Axe ferroviaire Cotonou-Niamey : la Preuve que le Groupe Petrolin a toujours joué sa partition

Le débat de la soirée d’hier sur la chaine de télévision privée, Canal 3 Bénin, a porté sur le dossier du projet de réhabilitation et de construction du chemin de fer Cotonou-Niamey. 

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Les invités : Me Abdon Deguenon et Lazare Gnonlonfin, respectivement Expert juridique et consultant auprès du Groupe Petrolin de l’homme d’affaire béninois Samuel Dossou. Ils ont expliqué le rôle joué par le groupe Petrolin, le chemin parcouru et ce qui est attendu du gouvernement béninois pour permettre à cet opérateur économique de sécuriser investissements. 

La construction-réhabilitation du chemin de fer Cotonou-Niamey est l’une des composantes de l’Epine Dorsale initiée par l’homme d’affaires Samuel Dossou Aworet. Le projet comprend également la construction d’un port en eau profonde à Sèmè-Pdji, les ports secs à Parakou et Dosso et un aéroport à Kraké : frontière Bénin-Nigeria. Il a fait l’objet d’une convention cadre entre l’Etat béninois et le groupe Petrolin, dont la filiale PIC Network a été créée pour gérer le volet infrastructurel du projet.  Cette convention cadre définit, selon Me Abdon Deguenon, les conditions générales, économiques, juridiques et fiscales d’exécution du projet Epine Dorsale. Dans cet accord, il est confié au groupe Petrolin la réhabilitation et l’extension de la voie ferroviaire. Le document précise, ont rapporté les invités d’André Dossa, que les droits et garanties y définies bénéficieront aux promoteurs, partenaires, sociétés d’exploitations et affiliés et aux bailleurs de fonds du projet.  En 2008, les gouvernements béninois et nigérien ont lancé un appel d’offres international auquel a souscrit le groupe Petrolin et même le groupe Bolloré. Il s’agit de  l’appel d’offres bi-étatique (Bénin-Niger) N° 5498/mdcttp-pr/mtac/dc/sg/ocbn du 04 août 2008 relatif à la réhabilitation, la construction et la gestion du réseau ferroviaire Cotonou-Dosso-Niamey.

Le groupe Petrolin a été sélectionné.  Son choix lui a été notifié par la lettre bi- bi-étatique d’adjudication en date du 22 juillet 2010.  Cela devrait être suivi par la signature de la convention de concession de l’Organisation commune Bénin-Niger (Ocbn). Mais six après, rien n’y fit. Cependant, l’initiateur et promoteur du projet, le Groupe Petrolin n’est pas resté les mains croisées.  Le groupe a commandité l’audit technique  de la voie ferroviaire Cotonou-Parakou et l’étude technique de faisabilité de Parakou-Niamey, via Dosso. L’étude financière a aussi été réalisée. Tout ceci par les plus grandes compétences en la matière.

Comment Bolloré est entré dans la danse 

Depuis la signature de la convention cadre entre l’Etat béninois et  Petrolin, son promoteur Samuel Dossou a multiplié les initiatives pour jouer sa partition en vue de la concrétisation du projet. C’est du moins ce qu’ont démontré hier sur le plateau de Canal 3 les deux porte-voix du groupe. Mais pourquoi l’entrée en scène du groupe Bolloré dans le projet ? En octobre 2013, les autorités des pays concernés par la boucle ferroviaire Cotonou-Abidjan se sont réunies pour relancer le projet. Un mois plus tard, la voie ferroviaire Cotonou-Niamey était au cœur d’une visite au Bénin du chef d’Etat nigérien Mahamadou Issifou. Il a été suggéré par les chefs d’Etat que soit associé au projet un partenaire stratégique, notamment le Groupe français Bolloré. Cette suggestion a été acceptée par l’opérateur Samuel Dossou. L’option de partenaire stratégique étant déjà prévue dans la convention cadre liant son groupe à l’Etat béninois.  A l’issue du séjour béninois de Mahamadou Issifou en novembre 2013, un Mémorandum d’Accord a été signé entre le Bénin et le Niger sur la réalisation de ce projet.  Mais le groupe Petrolin, adjudicataire de l’appel d’offre bi-étatique a été relégué au second plan, on ne sait pour quelle raison. En effet, il est envisagé la création d’une société multinationale au capital de soixante-dix milliards de francs Cfa dont 10% pour chacun des deux Etats, 20% pour leur secteur privé respectif et 40% pour le partenaire stratégique, en l’occurrence, le groupe Bolloré. Au Bénin, les 20 % reviennent donc au Groupe Petrolin. Mais devrait-on ne consacrer que 20% à celui qui a démontré toutes ses aptitudes techniques et financières en gagnant l’appel d’offres international bi-étatique ? Selon Me Abdon Deguenon, la convention cadre définit le terme « partenaire stratégique » comme un partenaire retenu dans chaque société d’exploitation. Ce partenaire doit avoir «…une connaissance particulière de l’infrastructure, du secteur considéré et qui se verra reconnaitre une influence particulière sur la gestion ou l’exploitation » de cette société. « Le partenaire stratégique n’est pas un super partenaire qui vient phagocyter celui qui était déjà dans le système et avait un droit acquis », a-t-il insisté. 

