes ont pour le pouvoir. Le pouvoir, seule obsession des générations qui s’affrontent pour en être détentrices. Mais l’écrivain qu’il est, a un leitmotiv, celui de démystifier la littérature, en écrivant non pas des ouvrages à la taille d’encyclopédie, mais de petits textes faciles à dévorer qui traiteront de «la jeunesse, de la vertu et de la pédagogie.»
Le gong a bégayé : plaidoyer pour une histoire danxomenou décomplexée
Les secrets de «Le gong a bégayé»
«Le gong a bégayé» est une œuvre d’anthologie reconnue par les universitaires béninois. Elle a une portée qui embrase non seulement le champ de la littérature dramatique, mais aussi de l’histoire, la vraie qui dit la vérité des choses déformées dans des textes exotiques. En lieu et place des actes, toute la pièce n’est que symboles. Six au total. L’auteur s’en explique, « J’ai écrit la pièce dans une série de six symboles, tout simplement parce que dans le royaume d’Abomey, tout est symbolique et il faut savoir ouvrir les yeux et les oreilles pour pouvoir les interpréter à travers les mots. » Quand on met pied à Abomey, la cité historique du Bénin, ex-Dahomey du nom du royaume Danxomè, s’émerveille l’inspecteur Agbazahou, « On est dans une forêt de symboles ». Dans les palais royaux, à priori havre de paix, où il s’est aussi rendu pour se ressourcer, se déroule un combat insoupçonnable, un choc entre tradition et modernisme. Un choc si élastique qui a provoqué le sacrilège du bégaiement du gong, mais à l’effet duquel la tradition, telle une forteresse n’a point cédé et dont il faut être fier selon l’auteur. Dans le livre, il le dira aussi à son professeur et ami Guy Ossito Midiohouan présent samedi dernier «La folie de sa culture et l’audace de s’exposer, c’est le prix à payer pour le triomphe de la distinction identitaire».
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