Bénin : qui a dit la diplomatie aux diplomates?

Le Bénin renouera t-il un jour avec une gouvernance normale? C’est une question qu’on est en droit de se poser depuis l’avènement au pouvoir de Monsieur Boni Yayi et son équipe de prédateurs apatrides. Bien malin qui pourrait répondre par l’affirmative.

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En observant la façon dont les choses se passent depuis huit années, il y a  fort à  parier que la gouvernance actuelle nous éloigne un peu plus chaque jour de la norme admise dans tous les pays. Tous les secteurs de la vie nationale y passent. Les diplomates, restés longtemps silencieux face à la violation en douceur de leurs textes par le Président de la République ont finalement décidé de donner de la voix.

La gestion scandaleuse des ressources humaines

Le Président Boni Yayi et son régime ont battu le record de la gestion incohérente et scandaleuse des ressources humaines de l’Etat. Jamais Président de la République de notre pays n’a affiché autant de mépris pour la gestion des Hommes. Les faits sont là et parlants. Les résultats aussi, catastrophiques. Seuls ceux qui en profitent y croient fermement et souhaitent ardemment que cela dure encore plus longtemps. Non contents de faire du critère régionaliste le premier critère de la nomination à des fonctions de notre administration, le Chef de l’Etat donne dans la provocation. On se demande comment un régime qui prône l’émergence peut procéder à ces nominations qu’il n’est pas utile de citer ici. Tellement les cas sont légion de personnes nommées à des fonctions de direction qui n’ont ni le profil requis, ni l’expérience exigée par les textes et qui sont simplement placés à la tête d’autres cadres, plus expérimentes, plus compétents qu’eux. Ayant longtemps servi à placer des amis, proches et autres thuriféraires du Chef de l’Etat, le secteur de la diplomatie se trouve aujourd’hui saturée par ces nominations fantaisistes et scandaleuses que le Président de la République multiplie au nez et a la barbe de ceux qui ont été formés d’animer ce secteur stratégique.

La violation des textes, la norme et leur respect l’exception

Les diplomates ne savent plus à quel saint se vouer sous le régime de la refondation. Ils assistent pantois et ahuris à des nominations d’ambassadeurs et cadres, en dehors de leur profession, pour servir dans les chancelleries de notre pays a l’étranger. Si sous les Présidents Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou, la chose était à peine perceptible en raison des efforts faits pour respecter le quota  fixé par les textes, sous l’actuel Chef de l’Etat et comme on peut l’imaginer aisément, les limites de l’inacceptable ont été franchies. Plus pernicieuse encore est la nomination de nos compatriotes de la diaspora, qui par des acrobaties dont le Chef de l’Etat et eux ont le secret, arrivent à se faire nommer aux fonctions d’Ambassadeurs  dans leur pays de résidence. On connaissait déjà les cas de la France, du Japon, de la Russie et peut être bien d’autres qui ne sont pas en vue. La dernière nomination de Omar Arouna comme Ambassadeur a Washington a contribué à accentuer le malaise au sein la diplomatie. Cette nomination dont certaines sources révèlent qu’elle avait suscité la réticence des autorités américaines sonne la mobilisation au sein des diplomates en même temps qu’elle soulève de sérieuses inquiétudes quant à ce que le Président de la République veut faire de la diplomatie béninoise et des chancelleries béninoises à l’étranger.

Quelle mission pour les Représentations du Bénin à l’extérieur?

Avec ces nominations et celle de certaines personnalités de rang moindre que sont certains Conseillers et Secrétaires parachutés de l’enseignement primaire ou d’autres ministères et même de la société civile dans nos ambassades, on se demande quelle mission on assigne désormais à la diplomatie béninoise. Récemment, on a appris que des diplomates, notamment ceux que les tenants de la profession eux-mêmes appellent “allogènes”, se sont livres a des trafics de produits prohibés dans les pays de leur juridiction. L’affaire a fait grand  bruit et s’est avant d’être classée  sans suite, parce que disait-on, le Chef de mission, lui-même allogène, serait au coeur du trafic. Ce qui est clair pour les diplomates de carrière et les observateurs de l’image de notre pays a l’extérieur, c’est que le Benin est maintenant sur la pente des pays qui ne respectent pas les normes ni en matière de pratiques diplomatiques encore moins dans les activités visant a vendre l’image du pays.

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Pour justifier la nomination de Monsieur Omar Arouna au poste de Washington, certains défenseurs des causes difficiles ont indiqué que ce dernier est un habitué des Lobbies américains, des qualités qu’il pourrait mettre au profit de la diplomatie de son pays. Il faut en effet être naïf pour penser que la seule connaissance du système américain de lobbying suffit  pas  pour faire  de quelqu’un un bon diplomate. Tout dépend de l’objectif qu’on veut atteindre en nommant la personne et dans le cas qui nous interpelle, cela n’a rien a voir avec les intérêts du Benin et du peuple béninois, si ce n’est pour des motivations propres à celui qui l’a nommé. De plus, la nature des relations de coopération entre notre pays et les Etats-Unis ne plaide pas en faveur d’une telle justification tant nous nous sommes éloignés, par notre gouvernance désastreuse, des principes qui guident la diplomatie américaine et qui ont noms: respect des principes démocratiques, respect des libertés, compétition saine, transparence dans les marchés publics, respect des droits de l’Homme, pour ne citer que les plus importants. Il est souhaitable que les deux prochaines années passent et que le Président Boni Yayi s’en aille pour laisser la gouvernance de notre pays à des femmes et hommes plus soucieux de l’intérêt de notre pays plutôt  que celui  égoïste qui consiste actuellement à satisfaire des amis, proches et lointains, au détriment du positionnement méthodique des professionnels du métier. Le monde nous regarde et le peuple béninois mérite mieux que ce à quoi nous assistons depuis plusieurs années.

Pour l’heure, il appartient aux diplomates de défendre leur profession contre les attaques d’un Chef d’Etat qui peine a respecter les textes de la République.

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