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Ce locataire qui veut devenir propriétaire

Selon Me Abdon Deguenon et Lazare Gnonlonfin, le Groupe Bolloré donne l’impression de vouloir faire solo et ravir la vedette à Petrolin, l’initiateur du projet. Le groupe français pose des actes qui amènent à se demander s’il agit dans son statut de partenaire stratégique ou comme l’actionnaire unique du projet. Les autorités gouvernementales béninoises ne sont pas non plus, exemptes de reproches. D’abord, depuis un moment, les documents officiels présentés aux bailleurs de Fonds laissent croire que seul le Groupe Bolloré a en charge la réalisation du projet. Ensuite, les hôtes d’André Dossa ont raconté que des ministres béninois devraient se rendre à Paris pour négocier les conditions de création de la multinationale dont il est question dans le Mémorandum de Cotonou. Au départ, Petrolin n’a pas été associé à cette étape importante. Il a fallu « la croix et la bannière » pour que les représentants du Groupe soient reçus à Paris. Enfin, dans un récent communiqué,  le gouvernement nigérien a annoncé qu’il sera procédé, ce 7 avril à Niamey, au lancement des travaux de construction du chemin de fer Niamey-Parakou. Le même exercice se fera au Bénin, à Parakou le lendemain. 

Le gouvernement béninois en a fait cas lors du Conseil extraordinaire des ministres du mardi 1er avril. Le Groupe Petrolin, acteur majeur de premier rang du projet n’a pas été informé. En tout cas, pas officiellement, selon Me Abdon Deguenon et Lazare Gnonlonfin. 

Patriote « vrai vrai »

Malgré tout, il n’y a pas encore péril en la demeure. Et le Groupe Petrolin dit toujours fait acte de patriotisme.  Le projet Epine Dorsale, surtout, les rails lui tiennent à cœur. C’est d’ailleurs pourquoi, le Groupe n’a pas hésité en engager plusieurs milliards dans les travaux de construction du port sec de Parakou. La fin des travaux est d’ailleurs attendue pour juin 2014.  Des rencontres de clarifications, de précisions et de conciliations ont déjà été organisées entre les deux groupes : le béninois Petrolin et le français Bolloré. Les responsables de Petrolin espèrent que la partie française comprendra désormais quel doit être son rôle dans la mise en œuvre du projet. Convaincus que « la qualité de leur groupe n’est pas du tout mise en cause », ils avancent que la vocation des deux groupes n’est pas d’aller à un contentieux. Et la décision des chefs d’Etat ne met pas en cause le projet Epine Dorsale. Mieux, l’objectif de Petrolin n’est  pas de mettre à mal le projet en allant à un procès.  Le Petrolin rappelle avoir déjà créé le cadre adéquat pour que le Groupe Bolloré vienne y dépenser son énergie en qualité de partenaire stratégique. Tout ce que Samuel Dossou et son empire demande : « Que le Groupe Petrolin puisse être protégé et que le projet soit réalisé avec célérité » pour le bonheur de l’économie béninoise.

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